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s'en plaignit au Roi ; & elle engagea ce Prince à fe placer dans un endroit de fon appartement, d'où il pourroit tout entendre, fans être vu. Augufte fortit le fabre à la main dans le deffein de lui abattre la tête; il fe retint, & fe contenta de le faire enfermer. Conftantini refta vingt ans en prifon; & auffi-tôt qu'il eut fa liberté, il revint à Paris, où les nouveaux Comédiens Italiens le reçurent dans leur Troupe. Il y eut aux premieres représentations où il parut, un concours fi extraordinaire de monde, que la Salle de la Comédie ne put contenir la moitié des perfonnes qui fe préfenterent. Malgré cet empreffement du Public, cet Acteur n'eut pas autant de fuccès à cette reprise, qu'il en avoit eu avant la fuppreffion de l'ancien Théatre: auffi ne joua-t-il pas long-temps; car dans la même année 1729, il partit pour Véronne, où Il mourut peu de mois après fon arrivée.

CONTANT D'ORVILLE, (M.) a compofé pour les Théatres de Province, le Payfan parvenu, ou les Coups de l'Amour, l'Opéra aux Enfers, la Surprife, ou les Rendez-vous, Balthefie, l'Effai des talents, ou les Réjouiffances de la Paix, le Médecin par amour, le Plaifir & la Reconnoiffance. Il a fait auffi des changements au Baron de la Craffe de Poiffon, & au Je ne fais quoi de Boiffy. Il a eu part à la Famille, à Amour Cenfeur des Théatres, à la Fête infernale, & à quelques autres Pieces du Théatre Italien.

COPPIER, (M.) Auteur du Bal de l'Arche-Marion.

COQUILLARD, (Guillaume) Official de Reims', en 1532, a compofé le Plaidoyer d'entre la fimple & la Rufée, & l'Enquête d'entre la Simple & la Rufée, qu'on peut mettre au rang des Pieces dramatiques. A

CORALINE, (Anne-Véronefe, dite) fille de Carlo Véronefé, débuta au Théatre Italien le 6 Mai 17445

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COR pour les Soubrettes, avec fon pere pour les rôles de Pantalon. Tous deux parurent dans la même Piece, intitulée le Double mariage d'Arlequin, canevas Italien de l'ancien Théatre. Tous les deux font originaires de Venife; le pere étoit âgé d'environ quarante-deux ans & la fille en avoit à peine quatorze ; ils firent le plus grand plaifir, & furent également applaudis; mais les talents, ainfi que la beauté de la jeune débutante, n'ayant fait qu'augmenter chaque jour, elle se vit long-temps fans rivale fur ce Théatre, où elle fut reçue, ainfi que fon pere, peu de temps après leur début. Ses talents & fa beauté ont infpiré ces vers à M. Marmontel.

Oui, Lucinde, je t'aime; & mon ame ravie
A puifé dans tes yeux une nouvelle vie ;
Volage dans mes goûts, & froid dans mes defirs,
Je ne trouvois par-tout que l'ombre des plaifirs:
Je t'ai vue, & mon cœur a reconnu fon Maître
Surpris de fes transports, il s'eft fenti renaître ;
Et pareil à l'Aiglon de fon oeuf échappé,
Sous l'aile de l'Amour il s'eft developpé.
Ce feu que je puifois dans le fein de Voltaire,
N'eft plus dans ton Amant que l'ardeur de te plaire;
L'Amour est mon génie, & dicte mes écrits.
Comme il en eft la fouce, en fera-t-il le prix ?
Heureux! fi fur les pas de Fibulle & d'Ovide,
Cueillant pour toi les fleurs du Parnafle & de Gnide,
Je pouvois voir ta main mêler, à mon retour,
Aux rameaux d'Apollon, les myrthes de l'Amour!
La Lyre de Tyrtée a gagné des batailles.
Aux accents d'Amphion Thebes dût fes murailles.
Orphée a fu toucher, par fes tendres accords,
Les Monftres de la Thrace, & le Tyran des morts.
Ovide, abandonné fur des rives profcrites,
Des traits de la pitié perça l'ame des Scythes.
Je n'en fuis point jaloux; & ce talent vainqueur
Aura plus fait pour moi, s'il enchaîne ton cœur.
Ce climat vif & pur, ces lieux plus beaux encore,
Depuis qu'ils t'ont vu naître & mille Amours éclose à

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Avoit produit Cynthie aux yeux étincelants,
Délie au doux fourire, au féduifant langage,
Corine au teint de rofe, au cœur tendre & volage;
Mais crois-moi, ma Lucinde, en ces temps fi vantés,
Si l'on t'eût vu paroître auprès de ces beautés,
Avec cette faîcheur, cet éclat, ce fourire,
Cette bouche appellant le plaifir qu'elle inspire;
Ce corfage arrondi, tel que l'avoit Pfyché,
Quand l'Amour, comme un lierre, y sembloit attaché ;
Ce fein ferme & poli, qui, repouffant la toile,
De fon bouton de rofe, enfle & rougit le, voile ;
Cette main que l'Amour baifoit en la formant,
Et qui ranimeroit la cendre d'un Amant:
Crois-moi, dis-je, Properce, Ovide, ni Tibulle,
N'auroient brûlé jamais que des feux que je brûle;
Et le nom des Beautés célebres dans leurs vers
N'auroit jamais reçu l'encens de l'Univers.

Avant les vers de M. Marmontel, quelqu'un avoit dit, en parlant de cette célebre Actrice r

Coraline toujours nouvelle

Dans chaque rôle où je la vois,
Fait que je fuis, tout à la fois,
Amant inconftant & fidele.

CORAS, étoit ami de le Clerc, auquel il difputa la Tragédie d'Iphigénie.

CORDIER, (M.) a donné la Tragédie de Zaruckma.

CORIOT, (le Pere) de l'Oratoire, & Profeffeur de Rhétorique à Marseille, connu par plufieurs Poéfies, eft Auteur du Jugement d'Apollon fur les Anciens & Les Modernes.

CORMEIL, Auteur du dix-feptieme fiecle, qui a donné Celidore, outre Florife ravie, ou le Raviffement de Florife, qu'on lui attribue encore.

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COR CORNEILLE, (Pierre) naquit à Rouen le 16 Juin 1606. Il fut Avocat Général de la Table de Marbre de cette Ville, l'un des quarante de l'Académie Françoife, & le Reftaurateur de notre Théatre, pour lequel il commença à travailler en 1615, à l'âge de dix-neuf ans, & mourut à Paris le premier Octobre 1684. Comme plufieurs Savants ont fait fon éloge, nous nous contenterons de rapporter le titre de fes trente-trois Pieces, dans l'ordre qu'il les a compofées; savoir, Mélite, Clitandre, la Veuve, la Galerie du Palais, la Suivante, la Place Royale, Médée, 'Illufion, le Cid, les Horaces, Cinna, Polieu&te, Pompée, le Menteur, la Suite du Menteur, Rodogune Théodore, Heraclius, Andromede, Dom Sanche ď Arragon, Nicomede, Pertharite, Edipe, la Toifon d'Or, Sertorius, Sophonisbe, Othon, Agefilas, Autila, Tite & Bérénice, une partie de Pfyché, Pulchérie & Suréna.

Si Corneille erra d'abord avec la foule des Poëtes Tragiques, bientôt il reconnut que la foule & lui s'égaroient. Ce fut fur les pas des Anciens qu'il entra dans la véritable carriere Dramatique ; mais il y découvroit des fentiers qu'ils n'avoient point apperçus, & paffa de bien loin fes guides. Ce qu'il avoit fait, apprit à fa Nation ce qu'elle pouvoit faire. Il parvint à lui élever le génie, & donna le fignal aux Orateurs, aux Philofophes, aux Artistes, &c. Peutêtre que fi Corneille n'eût été qu'un homme ordinaire, Boffuet & tant d'autres n'euffent pas été de fi grands hommes. C'eft à regret qu'on defire, dans les Ouvrages de ce pere du Théatre, un ftyle moins inégal, une diction plus épurée. Corneille, fi excellent Logicien, ne put jamais s'affujettir aux regles d'une Grammaire exacte; on trouve ce défaut jufques dans fes chefs-d'œuvre. C'est joindre à la plus noble Architecture des morceaux de Sculpture gothique; mais ce défaut mis à part, que de beautés fes Ouvrages nous préfentent! que de variété dans les plans!

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que de force dans les caracteres ! que d'élévation dans les idées! malheur à qui ne fait pas fupporter un vieux mot en faveur d'une vérité neuve & utile! De trente-deux Poëmes Dramatiques, dont Corneille eft Auteur aucun fur-tout ne reffemble à ceux d'autrui : fi tous ne font pas d'une égale force, du moins ils offrent tous des traits qui décelent la main dont ils partent. C'est le même génie qui difpose, mais qui n'agit pas toujours avec la même vigueur. Du refte, nul Poëte, dont la chaleur foit plus foutenue, plus communicative; elle agite les Lecteurs les plus engourdis; elle embrafe ceux qui ont en eux quelques étincelles du feu de la Poëfie; c'eft le trépied de la fybille; on n'en peut approcher fans éprouver un foudain enthousiasme.

Corneille, après avoir pris un grand effor, ne fe foutint pas avec la même gloire dans les ouvrages de fa vieilleffe. Le Duc de Montaufier, qui étoit un franc Mifanthrope, lui dit : « Monfieur Corneille, quand » j'étois jeune, je faifois de jolis vers; à préfent que » je fuis vieux, mon génie eft éteint ; croyez moi, » laiffons faire des vers à la Jeuneffe ».

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Entre plufieurs époques glorieufes pour le grand Corneille en voici une que l'on peut citer comme unique. Etant venu un jour à la Comédie où il n'avoit point paru depuis deux ans, les Acteurs s'interrompirent d'eux-mêmes; le grand Condé le Prince de Conti, & généralement tous ceux qui étoient fur le Théatre, fe leverent; les Loges fuivirent leurs exemples; le Parterre fe fignala par des battements de mains, & par des acclamations qui recommencerent à tous les entr'actes. Des marques d'une diftinction fi flatteufe pour l'amour-propre, devoient être bien embarraffantes pour un homme dont la modestie alloit de pair avec le mérite.

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