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nos adverfaires, cela s'eft fait naturellement, par légéreté, par féduction, par dégoût de la vie. Comment donc le Chriftianifme qui leur paroît aujourd'hui fi rebutant, fi févere, fi infupportable, a-t-il pu avoir tant d'attraits pour les premiers qui l'ont embraffé ? Comment un Juif a-t-il pu créer une Religion plus pure & plus parfaite que tous les Docteurs de 'Univers? Comment fes Difciples, gens ignorans, ont-ils eu plus de zele & plus de pouvoir que tous les Philofophes enfemble? Comment un peuple crédule féduit d'abord a-t-il communiqué fon erreur aux plus grands génies? Comment les Philofophes qui ont écrit contre le Chriftianifme, n'ont ils pas détrompé l'Univers? Prodiges pour prodiges, nous préférons ceux dont le monde entier dépose, à ceux que l'on veut nous perfuader.

CHAPITRE IV.

Si les aveux des Juifs & des Païens prouvent que J. C. ait fait des miracles.

CES

§. I.

Es aveux ne paroiffent rien moins que décififs à M. Freret.,, Car de même, »dit-il, que les aveux des Peres ne prou»vent pas la réalité des miracles du Pa»ganifme, auffi ceux des ennemis de la » Religion Chrétienne ne concluent rien »en faveur de Jefus Chrift; c'étoit un >> principe avoué dans tous les partis, qu'un >> homme le fecours des efprits pous voit faire des chofes furnaturelles".

par

Ces aveux font donc faits fans exa men, & les Philofophes ne penfoient pas que les Chrétiens puffent en tirer aucun avantage.

Pour réfuter en deux mots tout ce Chapitre, on pourroit fe contenter de demander à M. Freret quelle efpece de té moins il exige de nous pour conftater les miracles de Jefus-Chrift. Le témoignage de les Disciples ne prouve rien; ce font

des gens prévenus. L'aveu de fes ennemis prouve encore moins ; ils ont cru pouvoir le faire fans conféquence. Si les amis & les ennemis font également recufables, qui font donc ceux qui peuvent déposer ?

Notre Critique paffe légérement fur le témoignage des Ecrivains du Paganisme, parce que cet article l'incommode; mais il nous permettra de le difcuter avec un peu plus d'attention qu'il n'a fait.

Celfe, dans fes livres contre le Chriftianisme, commence par foupçonner que les Chrétiens ont la fcience des enchantemens, & qu'ils opérent des merveilles par le moyen des efprits (a). Il reprend Jefus-Chrift de ce qu'il condamne les Magiciens & les faifeurs de preftiges puifqu'il eft lui-même coupable de ce crime. Voulant enfuite expliquer comment Jesus-Chrift avoit acquis ces connoiffances, il remarque que Jefus avoit été élevé en Egypte, qu'il s'y étoit instruit des merveilleux fecrets pratiqués de tout temps chez les Egyptiens; qu'à fon retour en Judée il s'étoit fervi de cet artifice pour fe faire regarder comme le fils de

(a) Orig. contrà Celf. L. 1, Edit. Cantab. p. 7.

Dieu (a). Celfe n'ofant pas nier les ré furrections que les Evangéliftes attribuent au Sauveur, ni le miracle de la multiplication des pains, ni les guérifons qu'il a opérées.,, Eh bien, dit-il, fuppofons »>qu'il a fait tout cela, il n'y a rien là »que ne faffent tous les jours les charlatans & les faifeurs de tours, faut-il donc auffi les reconnoître pour les Fils » de Dieu " ( b ) ?

Ce n'eft point ici un aveu fait fans examen; fi les miracles de Jesus-Chrift n'étoient pas certains, il étoit bien plus fimple de les nier abfolument & de terminer ainfi la difpute. Pourquoi rechercher l'origine des fecrets prétendus que Jefus-Chrift avoit appris, & l'accufer de magie? Pourquoi tâcher de se tirer d'af faire par la comparaifon de fes miracles avec les tours des charlatans? Celfe de voit fentir que jamais charlatan n'avoit multiplié des pains ni reffuscité des morts, que cette défaite étoit ridicule. Il ne l'étoit pas moins de fuppofer les Chrétiens inftruits des fecrets magiques, s'ils ne faifoient pas journellement des oeuvres fur-·

(a) Orig. contr. Celf. L. 1, p. 22 & 30. (b) Ibid. p. 53, L. 2, p. 87 & 89.

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naturelles. Cette accufation de magie, fi fouvent répétée contre les Chrétiens n'eft-elle pas une atteftation des miracles qu'ils opéroient à l'exemple de leur Maître & par fon pouvoir ?

Si on veut prendre la peine de lire tout l'ouvrage d'Origene contre Celse, on verra que ce Philofophe avoit examiné avec beaucoup d'attention l'histoire de nos Evangiles. Il déclare lui-même dès le commencement de fon ouvrage, qu'il n'attaque les Chrétiens qu'avec connoiffance de caufe, qu'il fait toutes leurs preuves: Novi enim omnia (a). Cependant ne pouvant nier les miracles de Jefus-Chrift, il s'eft borné à foutenir que ces miracles n'étoient point une preuve certaine de fa divinité; puifque J. C. lui-même avoit averti que les faux Prophetes feroient de femblables prodiges.

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Sur ce que Jefus Chrift avoit promis de reffufciter, il dit que plufieurs autres fe font vantés de la même chofe, Zamolxis, Pythagore, Orphée, Hercule, Thefée. Mais il faudroit examiner, continue-t-il, fi jamais un mort est reffufcité avec le même corps: il dit que les pré

a) Orig. contr. Celf. L. 1, p. 11.

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