페이지 이미지
PDF
ePub

faites de l'augmentation ou combinaison des idées expresses. Or, comme on ne sauroit avoir si peu le pouvoir d'augmenter ces idées expresses, qu'on ne l'ait autant qu'il est possible, cela nous met tour d'un coup infiniment au-dessus des bêtes.

De là vient cette bizarrerie apparente de l'esprit humain, qui a tant d'étendue en un sens, et si peu en un autre, &c.......

L'idée que j'ai de l'infini, ne suppose donc ni la possibilité de l'infini dans la nature, ni une grande étendue dans mon esprit; elle demande seulement que je puisse supposer que de certaines idées expresses et très - bornées que j'ai, soient augmentées, sans que je les puisse concevoir dans cette augmentation.

C'est comme si un vaisseau qui tient une pinte d'eau, pouvoit dire; Je suppose qu'à cette pinte d'eau j'ajoute encore de nouvelle cau. Il est certain qu'il n'en auroit pas pour cela plus de capacité, et qu'il ne lui en seroit pas plus aisé de contenir cette eau, si elle s'augmentoit....

Mais, direz-vous, quand l'esprit, faisant effort pour concevoir l'infini, y met des bornes malgré soi et sent en même tems qu'il en faut ôter ces bornes, c'est une idée purement intellectuelle de l'infini qu'il a, sur laquelle il corrige l'idée infidelle que l'imagination lui présente.

[ocr errors]

Je réponds. Je ne sais point que l'infini n'àit point de bornes, par aucune vue qué j'en aie mais seulement par la supposition que j'en fais.

Mais il faut du moins, avant que de faire cette supposition, que vous sachiez qu'une chose sans bornes est possible, et par-là vous retombez dans l'idée intellectuelle de l'infini. Non. Je suppose! une chose sans bornes, sans savoir si elle est pos sible ou non, et sans la concevoir en aucune manière. Ainsi je supposerai, si je veux, un nombre tel que son quarré sera moindre que le produit de sa racine par 1 ZZ-Z1—a.

J'ai supposé ce nombre sans savoir qu'il fût possible, sans le concevoir; et en effet il ne peut être, et je reconnois aussi-tôt qu'il est impossible par la contradiction enfermée dans la supposition. Mais il est sûr que j'ai fait la supposition avant que d'avoir l'idée de la possibilité ou de l'impossibilité de ce nombre.

Et si vous en doutiez, je n'aurois qu'à faire une supposition dont la contradiction fût moins évidente.

Si je suppose un nombre tel que son quarré soit égal au produit de 3, par la différence de ce nombre à s; ZZ-3 Z-15. Ge nombre peut être possible, il peut être impossible, je n'en sais encore rien; et j'ai pourtant fait la supposition,

On ne dira pas que j'ai une idée intellectuelle de ce nombre: assurément je n'en ai aucune; et j'en puis si peu avoir, que je ne sais si ce nombren'est point impossible, auquel cas il ne seroit convenable en aucune manière.

Cependant en appellant ce nombre Z, je ne laisserai pas de le comparer à d'autres nombres que je connois parfaitement, et je démontrerai quelques-uns de ces rapports.

Ou vous remarquerez que je ne démontrerai que ceux de ses rapports qui sont enfermés dans la supposition; car pour avoir les autres, il faudroit voir le nombre en lui-même.

[ocr errors]

Et si je ne puis résoudre l'égalité ZZ — 3 Z ➡Is, j'ignorerai éternellement quel est ce nombre, et je n'en aurois nulles idées ni nulles connoissances que celles qui peuvent naître de ma supposition.

Tout cela s'applique de soi-même à l'infini. I est ce Z que je ne puis jamais voir en lui-même, que je ne connois que par supposition, dont je ne connois que les propriétés qui sont enfermées dans cette supposition, ou qui en naissent néces→’ sairement, er qu'enfin je suppose sans être assuré s'il est possible ou non.

[ocr errors]

Ce n'est donc pas une preuve ni que l'infini soit, ni qu'on le connoisse, parce qu'on en dé-. montre les propriétés, si ces propriétés ne sont que celles qui naissent de la supposition. Or, certai

nement nous n'en connoissons pas d'autres....

On dit d'ordinaire qu'on ne comprend pas l'in fini, mais qu'on l'apperçoit.

On ne le comprend, ni on ne l'apperçoit. Mais on comprend quelque chose de fini qui, selon la supposition, doit être partie de l'infini; et de-là vient qu'on s'imagine voir un commencement de l'infini, ce qu'on appelle l'appercevoir.

Cela est si vrai, qu'on s'imaginera appercevoir un infini qui a un bout, comme la durée éternelle d'une créature qui a commencé; mais on ne s'i magine point appercevoir un infini à deux bouts, comme la durée de Dieu, On prend la durée de la créature par son commencement, et de-là on croit appercevoir l'infini en éloignement ; mais la durée de Dieu, on ne sait par où la prendre, si ce n'est par un milieu imaginaire, d'où l'on regarde les deux bouts; mais on voit aussi-tôt par la supposition la fausseté de cette idée.

SUR L'INSTINCT,

ON entend

N entend par le mot d'instinct quelque chose de surajouté à ma raison, et qui produir un effet avantageux pour la conservation de man être ; quelque chose que je fais sans savoir pourquoi, et qui m'est cependant très-utile, et c'est en quoi est le merveilleux de l'instinct. C'est ainsi que,

sur le point de tomber, j'étends le bras, sans savoir que ce bras étant plus éloigné du point fixe, centre de gravité, aura plus de poids: et me remettra en équilibre.

Examinons cette action de plus près.

Elle n'est point produite par la disposition ma chinale de mon corps. Le mouvement qui me fait pencher d'un côté, n'étend point mon bras de l'autre. Si cela étoit, ce ne serait plus ce qu'on entend par: instinct.

: Cette action ne se feroit point, si je n'y pensoiss car si j'étois endormi, et que je ne me réveillasse point, je tomberois tout d'une pièce.

C'est donc un nouvement volontaire, produit par mon ame, pareil à celui du marcher.

Mais en tout mouvement volontaire, l'ame saie ce qu'elle veut faire, et ici elle ne le sait point."

Elle sait en général qu'elle veut empêcher le corps de tomber, mais elle ne sait point en particulier qu'il faut calonger le bras. Or pour un mouvement volontaire, il faut savoir en particulier ce qu'on veut faire, quel membre il faut remuer, &c. Car, quoiqu'en jouant du luth, je ne songe pas à tous momens à remuer les doigts, et que je n'aie qu'une volonté générale, il a pourtant fallu que j'aie eu une volonté particulière, ou en commençant cette pièce, ou quand j'ai appris d'abord à jouer du luth, ce qui suffit. Mais ici je n'ai

J

« 이전계속 »