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d'œuvre de la Sculpture & de la Peinture en les rendant le falaire des délateurs, & qui, loin d'encourager les talens, étouffoit le germe du génie par fes rapines & fes injuftices?

Velleius Paterculus a fait l'éloge de Tibère & de fon horrible règne : il ne faut pas s'en étonner, Velleius Paterculus écrivoit du temps de cet Empereur. Heureusement pour le bien des États & pour celui de l'humanité on voit rarement des Princes tels que Tibère; mais s'il s'en préfentoit encore, ils ne manqueroient ni de flatteurs, ni d'apologistes.

DRUSUS.

27.

DRUSUS Fils de Tibère.

Agate-Ony

DRUSUS CÉSAR,

FILS DE TIBÈRE. Agate-Onyx.

TIBÈRE avoit d'abord épousé Vipfanie Agrippine, fille d'Agrippa favori d'Augufte; il époufa enfuite Julie, fille d'Augufte & veuve d'Agrippa. Il ne fallut rien moins que l'ordre exprès de l'Empereur pour déterminer Tibère à s'unir à Julie, parce qu'il connoiffoit tous les déréglemens de cette Princeffe, & qu'il fe voyoit obligé par là de répudier Agrippine qu'il aimoit & dont il avoit un fils. C'eft ce fils, nommé Drufus, dont il eft ici queftion. Augufte l'honora de la Préture à l'âge de vingt-trois ans. La mort de l'Empereur ayant occafionné des troubles en Pannonie, Tibère y envoya le jeune Drufus pour les appaifer. Ses efforts furent d'abord inutiles, & au lieu de rentrer dans le devoir, les Légions alloient fe porter aux dernières extrémités, lorfqu'il arriva une éclipfe de Lune qui jeta l'effroi parmi les foldats & les arrêta: Drufus profita habilement de cette circonftance, fit punir les coupables, rétablit l'ordre, revint à Rome & fut nommé Conful. Des exploits en Illyrie lui méritèrent enfuite les honneurs de l'Ovation.

L'an de Rome 774, Tibère prit pour collègue au Confulat Drufus fon fils, qui fut ainfi Conful pour la feconde fois ; & défirant de l'affocier à l'Empire il écrivit l'année fuivante au Sénat, & demanda pour lui la puiffance du Tribunat qui étoit le titre & la marque de la dignité fouveraine; mais Drufus n'en jouit pas long-temps, étant mort l'an 776 de Rome, 23 de l'ere vulgaire, fous le Consulat de C. Afinius Pollio, & de C. Antiftius Vetus.

Une particularité remarquable dans la vie de Drufus c'eft qu'il aima toujours Germanicus fon frère adoptif, malgré ia

haine que Tibère avoit vouée à ce Prince & à Agrippine fon épouse. Du refte Drufus étoit adonné au vin & à toutes fortes de débauches fa cruauté & fa violence furent telles que Tibère lui en faifoit des réprimandes en particulier & en public: il ofa même un jour donner un foufflet à Séjan, ce courtisan ambitieux qui, comme on fait, avoit tout pouvoir fur l'esprit de Tibère. Cet emportement coûta la vie à Drufus: en effet Séjan qui craignoit pour lui, fi jamais ce Prince parvenoit à l'Empire, réfolut de le faire périr.

Pour exécuter plus furement fon dessein il gagna Liville femme de Drufus, lui promit de l'époufer, & obtint d'elle ce qu'il défiroit. Lygdus, Eunuque de la maifon du Prince, fut choisi pour lui donner un poison lent qui, au bout de quelques jours, le conduifit au tombeau.

Tibère attribua la mort de fon fils à fes débauches; mais depuis ayant été informé de la vraie caufe de cette mort, par Apicata femme de Séjan, il fit punir tous ceux qui avoient eu part à ce crime. Il parut cependant fi peu sensible à sa perte qu'on jugea avec raifon qu'il ne l'aimoit pas (1).

Les Arts, à la vérité, n'étoient point en honneur fous le règne de Tibère, mais on se reffentoit encore à Rome de l'heureufe influence de celui d'Augufte: on peut juger du moins par les médailles & les pierres gravées de ce temps, qu'il y avoit alors dans cette ville d'excellens Artistes; fans parler de la pierre précédente & de plufieurs autres qu'on fait avoir été gravées du temps de Tibère, la belle Agate-Onyx que nous publions ici en feroit elle feule une preuve affez convaincante: la tête de Drufus qu'on y voit a une reffemblance parfaite avec les médailles de ce Prince, fur-tout avec celles de moyen bronze.

(1) Les habitans d'Ilium ayant envoyé un peu tard des Députés à l'Empereur pour le complimenter fur la mort de fon fils, il leur répondit, en plaifantant, qu'il prenoit auffi beaucoup de part à la perte qu'ils avoient faite du grand Hector.

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