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i tout ce qu'on éxige de ma fituation malheureufe. On me promet d'épargner les jours de cette épouse fchère; je rends l'Etre-luprême garant de cette promeffe: oui, Maitre des rois, c'est dans tes • mains que je dépose ma plainte & ma vengeance, fle parjure trahilloit cet engagement facré, Non, je ne fuis point le duc d'Yorck; le duc Yorck n'auroit eu peut-être ni mon cœur, ni La noble ambition qui m'enflammoit je fuis le dan fimple particulier; mon nom est Varbeck;

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ce nom, je l'euffe illuftré, lorfque tant d'autres dedonorent le leur. Je ne voyois dans l'univers entier qu'une place où l'on pût s'affeoir, trone, & jai brûlé d'y monter. Il n'eft point quc ici d'examiner fi mes ayeux ont été Murs ou fupérieurs à ceux d'Owen, fi Henri e un ufurpateur ou un roi légitime, fi l'aveu Ju peuple Anglais a confacré fon élévation au rang fuprême: il fuffit que le fuccès ait favorisé

Ax Owen, &c. Qu'on fe rappelle que cet OwenTudor, Gaos d'origine, & bifayeul de Henri VII, ne fut connu que par la belle figure, & fon mariage avec Catherine de France,

veure de Henri VI, &c.

> que

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» mon vainqueur, pour que je fois coupable; & en > effet, j'ai commis un crime à fes yeux : j'ai tenté » de lui enlever le fceptre qu'il ravit à Richard, & Richard lui-même avoit arraché à fes neveux. » J'ai pris un nom, un perfonnage qui ne m'appartenoient point, j'en conviens: c'est une bas » feffe dont je me fuis fouillé : j'en fuis bien puni; → J'aurois moins à rougir d'un forfait; le menfonge » avilit toujours, & quelquefois la grandeur est à côté de l'attentat. Sans doute mon ambition fe fût applaudie d'employer des moyens plus nobles; j'aurois afpiré à exister par moi-même, à pouvoir dire c'eft Varbeck, le fils d'un marchand de » Tournai qui déclare la guerre au souverain de → la Grande-Bretagne, qui se préparé à l'attaquer jufques fur fon trône, qui tâchera de l'en précipiter; offerte fous ces traits, on eût ri de mon audace, & on l'admiroit dans le rôle du duc » d'Yorck contre lequel mon orgueil fe foulevoit fans ceffe, & qui n'étoit capable que de flatter ma > vanité, fatisfaction bien faible & même humiliante pour une ame jaloufe de faire valoir fes propres forces. Qui m'a donc déterminé à mettre

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il d'aimer, à moi qui dois fans ceffe m'occuper de combats, de châtiments, appréhender que la fortune ne m'abandonne, m'affurer un port dans les orages

?

Rien n'empêche que votre majesté ne goûte les douceurs d'une paffion qu'il lui fera facile de fatisfaire. La comteffe fe trouvera flattée d'une tendresse dont elle eft forcée de rougir avec son époux. Elle recevra les vœux d'un fouverain; elle aura bientôt oublié ce inéprisable Varbeck.

Henri revoyoit fouvent chez la reine cet objet qui, tous les jours, lui paraiffoit plus aimable. Il vouloit armer la vanité contre l'amour, & en mortifiant fon orgueil, triompher d'une femme qui croyoit plaindre & aimer fon égal: elle s'obstinoit à regarder comme un des artifices groffiers du roi, le foin qu'il prenoit de lui représenter inceffamment fon mari fous les traits d'un intriguant obfcur.

Désespéré de fon peu de fuccès, Henri résolut d'employer un moyen qui lui affureroit à la fois & le trône, & peut-être le cœur de la princeffe. Poynings, chargé des ordres du monarque, fe rend à la Tour auprès du duc d'Yorck' dont le malheur n'ébranloit point la fermeté ; fi quelques larmes lui échap

poient, c'étoit le fort de son épouse qui les faifoit couler; nous l'avons dit : l'amour feul le retenoit à la vie. Le roi, lui dit Poynings en l'abordant, vous a donné fa parole qu'on épargneroit vos jours ; vous devez fentir que c'eft à une condition qu'il eft en votre puiffance de remplir : il faut qu'un écrit figné de votre main contienne votre hiftoire détaillée depuis votre berceau jufqu'à ce moment, que tout ce qui concerne vous & votre famille,y foit offert avec ingénuité; vous ajoûterez à cette confeffion éxacte les noms de vos complices ; vous n'oublierez point leurs fuggeftions, leurs manœuvres, & alors le fouverain tiendra fa promeffe. Le jeune-homme fecoue fes chaînes, en regardant l'émiffaire de Henri d'un air dédaigneux : - C'eft un roi qui vous envoye! & telle eft fa parole ! j'ai befoin en cet inftant plus que jamais de me ressouvenir que je fuis le duc d'Yorck. Mes complices font tous ceux qui déteftent l'ufurpation & le parjure; c'eft là ma réponse.

Mais qu'efpérez-vous en perfiftant dans votre menLonge? Si Henri ne fçait point régner, je fçaurai mourir... C'eft pour une épouse seule que mon ame eft troublée. Quoi! vous ne voulez point

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avouer...

Je fuis le duc d'Yorck, le fils d'Edouard IV, le frère du malheureux Edouard V; je me fens digne de mon rang, & le petit fils d'Owen Tudor eft fait pour trahir fa promeffe facrée, & pour achever d'exterminer une famille dont un faible refte étoit échappé aux coups de l'inhumain Richard III. Voilà tout ce que j'aurai à dire jufqu'au dernier foupir. Songez-vous que l'echaffaut vous attend? - J'y monterai, comme j'aurois monté au trône.

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Poynings revole auprès de fon maître & lui fait part de l'obftination dn prifonnier, & de fon audace. Le roi garde quelque tems le filence, puis le rompant tout à coup : -Chevalier, l'intrépidité de Varbeck cédera au nouvel affaut que je lui prépare; soyez bien fûr qu'il ne fçauroit résister ; oui, j'obtiendrai l'aveu que je defire.

Henri explique à Poynings le moyen victorieux qu'ils doivent employer, & ce dernier fe hâte de retourner à la prison.

La ducheffe avoit demandé à être renfermée dans la Tour avec fon époux : Henri s'étoit opiniâtré à lui refuser cette grace; il n'avoit pas même voulu lui accorder la confolation de le voir une feule fois. La

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