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Le malheureux Varus ne veut que vous fervir,
Adorer vos vertus, vous venger & mourir.

MARI AM NE.

Je me flatois, Seigneur, & j'avois lieu de croire
Qu'avec mes interêts vous cheriffiez ma gloire.
Et quand le grand Varus a confervé mes jours,
J'ai crû qu'à la pitié je devois son secours.
Je ne m'attendois pas que vous duffiez vous même
Mettre aujourd'hui le comble à ma douleur extrême :
Ni que dans mes périls, il me falût jamais,

Rougir de vos bontez, & craindre vos bienfaits.
Ne penfez pas pourtant, qu'un discours qui m'offense,
Vous ait rien dérobé de ma reconnuoffance.

Ma conftante amitié refpecte encor Varus.
J'oublirai votre flâme, & non pas vos vertus.
Je ne veux voir en vous qu'un Heros magnanime,
Qui jufqu'à ce moment mérita mon eftime.
Un plus long entretien pourroit vous en priver,
Seigneur; & je vous fiiis pour vous la conferver.

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V

SCENE VI.

VARUS, ALBIN.

ALBIN.

Ous vous troublez, Seigneur, & changez de vi

fage.

VARUS.

J'ai fenti, je l'avouë, ébranler mon courage.
Ami, pardonne au feu, dont je fuis confumé,
Ces foibleffes d'un cœur, qui n'avoit point aimé.
Je ne connoiffois pas tout le poids de ma chaîne.
Je la fens à regret ; je la romps avec peine.
Avec quelle douceur, avec quelle bonté,
Elle impofoit filence à ma témérité !

Sans trouble & fans courroux, fa tranquille fageffe

M'apprenoit mon devoir, & plaignoit ma foibleffe.
J'adorois, cher Àlbin, jusques à ses refus.

J'ai perdu l'espérance ; & je l'aime encor plus.

A quelle épreuve, ô Dieux ! ma conftance eft réduite !

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ALBIN.

Etes-vous réfolu de préparer fa fuite à

VARU S.

Quel emploi !

ALBIN.

Pourrez-vous respecter fes rigueurs,

Jufques à vous charger du foin de vos malheurs ?

Quel eft vôtre deffein ?

VARUS.

Moi, que je l'abandonne ?

Que je désobéïffe aux loix qu'elle me donne ?
Non, non, mon cœur encor eft trop digne du fien.

Mariamne a parlé, je n'éxamine rien.

Que loin de fes Tyrans, elle aille auprès d'Augufte,
Sa fuite eft raisonnable & ma douleur injufte.
L'amour me parle en vain, je vôle à mon devoir.
Je fervirai la Reine, & même fans la voir.
Elle me laiffè, au moins, la douceur éternelle,
D'avoir tout entrepris, d'avoir tout fait pour elle.
Je brife fes liens; je lui fauve le jour.

Je fais plus. Je lui veux immoler mon amour.
Et füiant la beauté, qui me féduit encore,
Egaler, s'il fe peut, fa vertu que j'adore.

Fin du fecond Acte.

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Salome qui craignoit de perdre fon crédit,
Par fes confeils flateurs affiege fon efprit.

Ses Courtifans en foule au tour de lui fe rendent :

Les palmes dans les mains, nos Pontifes l'attendent.
Idamas le devance, & député vers vous,

Il vient au nom d'Herode embraffer vos genoux.
C'eft ce même Idamas, cet Hebreu plein de zele,
Qui toûjours à la Reine eft demeuré fidele :
Qui fage Courtifan d'un Roi plein de fureur,
A quelquefois d'Herode adouci la rigueur :
Bientôt vous l'entendrez. Cependant Mariamne
Au moment de partir s'arrête, fe condamne ;
Ce grand projet l'étonne, & prête à le tenter,
Son auftere vertu craint de l'executer.

Sa Mere eft à les pieds, & le cœur plein d'allarmes,
Lui prefente fes Fils, la baigne de ses larmes :
La conjure en tremblant de preffer fon départ
La Reine flotte, héfite, & partira trop tard.
C'eft vous dont la bonté peut hâter fa fortie
Vous avez dans vos mains la fortune & la vie
De l'objet le plus rare, & le plus précieux,
Que jamais à la Terre aïent accordé les Cieux.
Protegez, confervez une augufte Famille;
Sauvez de tant de Rois la déplorable Fille.

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