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tout Paris voulut fe procurer des exemplaires de ce. chef-d'œuvre de ridicule, & la fatisfaction d'en connoître perfonnellement l'Auteur inimitable. Il reçut dans fa boutique ces vifites & ces compliments avec une modestie pleine de nobleffe & de gravité. On lui adreffa de tous côtés des lettres de félicitation; un Anglois lui écrivit pour le prier de lui envoyer fa Fiece, afin qu'il la traduisît dans fa langue, & qu'il la fit jouer à Londres. M. André a fait imprimer cette Lettre honorable à la tête de fa Tragédie; il y a placé auffi une Epître Dédicatoire à l'illuftre & célebre Poëte M. de Voltaire, qu'il appelle fon cher Confrere.

ANEAU, (Barthelemi) Auteur du Myftere de la Nativité par Perfonnages, fut d'abord Profeffeur de Rhétorique, & enfuite Principal au College de Lyon en 1542. Il fit un mauvais ufage de la confiance qu'on lui donna. Il s'en prévalut pour accréditer l'héréfie, & pour infecter la Jeuneffe qu'il inftruifoit. On ne fut pas long-temps fans s'en appercevoir; & l'on fe contenta d'abord d'en murmurer: mais un accident arrivé le jour de la Fête du Saint Sacrement de l'an 1565, mit fin à la féduction, en terminant fa vie d'une maniere tragique.

Ce jour, qui étoit le 21 de Juin, comme la Proceffion paffoit vers le College, on lança avec roideur d'une des fenêtres, une groffe pierre fur le Saint Sacrement, & fur le Prêtre qui le portoit. Soit que ce coup vint d'Aneau ou d'un autre, le Peuple entra en foule dans le College, & maffácra Aneau qu'il crut auteur de cet attentat.

ANSART, (M. Jean-Baptifte-Francois) ancien Gendarme, a fait les Refforts amoureux d'Arlequin.

ANSEAUME, (M.) né à Paris, Secretaire, Ré

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pétiteur de la Comédie Italienne, eft un des principaux Auteurs de ce Théatre, & auparavant de celui de l'Opéra Comique. Il embraffa d'abord une profeffion bien oppofée à ce genre de travail. Nos goûts. font nos deftins, dit un Poëte qui fe trouvoit lui-même dans une circonftance à-peu-près femblable. M. Anfeaume quitta les Prêtres de la Doctrine Chrétienne, & prit un autre établiffement, auquel il renonça de même; il put alors fe livrer fans réserve à fon goût dominant. L'Opéra Comique attiroit beaucoup de Spectateurs ce fut fur ce Théatre, que M. Anfeaume expofa fes premiers Effais: il débuta par un Prologue intitulé la Vengeance de Melpomene, & donna enfuite le Chinois poli en France, le Monde renverfé, les Amants trompés, la Fauffe Aventuriere, le Peintre amoureux de fon modele, le Docteur Sangrado, le Médecin de l'Amour, Cendrillon, l'Ivrogne corrigé, les Epreuves de l'Amour, le Maître d'Ecole, le Procès des Ariettes & des Vaudevilles, le Soldat Magicien ; & à la Comédie Italienne, l'Ifle des Fous, Mazet, le Milicien, les deux Chaffeurs & la Laitiere, l'Ecole de la Jeuneffe, la Clochette, le Tableau parlant, la Coquette de Village, la Refource Comique, & a fait tous les Compliments de clôture au Théatre Italien.

Outre les ouvrages dont on vient de parler, M. Anfeaume a eu part à quelques autres, tels que Berthold à la ville, le Dépit généreux, la Nouvelle Troupe, &c. Il ne s'attribue même qu'en partie plufieurs des Pieces que nous avons nommées. C'eft ce qu'il a toujours eu foin de déclarer; mais les Pieces imprimées fous fon feul nom, n'appartiennent qu'à lui feul; & ce font, à coup fûr, les meilleures. Pourquoi difputer à un Auteur des ouvrages qu'il affure être de lui, & que nul autre Ecrivain ne réclame? Cette manie eft des plus communes dans notre fiecle; en eft-elle moins injufte? Elle vife à décourager les talents, & trop fouvent elle y réuffit. Mais revenons à ceux de M. Anfeaume; le genre auquel il s'est particuliérement

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livré, celui des Pieces mêlées d'Ariettes, n'eft pas celui de la vraie Comédie; cependant il a fes difficultés : il exige de la légéreté, de la combinaison; une coupe relative à cette efpece de Drame; l'art de ménager au Muficien fes avantages, fans lui facrifier ceux du Poëte. M. Anfeaume a connu ces principes, & s'en eft rarement écarté, fur-tout lorfqu'il a travaillé feul. Il connoît l'effet théatral d'une fcene, & ne met en chant, que ce qui eft fufceptible d'expreffion ou d'image. On remarque dans fon Dialogue, & de l'aifance & de la jufteffe. Il l'étend ou le reftreint avec une égale facilité. En un mot, fes ouvrages font en général marqués au coin du talent dirigé par le goût, & éclairé par la réflexion. Le Peintre amoureux de fon modele, le Médecin de l'Amour & l'Ecole de la Jeuneffe, trois Pieces que perfonne ne lui difpute, peuvent aller de pair avec certaines Comédies reftées au Théatre François, & qu'on y revoit toujours avec applaudiffement. L'Ecole de la Jeuneffe, fur-tout, eft aux Ariettes près, une Comédie du meilleur genre. Que manque-t-il donc à fon Auteur pour tenir un rang plus diftingué parmi nos Poëtes Dramatiques? Un autre Théatre.

ANTIER, (Marie) Lyonnoife, vint à Paris en 1711, & fut reçue à l'Opéra pour la grandeur & la beauté de fa voix. Elle joignoit, à cette voix admirable, une riche taille, une phyfionomie noble, fiere, impofante, convenable dans les rôles de Magicienne de Princefle & de Divinité. La Demoiselle Rochois prit plaifir à la former; & elle a été pendant 29 ans au Théatre avec fuccès. La Reine, à fon mariage, lui fit préfent d'une tabatiere d'or, avec le Portrait de Sa Majefté. M. & Madame de Toulouse la gratifierent de plufieurs bijoux de prix & de vaiffelle d'argent pour les voyages qu'elle fit à Rambouillet : elle eut l'honneur de repréfenter les premiers rôles dans les Ballers danfés par Sa Majefté: elle quitta le

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Théatre en 1741. avec une penfion de 1500 liv. de l'Opéra, & mourut quelques années après.

ARAIGNON, (M.) Avocat au Parleinent de Paris, a donné le Siege de Beauvais, le Vrai Philosophe, & avec M. Clément, le Prix de l'Amour.

ARDENE, (Efprit Jean de Rome d') né à Marfeille en 1684, mort dans la même ville 1748, a compofé la Comédie du Nouvellifte.

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ARMAND, (François Huguet ) plus connu fous le nom feul d'Armand, naquit à Richelieu en 1699, d'une honnête Bourgeoife du Poitou. Il eut l'honneur d'être tenu fur les fonts de Baptême, au nom de M. le Duc, aujourd'hui Maréchal de Richelieu, qui n'étoit alors guere plus âgé que fon Filleul. L'enfant fut élevé fous le nom d'Armand, qu'il a porté toute la vie, par un fentiment de refpect pour fon Parrain. L'Abbé Nadal, Poitevin comme lui, le plaça chez un Notaire à Paris; mais un penchant pour plaifirs & pour le Théatre, lui fit abandonner la chicane. Après diverfes aventures dignes de Gilblas de Santillane, il joua la Comédie en Languedoc, & revint enfuite à Paris, où il débuta fur le Théatre de la Comédie Françoife en 1723, par le rôle de Pafquin, dans l'Homme à bonnes fortunes. La nature lui avoit donné le mafque le plus propre à caractériser les talents d'un Valet adroit & fourbe; c'eft principalement dans ce rôle qu'il excelloit. On le grava dans le Perfonnage de Carondas, au moment où, à l'exemple du Valet de Zénon, il voloit le Pilofophe fon Maître, par un mal-entendu de Philofophie. Ce rôle, dans la Comédie des Philofophes, celui de Fabrice dans l'Ecofoife, & celui du Garçon Libraire dans la Préfomption à la mode, furent les derniers qu'il repréfenta dans les Pieces nouvelles. Ce Comédien mourut à Paris en 1765. Il s'était retiré du Théa

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tre peu de temps avant fa mort, avec une penfion du Roi, après quarante-deux ans de fervice. Il étoit le Doyen des Comédiens François.

Le caractere de cet excellent Acteur étoit de voir tout gaiement; & dans les affaires les plus férieuses, il ne pouvoit fe refufer une plaifanterie., Il narroit d'une façon à faire diftinguer les différents Interlocuteurs qu'il mettoit en action dans fes récits; il imitoit leur voix leurs moindres geftes; on eût dit que Scarron l'avoit deviné dans le Perfonnage de la Rancune. On a confervé un difcours que cet Acteur avoit compofé étant Clerc de Notaire, & qu'il débita dans une Comédie Bourgeoife, dont il s'étoit chargé de faire le Prologue.

« Meffieurs, mon deffein n'eft pas, dans ce jour » qui renouvelle l'année, de vous jeter de la pou"dre aux yeux, ni de vous faire croire que des » veffies font des lanternes. Je fais trop que Mar» chand d'oignons doit fe connoître en ciboules, & » que vous êtes des éveillés de Poiffy, à qui l'on » ne vous feroit pas paffer des chats pour de lie»vres; parce que vous en avez bien vu d'autres, » & qu'on ne fauroit vous en donner à garder. Je » n'ignore pas qu'un difcours bien, garni de fleurs de » rhétorique, viendroit ici juste comme de cire, ou » fi vous voulez, comme Mars en Carême, & que » ce ne feroit point tirer ma poudre aux moineaux » ni femer des marguerites devant des pourçaux. Mais » il n'y en a pas de plus embarraffé, que celui qui » tient la queue de la poêle à petit Mercier, pe» tit panier, & à bon entendeur demi-mot. Si nous » ne rempliffons pas nos rôles comme les grands Ac»teurs que vous avez journellement fous les yeux, » c'eft qu'il n'eft pas permis à tout le monde d'al»ler à Corinthe, & que qui eft apprenti n'eft pas maî» tre. Loin de nous en faire accroire, nous avouons » de bonne foi, que fi nous comptions moins fur vo»tre indulgence, nous ne faurions tous fur quel pied

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