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rience, ces cubes foient exactement réduits entr'eux à de pareilles dimenfions, & rien n'eft fi difficile que de parvenir à cette précision quand on fe fert de bois verd comme dans cette occafion; enfin une gélivure, une roulure, une cicatrice, un noud, &c; tout cela dérange abfolument l'expérience.

J'ai néanmoins effayé d'exécuter avec foin ces expériences; elles m'ont à la vérité perfuadé que le bois de la circonférence se retire plus en fe féchant, que le bois du centre; mais c'étoit d'une façon fi peu fenfible, que je n'oferois prefque affurer cette vérité, fi elle ne fe trouvoit pas confirmée par quantité d'observations qui fe trouveront répandues dans tout ce Chapitre, & dont je vais préfenter quelques-unes.

Peu fatisfait des expériences dont il eft ici queftion, je pris fix rondins de Chêne de 12 ou 14 pouces de diametre, qui avoient été écorcés tout verds, & qu'on avoit tenus dans un lieu fec, pour qu'ils fe defféchaffent plus promptement.

Je mefurai les diametres de ces fix rondins, & j'en conclus une groffeur moyenne : je mefurai de même toutes les fentes de ces fix rondins, dont je conclus auffi une ouverture moyenne prise à la circonférence; cette fente faifoit à peumoyenne près un douzieme de la circonférence moyenne, parce qu'elle fe terminoit à rien vers le centre des rondins.

D'où je conclus que la contraction des couches ligneufes eft en même raifon que l'humidité qu'elles contiennent, & en raison renversée de leur denfité, fans cependant être proportionnelle ni à l'humidité ni à la denfité : c'est-à-dire que, là où il y a plus d'humidité & moins de denfité, il y a plus de contraction. Mais de ce que dans un endroit il y auroit, par exemple, un tiers plus d'humidité, ou un tiers moins de denfité que dans un autre, il ne s'enfuit pas pour cela qu'il y auroit un tiers plus de contraction. En effet, fi dans un morceau de bois fec, la contraction augmentoit en raison renversée, & proportionnellement à la denfité, un pouce - cube du bois pris vers la circonférence, devroit autant pefer qu'un poucecube du bois du centre, ce qui n'eft pas. Ainfi, tout ce que l'observation apprend, c'eft qu'à la circonférence d'un rondin

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où eft la plus grande contraction, le bois fe retire à peu-près

d'un douzieme.

Quand on voit les fentes s'anéantir entiérement au centre, on en conclut qu'il n'y a point de contraction à cet endroit; jufques-là tout eft d'accord avec le cylindre de glaife que nous avons pris pour comparaifon, à cela près que, fuivant notre hypothese, la fente du cylindre de glaise n'avoit dans fa plus grande ouverture qu'un vingt-quatrieme de la circonférence; au lieu que, fuivant notre observation, elle feroit dans un cy

lindre de bois d'un douzieme de la circonférence.

Mais les couches intermédiaires fuivent-elles dans leur contraction le même ordre que nous y avons fuppofé? C'eft ce que je ne fuis pas encore en état de prouver exactement par des expériences: peut-être y parviendrai-je dans la fuite; en attendant, je ferai enforte de trouver dans la théorie les lumieres que l'expérience me refuse.

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Le centre des rondins eft le moins fufceptible de contraction; cela eft prouvé ; donc le bois le plus vieux, le plus anciennement formé, eft le moins fufceptible de contraction. Le bois de la circonférence eft celui qui fe contracte le plus ; donc c'est le bois le plus jeune qui eft le plus capable de contraction. D'après cela, n'eft-il pas naturel de penfer que contraction des couches ligneufes eft proportionnelle à leur âge, mais en fens contraire; de forte que la plus jeune couche eft la plus contractile; celle qui fuit & qui eft plus ancienne eft moins contractile, & ainfi des autres jufqu'au centre; ce qui feroit une diminution uniforme de contraction, depuis le centre jufqu'à la circonférence; & c'eft cette nuance que j'ai effayé d'imiter par les différentes couches de glaife dont j'ai imaginé que devoit être compofé mon cylindre.

Je dis donc : les fibres ligneufes deviennent moins capables de contraction, à mesure qu'elles deviennent plus bois; à proportion qu'elles approchent plus du centre, elles deviennent de plus en plus ligneufes, jufqu'à ce que l'arbre commence à s'altérer de vieilleffe, & à tomber en retour; ainfi il faut nécessairement que les couches ligneufes foient d'autant moins

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fufceptibles de contraction, qu'elles feront plus anciennement

formées.

Enfin, fi l'on examine avec attention beaucoup de gros bois, & fur-tout des rondines, on verra que les fentes approchent affez de la figure que nous avons déterminée.

On fent bien que pour juger de la figure de ces fentes, il faut, 1o, que l'arbre foit gros; 2°, que la fente foit grande; 3°, qu'elle foit unique, comme dans la Pl.XVI, figure 6; car s'il ya (comme cela arrive ordinairement) de petites fentes à la circonférence qui ne s'étendent pas jufqu'au coeur, telles qu'en cc, figure 5, la grande fente en fera diminuée d'autant, & feulement vers la circonférence; 4o, que le bois ne foit pas gras; car ces bois font moins fufceptibles de contraction, & font plus uniformes au centre & à la circonférence, que ne le font les bois forts; 5°, il faut qu'il ne fe trouve ni nœuds, ni roulure, ni retour, ni double aubier, ni couronne de bois dur; car tous ces accidents changent la forme des fentes. §. 5. Ce qui arrive au bois lorfque les couches extérieures fe deffechent avant les couches intérieures.

J'AI fuppofé jufqu'à préfent que les couches ligneufes ou les tranches a b c d d'un cylindre, (Pl. XVI. fig. 3), fe defféchoient également dans un même efpace de temps; il eft cependant prefque impoffible que cela arrive ainfi; car c'est le vent, le foleil, l'air chaud & fec qui caufent le defféchement : les tranches extérieures y étant plus expofées, il faut donc qu'elles perdent les premieres de leur humidité, & qu'elles fe contractent, tandis que celles qui feront vers le centre, refteront dans l'état où elles étoient. Examinons ce qui doit en ar river.

La tranche a (Figure 3), tendra à fe contracter, pendant que la tranche b confervera fon premier volume : la tranche a fera donc effort pour gliffer fur la tranche b.

Si la force d'union ou de cohésion des fibres ligneufes qui compofent la tranche a, eft supérieure à la force de contrac

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tion de cette tranche, il n'arrivera point de fente jusqu'à ce que quelque caufe extérieure rompe cet équilibre.

C'eft-là ce qui fait que, quand on laiffe tomber fortement fur un corps dur une piece de bois qui eft parvenue à un certain degré de defféchement, ou quand on la frappe avec une maffe, on la voit quelquefois s'ouvrir & s'éclater fubitement. Mais quand les couches fe font defféchées à un certain point, la force de contraction prend ordinairement le deffus fur celle de cohésion ; & alors il fe forme une fente.

C'est quand cette fente s'ouvre, que la tranche a fait principalement effort pour gliffer fur la tranche b.

Dans les bois de bonne qualité, l'union de la tranche a, avec la tranche b, eft ordinairement fupérieure à la force de cohésion des fibres qui forment la tranche b; alors la tranche a exerçant fa force de contraction fur la tranche b, elle la fait ouvrir; & de proche en proche, la fente parvient quelquefois jufqu'au centre, comme on le peut voir dans la Figure 6.

On conçoit bien qu'en pareil cas, les tranches b, c,d, &c, (Figure 3), ne fe fendent point par leur propre contraction, mais parce qu'elles font entraînées par la tranche a qui eft celle qui fe contracte le plus ; & comme cette tranche a, eft capable de la plus grande contraction, il doit en résulter une fente très-ouverte, & qui le fera d'autant plus que le centre reftant chargé de feve, la contraction ne peut s'exercer vers lui, en fuivant la direction du racourciffement des rayons.

Mais dans la fuite, la feve du centre fe diffipera, la contraction s'exercera en ce fens, & les fentes fe refermeront fenfiblement : c'eft une obfervation que j'ai faite plufieurs fois, surtout fur les bois que j'expofois à un prompt defféchement : on voit alors l'ouverture des fentes diminuer fenfiblement, & à mefure que les bois continuent à se deffécher.

Je demande qu'on fasse attention que les fentes ne fe referment pas entiérement lorsque les billes font tout-à-fait defféchées, ce qui arriveroit fi la contraction étoit la même au centre & à la circonférence; & cela démontre à merveille l'inégalité de l'évaporation de la feve dans les différentes cou

que

pas

ches, n'eft la feule caufe des fentes, comme quelques-uns le penfent.

Enfin, dans les bois qui ont quelque froiffure ou quelque difpofition à la roulure, la force de contraction de la tranche a, & la force de cohésion de la tranche b, font fupérieures à la force qui unit la tranche a avec la tranche b; alors la tranche a fe féparera de la tranche b; & elle se contractera en glisfant fur la tranche b, fans que rien s'y oppose.

C'eft ainfi que fe forment ces fentes en zigzag, qui font repréfentées dans la figure 3, & qui endommagent fi fouvent les bois : les Potiers de terre éprouvent fouvent ces accidents, qui font tomber leurs ouvrages par pieces.

Il arrive très - fréquemment, que quand ces fentes qui fuivent la direction des couches annuelles, font près de la fuperficie, la portion du rondin qui eft entre la fente & la circonférence du cylindre, quitte le bois qu'elle recouvroit & fort en dehors, en faisant une affez grande ouverture. Après ce que nous avons dit plus haut, il me fuffit d'avertir que c'eft encore là un effet de la contraction des couches extérieures, plus grande que de celles qu'elles recouvrent.

Les bois parfaits font rarement endommagés par ces fentes en zigzag, parce que la force de l'adhérence des couches ligneufes les unes aux autres, eft plus confidérable que la force de cohéfion qui unit les fibres dont ces couches font formées; enforte qu'il faut plus de force pour fendre un morceau de bois dans le plan des cercles, que par celui des lignes qui les coupent en tendant de la circonférence au centre; c'est-à-dire, dans le fens des mailles c; & l'on aura plus de peine à fendre le morceau de bois ( Pl. XVI. fig. 4), fuivant la ligne a fuivant la ligne cd. Les Fendeurs de lattes ont fans doute bien reconnu cette différence; car ils commencent par faire des levées de la largeur de leurs lattes de e en f, qu'ils refendent enfuite de l'épaiffeur que ces lattes doivent avoir, fuivant la direction g h & ik; de cette façon ils réfervent le fens le plus favorable à la fente pour le temps où ils en ont le plus de befoin. Il y a encore d'autres raifons qui peuvent les engager

b

que

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