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imprimé à leur fiècle ce grand caractère qui les diftingue de tous les autres ont aimé les Arts & honoré les Artiftes. Perfonne n'ignore quel refpe& Alexandre avoit pour Homère; ce fut par une forte de culte pour ce grand homme que le conquérant de l'Afie fit fervir la précieufe caffette de Darius à renfermer l'Iliade. Au fac de la ville de Thèbes, il ordonna que la maison & la famille de Pindare fuffent respectées. Lorsqu'il voulut qu'Aristote composât l'histoire des Animaux, non-feulement il lui fit parvenir des fommes confidérables, mais il lui envoya une infinité de chaffeurs & de pêcheurs qui avoient ordre de lui fournir tout ce qui pourroit contribuer à fes observations. Le même Prince honoroit Apelle, Praxitele & Lyfippe d'une eftime & d'une bienveil lance toute particulière,

Si nous portons nos regards fur Augufte, nous verrons qu'il fut à peine paifible poffeffeur de l'Empire, qu'il s'occupa de l'embelliffement de Rome, Il fit fervir les plus beaux monumens de la Grèce à la décoration des Temples & des autres édifices pu blics; il fit plus, il appella à Rome les meilleurs Artistes Grecs; il ordonna que les ftatues des grands hommes de la nation fussent placées dans le Portique. Il fit conftruire près du Temple d'Apollon deux magnifiques Bibliothèques, l'une pour les ouvrages Latins, & l'autre pour les Grecs. On érigea, dans cette dernière, une ftatue coloffale d'Apollon d'environ quarante-cinq pieds de hauteur, par où l'on peut juger de la grandeur & de l'immensité de ces édifices. Tant de fuperbes ouvrages entrepris & exécutés sous Auguste lui méritèrent le titre de créateur de Rome, & c'étoit avec raison qu'il se glorifioit d'avoir converti en marbre & en or une ville qu'il avoit trouvée toute de brique. L'impulfion qu'Augufte avoit fu donner à fon fiècle fe communiqua à quelques-uns des fiècles fuivans; on vit encore briller de loin en loin quelques étincelles du feu qu'il avoit allumé, mais bien-tôt il s'éteignit tout-à-fait. Après les règnes heureux de Trajan, d'Ha▾ drien, des Antonins, l'Hiftoire ne nous offre plus qu'un spectacle de défaftres & de barbarie; les Arts oubliés, ou plutôt anéantis, firent place à l'ignorance & à la fuperftition dont le règne fut bien plus long que ne l'avoit été celui des lumières.

Enfin parurent les Médicis & avec eux un nouvel ordre de choses; mais fi Cofme prépara le fiècle de la renaissance des Arts, fi Léon X dut à des circonftances heureufes, & fur- tout à fon rang, la gloire d'avoir donné fon nom à ce beau fiècle, il n'en eft pas moins vrai que Laurent a été le principal auteur de la grande révolution. Il s'empreffa d'accueillir les Savans, les combla de bienfaits, fit ouvrir les entrailles de la terre pour en retirer les chef-d'œuvres du ciseau Grec qui y étoient enfermés, donna ordre de raffembler de toute part les richeffes littéraires qu'on pourroit trouver, ainfi que les monumens antiques échappés aux outrages du temps & à la fureur des barbares. Jamais les Arts ne trouvèrent un plus digne protecteur; Florence devint une autre Athène; l'Italie même recouvra fon ancienne fplendeur, & Laurent de Médicis mérita le titre de Magnifique & de Père des Lettres (1).

Des guerres domeftiques & étrangères vinrent troubler un fi heureux gouvernement, & livrérent au pillage des trésors en tout genre, qui n'eurent d'autre prix aux yeux des brigands qui s'en emparérent, que de pouvoir être échangés contre de l'or, Ce fut fans doute à la fuite de ces guerres funeftes que la fuperbe Cornaline dont il eft ici question paffa en France avec d'au tres effets précieux. On y lit le nom de fon augufte poffeffeur, écrit avec abbréviation, comme fur plufieurs autres monumens antiques du Cabinet de ce Prince. La bizarrerie qu'on remarque dans la manière dont la lettre R eft féparée par un point du mot auquel elle appartient a fait conjecturer que Médicis vouloit affecter par-là le titre de Roi; observation puérile & à laquelle le caractère de ce grand-homme ne permet pas qu'on s'arrête.

LA FIGU

A FIGURE gravée, pl. 15, eft vraisemblablement un portrait; les cheveux en font traités avec élégance & légèreté ; le vêtement, qui en eft fort remarquable, eft affez femblable à celui de

(1) Vie de Laurent de Médicis par Valori.

Sélené fur une de fes médailles (1); la gravure de cette belle Cornaline eft fi parfaite quelle ne peut être attribuée qu'à un Artiste Grec,

LA FIGURE fuivante, pl. 16, eft auffi un portrait. Quoique la gravure en foit fort précieuse, on y défire néanmoins cette pureté de deffin & cette noble fimplicité qui caractérise les productions des Anciens. On ne connoît ni chez les Grecs, ni chez les Romains de coëffure femblable à celle-ci : d'ailleurs cette manière recherchée de difpofer les cheveux autour de la tête n'annonce rien moins qu'un ouvrage antique. On a vu dans cette figure une Junon; mais font-ce là les beaux & grands yeux qu'Homère donne à Junon, & qu'y a-t-il de commun entre des formes & des traits qui n'ont rien de grand ni d'idéal, & la majesté qui convient à l'épouse du Maître des Dieux?

Il est vrai que le même homme de Lettres qui avoit porté ce jugement (2) avoit pris pour un Diadême l'ornement qui paroît au deffus du front, dans les cheveux, & qui fert peut-être à les retenir. Nous fommes honteux de nous arrêter à des observations qui peuvent paroître minutieuses, cependant puisqu'il fe trouve des Artistes & même des Gens de Lettres qui ont de fi fausses notions du Diadême, nous ne craindrons pas de répéter ici ce qu'on a déja dit plus d'une fois (3). Le Diadême n'étoit autre chofe qu'un bandeau qu'on nouoit autour de la tête; ordinairement il étoit blanc, fes extrémités tomboient fur le cou, fa forme eft conftante fur les Monumens, particulièrement fur les médailles de Rois; on le regardoit comme le fymbole de la Royauté, ce qui l'avoit rendu un objet d'horreur pour les Romains.

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LA BEAUTÉ du travail & l'étendue de la Cornaline gravée planche 17, nous ont paru mériter l'attention des Amateurs & nous ont déterminés à la publier, quoiqu'il nous ait été impoffible de favoir à qui appartenoit la tête qui y eft représentée & qui n'a d'autre attribut qu'une couronne composée, non de roses, comme on l'a dit, mais plutôt de feuilles & dẹ fruits de frêne.

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