Conserve-nous long-temps cette valeur suprême Dont nous faisons notre plus ferme appui, Et sache que tu dois avoir soin de toi-même, Pour avoir plus de soin de lui.
Empêche que CONDE n'aille de trop bonne heute, Par le chemin de lait prendre sa place aux cieux ;
que son grand cœur vole à cette demeure, Le plus tard ce sera le mieux.
AUROI,
Sur le recouvrement de sa santé.
LA crainte et les soucils loin de nous se retirent Que de notre bonheur nos ennemis soupirent: France, porte à leurs yeux avec plus de fierté Les lys et les lauriers dont tu te ceins la tête. Tu vois de ton héros les jours en sûreté ; Triomphe, ta plus belle et plus noble conquête Ne l'a jamais tant mérité.
Qu'il souffrit de vives atteintes,
Lorsque d'officieuses mains
Lui prêtoient à regret des secours inhumains! Il tenoit ses douleurs captives et contraintes, Il leur refusoit fièrement
D'un soupir ou d'un cri le vain soulagement;
On n'a connu ses maux que par nos plaintes. L'art qui par d'utiles rigueurs Répare et soutient la nature
Ne lui faisoit point de blessure
Qui ne se fit sentir jusqu'au fond de nos cœurs. Que les menaces passagères
Qui parurent alors du céleste courroux
Attirèrent de vœux empressés et sincères !
En offrir pour LOUIS, c'est en offrir pour nous. Telle est à nos regards l'horreur qui se présente, Telle est la subite épouvante
Qui saisit l'univers surpris, inquiété,
Quand le soleil dans sa course éclatante Perd, ou semble du moins perdre cette clarté Par qui la nature est vivante,
Et qui seule en fait la beauté.
Si prodiguant sa vie on en sauvoit une autre, Nous n'eussions pas craint pour la vôtre, Grand Roi; nous étions prêts de renoncer au jour. Mais Dieu vous rend à nous content de reconnoître Que par l'excès de notre amour
Nous sommes dignes d'un tel maître. Que nos cœurs sont reconnoissans!
Quelle vive allégresse en tous lieux se déploie! De-là partent tous ces encens
Que d'ici vers le ciel un peuple heureux envoie, Et ces concerts sacrés tous les jours renaissans Et ces larmes, de notre joie Témoins encore plus puissans.
Que LOUIS vive, il n'est aucune grace Dont nous devions importuner les cieux. Quand le plus grand des héros de sa race, Charles, abandonnant le séjour glorieux, Où près du trône saint il occupe une place, Reviendroit régner en ces lieux;
Quand' recommençant mème une course nouvelle, Il soumettroit aux Francs, pour la seconde fois, Et le Lombard perfide et le Saxon rebelle;
Qu'il apprendroit aux Huns à vivre sous des loix, Ebranlesoit l'empire ennemi de la croix,
Qu'au milieu de l'Espagne avoit fondé le More:
Ah! nous regretterions encore
Et LOUIS et ses grands exploits. Quel autre sur le Rhin se frayant un passage, Eût fait fendre cette onde aux pieds de ses chevaux, Et par ce grand péril eût sur l'autre rivage Cherché d'autres périls et de plus grands travaux? On voit avec terreur la Flandre belliqueuse Baissant sous notre joug une tête orgueilleuse, Qui n'a plié que sous mille hauts faits; Et la Bourgogne aux lys autrefois arrachée, A ces mêmes lys attachée
Par un bras qui répond qu'elle l'est pour jamais. Ces superbes rochers, d'où Luxembourg tranquille Bravoit des assiégeans la valeur inutile,
De nos efforts se sont-ils garantis ?
Des desseins que jamais on n'auroit pressentis, Ont fait naître en un jour deux conquêtes nouvelles, Sous qui le Pô, le Rhin, jusqu'au sein de Thétis, Tremblans et désormais fidelles,
Roulent leurs flots assujettis.
Sur les sables brûlans de l'Afrique alarmée, Des brigands redoutés par des crimes heureux, De nos foudres encor respirent la fumée ; Ils frémissent encor des ravages affreux
Qui restent dans leurs murs de la pluie enflâmée Qu'un ordre de LOUIS fit descendre sur eux. L'infame soif de l'or qu'ils ne peuvent éteindre, Désormais cependant respecte nos vaisseaux ; De leurs avides mains l'ardeur sait se contraindre, Nos trésors à leurs yeux sont portés sur les eaux ; On n'a plus sur la mer que la mer seule à craindre. Mais de tous ces exploits et l'éclat et le fruit Et tout ce que LOUIS a fait par son tonnerre
Cède à l'ouvrage saint que la paix a produit. Cette hydre qui sortant de l'éternelle nuit, Déclaroit au ciel même une insolente guerre, Tombe sous le héros dont le bras la poursuit,
Et ses cent têtes sont par terre.
Elles sembloient pourtant devoir se relever,
Dans peu leurs sifflemens pouvoient se faire entendre La nouvelle fureur qu'elles alloient reprendre,
Plus que jamais eût osé nous braver.
Mais libre du péril que craignoit votre empire,
Vous vivez, Grand Monarque, et sans que votre bras S'attache contre l'hydre à de nouveaux combats, Elle vous voit, et pour jamais expire.
LE DUC DE VALOIS,
HISTORIETTE.
Tour dormoit dans Paris, la nuit étoit sans lune,
De nuages épais l'air étoit occupé,
Quand un jeune seigneur en secret échappé, Se dérobant à sa suite importune, Sortit, d'un gros manteau le nez enveloppé ; Tout cela, direz-vous, sent sa bonne fortune, Vous ne vous êtes pas trompé.
Il étoit attendu par une jeune dame
Qui de son vieux mari n'alongeoit pas les jours. Vous dire ici comment il sut lui toucher l'ame, Ce seroit un trop long discours.
Et puis dans ce détail quel besoin qu'on s'engage, Après qu'on vous a déjà dit
Que l'amant étoit jeune, et le mari sur l'âge? Cela, ce me semble, suffit.
Mais de savoir leurs noms si vous êtes en peine, Vous allez les apprendre tous;
Valois étoit l'amant; la belle étoit la Reine, Louis douze le vieil époux.
Il n'avoit point d'enfans; lui mort, la loi salique Adjugeoit à Valois ce qu'il avoit de bien.
Le reste de ses jours ne tenoit plus à rien, Encore étoit-ce un reste assez mélancolique ; Et cependant il avoit entrepris
D'engendrer un hoir mâle, et cela sans remise. La Reine vint alors de Londres à Paris,
Pour l'aider dans cette entreprise.
On ne décide point auquel il tint des deux, Mais enfin de l'hoir mâle on n'eut point de nouvelles. Valois aima la Reine, et déjà même entr'eux, Les unions des cours passoient pour bagatelles. Il sentoit approcher l'heure du rendez-vous.
Que de vœux empressés! que de transports de fâme! Les plaisirs à venir flattoient si bien son ame, Que des plaisirs présens ne seroient pas plus doux. Je ne sais par quelle avanture
Dans ce temps justement il rencontre Boisy. C'étoit un homme âgé, d'une sagesse mûre, Enjoué cependant, et sage avec mesure,
De plus son confident choisi.
Ah! Boisy, lui dit-il, tu vois de tous les hommes Le plus heureux, le plus content;
Au milieu de la nuit au moment où nous sommes, La Reine, la Reine m'attend.
J'entends, lui dit Boisy; fier de votre victoire,
Tout transporté d'amour, et de joie enivré,
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