L'ANGLETERRE reprenoit son ascendant sur l'Ecoffe. Edouard III annonçoit ce règne éclatant qui -devoit attacher les yeux de toute l'Europe. La nature fembloit s'être accordée avec la fortune pour diftinguer ce prince du refte des monarques; on eût dit le ciel l'avoit créé exprès pour occuper un que

Salisbury. I.e fonds de cette NOUVELLE ne m'appartient pas ; il eft emprunté d'une espèce d'anecdote inférée dans un journal intitulé le magafin Anglais.

thrône : il avoit la taille majestueuse, le regard doux & impofant ; fa bienfaisance se répandoit avec choix; il fçavoit diftribuer les récompenfes, & puniffoit en roi, & non en homme, c'est-à-dire qu'il étoit affez maître de lui pour dédaigner les offenfes perfonnelles, & ne pourfuivre que celles qui intéreffoient l'état. Jamais fouverain ne réunit de plus brillantes qualités. Sans l'ambition que les admirateurs du faux héroisme appellent l'effor des grandes ames, Edouard eût pu mériter l'éloge d'un prince accompli. Son cœur plein, en quelque forte, de l'yvreffe de la gloire, s'étoit fermé aux charmes d'une paffion dont peu d'homes fçavent fe garantir, & qui eft la fource de la plupart de nos vertus & de nos vices: le jeune Edouard ne connaiffoit point encore l'amour. Il n'afpiroit qu'à refaifir des avantages que fon malheureux père avoit laiffé échapper de fes mains; il brûloit d'abaiffer une puiffance voisine dont l'Angleterre depuis longtems méditoit la conquête. Robert Brûs étoit dans le tombeau, & fon fucceffeur, quoiqu'il eût hérité de son courage, ne faifoit que reculer la perte de la monarchie Ecoffaise.

Le monarque Anglais étoit fervi par des hommes dignes de leur maître : Guillaume Montague avoit combattu avec fuccès les Douglas, les Murray, les