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ne ferois pas en butte aujourd'hui à toutes les douleurs... Mais, Sulton, s'il étoit vrai qu'il m'en eut impofé... il ne feroit point le duc d'Yorck! ah! il ne peut être que d'un fang illuftre, que du fang des rois. On n'a point tant de grandeur d'ame, tant de charmes; on n'eft point le plus féduifant des hommes, lorsqu'on ne fort que d'une origine vulgaire... c'eft encore un des crimes de Henri que je ne lui pardonnerai jamais. Qu'il eft dur d'avoir à folliciter ceux qu'on détefte ! mais je ne vois que le fort de mon époux ; il faut que je brise ses liens ; nous irons nous aimer ... mourir au bout de la terre. Non, jen fuis affurée, il n'eft point un impofteur, left le prince le plus à plaindre ! eh! il n'a ďappui que moi.

Quels étoient les fentiments que le roi d'Angleterre avoit éprouvés à l'aspect de la ducheffe ? il étoit embarraflé lui-même à déméler la nature de son trouble. On le rappellera que la politique avoit préfidé feule à fon mariage; les douceurs de l'amour lui étoient inconnues. Aigri par les ennemis continuels, les révoltes, les dangers qu'il avoit à furmonter, dur par néceflité peut-être autant que par caractère, dévoré de la foif de l'or, il ne lui étoit guères poffible de

recevoir des impreffions de tendreffe: ce fut cependant ce que la vûe de la duchesse d'Yorck lui fit reffentir. Mylord, disoit-il au lord Daubeney qu'il honoroit de sa confiance, je ne fçais ce qui agite mon cœur ; les larmes de la comteffe de Huntley ont coulé jufqu'au fond de ce cœur, étonné de ses mouvements: elles y font reftées! Que cette femme eft belle ! qu'elle me touche! faut-il qu'un vil aventurier ait été le poffeffeur de tant de charmes ? & il eft aimé, tandis que peut-être avec tout mon pouvoir,je n'exciterois pas un fentiment... Pourquoi mon épouse ne reffemble-t-elle pas à la comteffe de Huntley? je veux qu'on ait tous les égards pour cette princeffe infortunée ; je lui donne même, dès ce moment une penfion je tâcherai, par mes bienfaits, de mériter du-moins fa reconnaissance. Sire, interrompt le lord, un grand roi tel que vous, peut bien céder à un penchant qui le diftrairoit de ces chagrins inféparables de la couronneIl est inutile de vous l'apprendre la comteffe de Huntley vous a infpiré de l'amour. Ce que j'éprouve feroit de l'amour, reprend vivement le monarque! j'aimerois la femme d'un intriguant que je devrois punir du dernier fupplice! & d'ailleurs me convient

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il d'aimer, à moi qui dois fans ceffe m'occuper de combats, de châtiments, appréhender que la fortune ne m'abandonne, m'aflurer un port dans les orages?

Rien n'empêche que votre majesté ne goûte les douceurs d'une paffion qu'il lui fera facile de fatisfaire. La comteffe fe trouvera flattée d'une tendreffe dont elle eft forcée de rougir avec fon époux. Elle recevra les vœux d'un fouverain; elle aura bientôt oublié ce méprifable Varbeck.

Henri revoyoit fouvent chez la reine cet objet qui, tous les jours, lui paraiffoit plus aimable. Il vouloit armer la vanité contre l'amour, & en mortifiant fon orgueil, triompher d'une femme qui croyoit plaindre & aimer fon égal : elle s'obstinoit à regarder comme un des artifices groffiers du roi, le foin qu'il prenoit de lui représenter inceffamment fon mari fous les traits d'un intriguant obfcur.

Désespéré de fon peu de fuccès, Henri résolut d'employer un moyen qui lui affureroit à la fois & le trône, & peut-être le cœur de la princeffe. Poynings, chargé des ordres du monarque, se rend à la Tour auprès du duc d'Yorck dont le malheur n'ébranloit point la fermeté ; fi quelques larmes lui échap

poient, c'étoit le fort de fon épouse qui les faifoit couler; nous l'avons dit: l'amour feul le retenoit à la vie. Le roi, lui dit Poynings en l'abordant vous a donné fa parole qu'on épargneroit vos jours; vous devez fentir que c'eft à une condition qu'il eft en votre puiffance de remplir: il faut qu'un écrit figné de votre main contienne votre hiftoire détaillée depuis votre berceau jufqu'à ce moment, que tout ce qui concerne vous & votre famille,y foit offert avec ingénuité; vous ajoûterez à cette confeffion éxacte les noms de vos complices ; vous n'oublierez point leurs fuggeftions, leurs manœuvres, & alors le fouverain tiendra fa promeffe. Le jeune-homme fecoue fes chaînes, en regardant l'émisfaire de Henri d'un air dédaigneux : C'est un roi qui vous envoye ! & telle eft fa parole ! j'ai befoin en cet inftant plus que jamais de me ressouvenir que je fuis le duc d'Yorck. Mes complices font tous ceux qui déteftent l'ufurpation & le parjure; c'est là ma réponse. Mais qu'efpérez-vous en perfiftant dans votre menfonge? Si Henri ne fçait point régner, je fçaurai mourir... C'est pour une épouse seule que mon

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ame eft troublée.

Quoi ! vous ne voulez point

il d'aimer, à moi qui dois fans ceffe m'occuper de combats, de châtiments, appréhender que la fortune ne m'abandonne, m'aflurer un port dans les orages?

Rien n'empêche que votre majesté ne goûte les douceurs d'une paffion qu'il lui fera facile de fatisfaire. La comteffe fe trouvera flattée d'une tendreffe dont elle eft forcée de rougir avec son époux. Elle recevra les vœux d'un fouverain; elle aura bientôt oublié ce méprifable Varbeck.

Henri revoyoit fouvent chez la reine cet objet qui, tous les jours, lui paraiffoit plus aimable. Il vouloit armer la vanité contre l'amour, & en mortifiant fon orgueil, triompher d'une femme qui croyoit plaindre & aimer fon égal : elle s'obftinoit à regarder comme un des artifices groffiers du roi, le foin qu'il prenoit de lui repréfenter inceffamment fon mari fous les traits d'un intriguant obfcur.

Défespéré de fon peu de fuccès, Henri résolut d'employer un moyen qui lui affureroit à la fois & le trône, & peut-être le cœur de la princeffe. Poynings, chargé des ordres du monarque, fe rend à la Tour auprès du duc d'Yorck' dont le malheur n'ébranloit point la fermeté ; fi quelques larmes lui échap

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