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GALB A. Sardoine-Onyx.

SERVIUS SULPICIUS GALBA étoit parent de l'Impératrice Livie femme d'Augufte (1), & ce fut à la protection de cette Princeffe qu'il dut fon élévation aux charges auxquelles il parvint avant l'âge (2). D'abord Préteur, ensuite Gouverneur d'Aquitaine, & enfin Conful en l'année 33 de l'ere vulgaire (3). Caligula lui donna le commandement des armées de Germanie, où il s'acquit une grande réputation, & mérita tellement l'eftime des troupes, qu'après la mort de cet Empereur elles lui offrirent l'Empire (4). Galba l'ayant refuse, se rendit par là très-agréable à Claude, qui le nomma Proconful d'Afrique, Province alors agitée par des troubles & des féditions (5). A fon retour à Rome il eut les honneurs du triomphe (6), & s'étant retiré à la campagne il y vécut comme un fimple particulier jusques vers le milieu du règne de Néron. Ce Prince, qui n'avoit point encore appris à redouter les perfonnes puiffantes ou vertueuses, donna le gouvernement de l'Espagne Tarragonnoise à Galba (7).

Depuis huit ans il rempliffoit cette place importante, lorsque Vindex, Gouverneur de la Gaule Celtique, le preffa de se

(1) Plutarch, Gal. p. 1054.

Sueton.

(2) Sueton. cap. 5.

(3) Sueton. cap. 6.

(4) Sueton. cap. 7.

(5) Plutarch. p. 1054.

(6) Sueton. cap. 8.

joindre à lui pour attaquer Néron & délivrer l'Empire (1). Galba refusa d'abord de se prêter aux vues de ce rebelle (2); cependant ayant appris que l'Empereur avoit réfolu de le faire mourir luimême (3), il crut devoir repouffer la force par la force, & fe détermina à prendre l'empire fous le titre modefte de Lieutenant du Sénat & du peuple Romain (4).

Néron s'étoit mis peu en peine de la révolte de Vindex (5); mais ce qu'il apprit de Galba jeta l'effroi & le désespoir dans fon ame (6). Il fit auffitôt de grands préparatifs, ordonna de marcher contre les féditieux (7), engagea le Sénat à déclarer Galba ennemi public (8), & peut-être feroit-il parvenu à étouffer la révolte dès fa naissance, fi Nymphidius n'eût en même temps foulevé les Prétoriens (9). Mais le Sénat, qui fe décidoit suivant les circonstances, ne tarda pas à prononcer la peine de mort contre un Empereur dont il ne craignoit plus rien, & à décerner le titre d'Augufte à ce même Galba qu'il avoit profcrit peu de jours auparavant (10).

Informé du parti que le Sénat venoit de prendre, Néron s'abandonne lâchement à la douleur, & au lieu de prévenir par une mort prompte & volontaire le jufte fupplice qui le menace, il cherche encore à prolonger son infâme vie. Ce malheureux n'eut jamais la nobleffe du crime: il auroit péri même ignominieuse

(1) Sueton. cap. 9.

(2) Plutarch. pag. 1055.

(3) Sueton. cap. 9.

(4) Sueton. cap. 9 & 10.

(5) Dio. pag. 694.

(6) Plutarch. pag. 1055.

(7) Sueton. cap. 42.

Diod. pag. 726.

(8) Plutarch. pag. 1055. (9) Plutarch. pag. 1053. (10) Plutarch.

ment

ment, fi Epaphrodite fon Secrétaire ne l'eût enfin aidé à fe faire juftice & à venger l'univers (1). Cet événement révéla, dit Tacite (2), un grand fecret du Gouvernement, qu'on pouvoit élire un Empereur ailleurs que dans la Capitale du monde. Galba nous fournit auffi le premier exemple d'un Empereur élu fans être de la famille des Céfars (3).

A la mort de Néron l'Empire commença à refpirer: les citoyens se regardant comme affranchis du plus horrible esclavage, firent éclater leur joie de toutes les manières : ce fut un triomphe général (4). Galba fut reçu comme un Dieu tutélaire, & de fi heureufes circonftances lui offroient tous les moyens de fe faire chérir; mais la cruauté, qui accompagna le premier exercice qu'il fit de la puiffance fuprême (5), aliéna d'abord les efprits, & fa confiance criminelle en des Ministres injuftes (6) rendit enfin son gouvernement odieux. Comme il étoit fans enfans & dans un âge fort avancé, il fentit la néceffité de fe donner un fucceffeur, & choifit Pifon, jeune homme de naissance, diftingué par les qualités les plus estimables (7). Ce trait de politique que Galba croyoit devoir lui réuffir, fut précisément la cause de sa perte : Othon indigné d'un choix qui trompoit fes espérances, gagna les Prétoriens marcha avec eux à la rencontre de l'Em

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(1) Dio. p. 727.

(2) Evulgato imperii arcano, poffe principem alibi, quàm Romæ fieri.

(3) Plutarch. pag. 1054.

(4) Xiphilin, pag. 198.

(5) Plutarch.

Sueton.

Tacit.

Dio.

(6) Tacit. Hift. Lib. I. cap. 12.

(7) Tacit. Hift. Lib. I.

Hift. Lib. I. cap. 4.

pereur qui fut bientôt abandonné de fes gens & lâchement affaffiné (1).

» Telle fut, dit Tacite (2), la fin tragique de Galba à l'âge de » 73 ans. Il n'éprouva aucun revers fous cinq Empereurs qu'il » vit fe fuccéder, plus heureux dans l'état de fujet que fur le » trône. Sa naissance étoit illuftre, fes richeffes immenfes : fon » caractère peu décidé, plutôt exempt de vices qu'orné de vertus. » Sans rechercher la gloire il ne la méprisoit pas. Nullement avide » du bien des autres, il fut ménager le fien & fut avare des deniers » publics. Si fes favoris & ses affranchis fe trouvoient gens de bien, » on ne pouvoit lui faire un reproche de fa complaisance pour eux: » s'ils étoient méchans, elle le rendoit coupable en l'aveuglant fur » leurs défordres; mais l'éclat de fa naiffance & le malheur des » temps faifoient regarder comme sageffe ce qui n'étoit qu'indo»lence. Pendant fa jeuneffe il fervit avec gloire dans les armées » de Germanie; Proconful en Afrique, il s'y diftingua par fa mo» dération. Plus avancé en âge, il gouverna l'Espagne avec la » même équité, se montrant au deffus d'un particulier tant qu'il » ne fut que particulier, & au jugement de tous digne de l'Em» pire, s'il n'eût jamais été Empereur ».

Sous Galba, Othon & Vitellius, les révolutions qui changérent la scène du monde furent trop rapides pour qu'on pût s'occuper des Arts; nous avons vu d'ailleurs qu'ils étoient déja exilés de l'Italie; cependant les portraits des Empereurs que nous venons de nommer, & qu'on voit tant fur les médailles, que fur les pierres gravées, font encore d'un bon goût; le Camée que nous publions est même d'un travail fi parfait, que s'il n'offroit pas le portrait de Galba, nous aurions peine à croire qu'un auffi bel ouvrage eût été fait du temps de cet Empereur.

(1) Plutarch.

Tacit.

Dio.

(2) Tacit. Hift. Lib. I. cap. 49.

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