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c'eft auffi le parti que Celfe a pris à l'égard des miracles rapportés dans l'Evangile; on fent combien cette défaite eft ridicule. Si dans un autre endroit il a dit que les Chrétiens opéroient des merveilles par le moyen des efprits, c'est que, felon le privilege de tous les Philofophes, il s'eft contredit, & cette contradiction même prouve fon embarras (a). Selon les mêmes principes des Epicuriens, la réfurrection eft impoffible: un corps mort ne peut retourner à la vie que par une différente combinaifon de la matiere ; pour lors, difoient-ils, ce n'eft plus le même corps. C'est donc par engagement de fyftême que Celfe a été forcé de nier la réfurrection de Jefus-Chrift, d'avancer ridiculement que les Apôtres, en croyant le voir reffufcité, n'avoient vu qu'un fantôme, comme fi un fantôme pouvoit boire, manger, fe laiffer toucher, converser avec les hommes pendant quarante jours. Et l'on foutiendra encore que Celle a parlé des miracles de Jefus-Chrift fans examen ?

Les Platoniciens, comme Porphyre & Julien, admettoient l'existence des ef

(a) Voyez ci-devant §. 1.

prits & leurs opérations, les prodiges & la magie; ils en étoient même infatués. Mais ils croyoient, ou ils faifoient femblant de croire un Dieu fuprême & une providence. Pouvoient-ils fe perfuader qu'un Dieu fage & bon eût abandonné la conduite de l'Univers au caprice des efprits ou génies qu'ils adoroient ? Qu'il pût permettre à un impofteur de faire tous les prodiges que les Evangélistes attribuent à Jefus, pour tromper les hommes & pour établir une fauffe Religion Dans leur fyftême, ces Philofophes n'étoient pas moins intéreffés que Celfe à révoquer en doute tous ces prodiges & la bonne foi des Apôtres, à les accufer de menfonge, de fourberie ou de féduction, à difcuter les faits, à y opposer le témoignage des Juifs, à faire en un mot tout ce qu'a fait M. Freret. Julien a douté des miracles de Moyfe (a), & il n'a pas ofé nier ceux de Jefus-Chrift: cette différence eft frappante. Ici on reconnoît l'accompliffement de la promeffe que Jefus-Chrift avoit faite à fes Apôtres: Je vous donnerai une éloquence & une

(a) Défenfe du Paganifme par l'Empereur Julien, traduction de M. le Marquis d'Argens, p. 47.

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,, fageffe à laquelle vos ennemis ne pourront réfifter, & n'auront rien à oppofer (a).,, Ce ton fimple, naïf, qui regne dans les Evangiles, & que la vérité feule peut donner, eft un écueil contre lequel fe briferont toujours les efforts & les vaines fubtilités de la Philofophie.

CHAPITRE V.

De l'empire que les Chrétiens fe font attribué Jur les Démons.

§. I.

LORSQUE Jefus-Chrift envoya ses. Apôtres prêcher l'Evangile, il leur fit cette promeffe finguliere: «Voici les pro»diges qu'opéreront ceux qui croiront en >> moi: ils chafferont les Démons en mon »nom, ils parleront les langues étran»geres, ils prendront les ferpens avec la main; s'ils avalent un poifon mortel, »il ne leur fera point de mal; ils tou»cheront les malades, & les malades fe

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(a) Luc 21, 15.

„ront guéris,, ( a ). Des témoins oculaires atteftent que les Difciples du Sauveur ont opéré en effet tous ces prodiges. Non-feulement ils ont chaffé les Démons en fon nom, mais ils ont parlé toutes fortes de langues, fans les avoir apprises; le poifon & les animaux venimeux n'ont eu fur eux aucun pouvoir, ils ont guéri toutes les maladies par la feule impofition de leurs mains. Les Actes des Apôtres, les Epîtres de S. Paul, les écrits des Peres des trois premiers fiecles dépofent que tous ces dons étoient communs & publics parmi les Fideles (b). Ils les ont tous cités aux Païens comme autant de pouvoirs furnaturels que Dieu accordoit à fon Eglife, comme autant de preuves de la divinité de notre Religion.

Que doit-on penfer de ces divers prodiges? Sont-ils tous également des illufions, des fourberies ou des opérations naturelles? Voilà fur quoi M. Freret ne s'eft point expliqué. Il garde un profond filence fur les miracles des Apôtres & des premiers Fideles; il attaque feulement l'empire que les Chrétiens fe font attribué fur les

(a) Marc. 16, 17, & alibi.

(b) Voyez les notes de Feuardent fur S. Irénée chap. 8.

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Démons; il n'avoit donc rien à objecter contre tous les autres. Quant à force de raifonnemens il parviendroit à nous faire douter fi la guérifon des poffédés eft un miracle, il ne feroit pas fort avancé ; les autres dons furnaturels font à couvert de fes attaques; cette preuve de la divinité du Chriftianisme demeure en fon entier.

Toutes les Sectes, felon M. Freret, fe font imaginé avoir la même prérogative de chaffer les Démons. "Ce pré,, tendu pouvoir, dit-il, ne feroit-il pas ,, un des effets de l'imagination, de la fourberie ou de la fuperftition de ceux qui ont cru qu'il y avoit des mots effi,, caces,,? C'eft ce que nous examinerons avec foin.

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Les Chrétiens fe vantoient de chaffer les Démons des corps des poffédés avec tant de puiffance, que ceux qui étoient guéris fe faifoient Chrétiens, fi l'on en croit S. Irénée (a). Les paroles d'Octave dans Minutius-Félix font remarquables. "Le plus grand nombre d'entre vous, dit-il aux Païens, fait que les Démons fe rendent justice à eux-mêmes. ,,Serapis & toutes les fauffes Divinités que

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(a) L. 2, c. 57, n. 4.

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