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Le grand Corneille avoit coutume de dire qu'il devoit plus à Lucain qu'à Virgile, non qu'il fûr affez peu équitable, ou qu'il eût affez peu de goût (comme Boileau a voulu le faire entendre) pour eftimer le fecond moins que le premier; mais un Auteur qui met des Héros fur la Scene, n'a pas befoin de fictions épiques. Il trouve mieux fon compte dans les penfées mâles & énergiques de la Pharfale, que dans l'élégante narration & la conduite judicieufe de l'Enéide.

Corneille, fi élevé, fi fublime dans fes écrits, n'étoit plus le même dans la converfation; il s'énonçoit au contraire d'une maniere fi feche, fi embarraffée, qu'une grande Princeffe qui avoit defiré de le voir & de l'entretenir, difoit qu'il ne falloit point l'écouter ailleurs qu'à l'Hôtel de Bourgogne, qui étoit l'Hôtel des Comédiens.

Lorfqu'il récitoit les vers il fatiguoit tous ceux qui l'écoutoient; auffi Bois-Robert, à qui Corneille reprochoit d'avoir mal parlé d'une de fes Pieces, étant fur le Théatre, lui dit : « Comment pourrois-je » avoir blâmé vos vers fur le Théatre, les ayant » trouvés admirables dans le temps que vous les bar» bouilliez en ma présence ».

Corneille se négligeoit beaucoup pour fon extérieur. Quand les amis, qui auroient fouhaité de le voir parfait en tout, lui faifoient remarquer ces légers défauts, il fourioit & difoit : « Je n'en fuis pas moins » pour cela, Pierre Corneille ». Il s'eft peint luimême par ces fix vers qu'on trouve dans un billet adreffé à Péliffon..

En matiere d'Amour, je fuis fort inégal ;
· J'en écris assez bien, & le fais affez mal,

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J'ai la plume féconde, & la bouche ftérile;
Bon galant au Théatre, & fort mauvais en Ville ;
Et l'on peut rarement m'écouter fans ennui,
Que quand je me produis par la bouche d'autrui.

Ces vers furent faits vingt ans avant la date de ce billet. C'est Corneille qui le dit, voici fes propres mots. "Voila, Monfieur, une petite peinture que je fis de » moi-même, il y a plus de vingt ans. Je ne vaux » guere mieux à présent ».

Comme c'eft une loi à l'Académie Françoise, que le Directeur faffe les honneurs d'un Service pour ceux qui meurent fous fon Directorat, il y eut une conteftation de générofité entre Racine & M. l'Abbé de Lavau, à qui feroit le Service de Corneille; parce qu'il paroiffoit incertain fous le Directorat duquel il étoit mort. La chofe ayant été remise au jugement de la Compagnie, M. l'Abbé de Lavau l'emporta : & Benferade dit à Racine : « Si quelqu'un pouvoit pré>> tendre à enterrer Corneille, c'étoit vous. Vous ne » l'avez pourtant pas fait ».

CORNEILLE, (Thomas) frere du grand Corneille, de l'Académie Françoife, & de celle des Infcriptions, naquit à Rouen en 1625, & mourut à Andely en 1709. Il courut la même carriere que fon frere, mais avec moins de fuccès, quoiqu'il obfervât mieux les regles du Théatre. Defpréaux avoit raifon de l'appeller un Cadet de Normandie, en le comparant à fon ainé; mais il avoit tort d'ajouter, qu'il n'avoit jamais pu rien faire de raifonnable. Le Satyrique avoit oublié apparemment un grand nombre de Pieces, dont la plupart ont été confervées au Théatre, & qui, outre le mérite de l'intrigue, offrent quelques bons morceaux de verfification. Ces Pieces font Ariane, le Comte d'Effex, le Geolier

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de foi-même, le Baron d'Albikrac, la Comteffe d'Or gueil, le Feftin de Pierre, l'Inconnu. Thomas Corneille avoit une facilité prodigieufe dans ce travail. Ariane ne lui coûta que dix-fept jours, & le Comte d'Essex fut fini dans quarante. Cet Auteur avoit une mémoire fi heureufe, que lorsqu'il étoit prié de lire une de fes Pieces, il la récitoit tout de fuite fans héfiter, & mieux qu'un Comédien n'auroit pu faire. Ses autres Ouvrages dramatiques font: les Engagements du hafard, le Feins Aftrologue, Dom Bertrand de Cigaral, l'Amour à la mode, le Berger extravagant, le Charme de la voix, les Illuftres ennemis, Timocrate, Bérénice, Commode Darius, le Galant doublé, Stilicon, Camma, Pyrrhus, Maximien, Perfée & Démétrius, Antiochus, Laodice, Annibal, Théodat, Achille, Dom Cefar d'Avalos, Circe, Bradamante, la Devinereffe, & les Opéra de Pfyché & de Médée.

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Les fuccès de l'ainé des Corneille étoient un grand obftacle à la réputation du plus jeune : il avouoit luimême fon infériorité, & ne défignoit fon ainé que par l'épithete du grand Corneille. Celui-ci, de fon côté, defiroit avoir fait plufieurs des Ouvrages de fon frere; aveu qui eût pú flatter l'Auteur le moins modefte, & qui n'étoit pas un pur effet de générofité. Thomas Corneille pofféda fupérieurement l'art de conduire une Piece, d'amener les fituations, de les varier, en un mot, la partie Théatrale. De là fes fuccès réitérés; mais fes Tableaux, qui ne pechent guere par le deffein, manquent prefque toujours par le coloris. Sa diction eft inexacte & foible; elle nous confirme la facilité avec laquelle on dit qu'il travailloit: facilité toujours dangereufe pour qui s'y livre, parce qu'elle conduit rarement au delà du médiocre.

Defpréaux & Racine qui avoient fait tous leurs efforts pour décrier Quinault, engagerent Thomas Corneille à compofer des Opéra, afin de fupplanter

COS

COR leur ennemi. Corneille fe laiffa perfuader; mais il ne réuffit point. Pierre Corneille, fon frere, avoit auffi voulu s'effayer dans le même genre, & n'avoit pas eu un plus grand fuccès. On a remarqué que les deux freres avoient époufé les deux foeurs, en qui il fe trouvoit la même différence d'âge qui étoit entr'eux. Il y avoit des enfants de part & d'autre, en pareil nombre. Ce n'étoit qu'une même maison qu'un même domeftique. Enfin après plus de vingtcinq ans de mariage, les deux freres n'avoient pas encore fongé à faire le partage des biens de leurs femmes.

Defpréaux difoit de Thomas Corneille : « C'est un » homme emporté de l'enthoufiafme d'autrui, & qui "na jamais pu rien faire de railonnable. Vous diriez » qu'il ne s'eft étudié qu'à copier les défauts de fon

» frere ».

Gacon fit l'In-promptu fuivant, fur le Portrait de Thomas Corneille.

Voyant le Portrait de Corneille :
Gardez-vous de crier merveille ;*
Et dans vos transports n'allez pas,
Prendre ici Pierre pour Thomas.

CORNEILLE DE BLESSEBOIS, (Pierre) vivoit encore en 1686, & a fait trois Pieces, qui font : Mademoifelle de Sçai, Eugénie, & la Corneille de Mademoiselle de Sçai.

COSNARD, (Mademoiselle) née à Paris, fit paroître en 1650, les Chaftes Martyrs.

. COSTARD, Libraire à Paris, a fait imprimer des amufements dramatiques, compofés de trois Pieces; favoir, les Orphelins, Zdide, & Lucile.

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COSTE, (de) on lui attribue la Paftorale de Lifimene.

COTIN, (Charles) né à Paris, où il mourut en 1682, étoit Chanoine de Bayeux, Aumônier du Roi, & l'un des quarante de l'Académie Françoife: il eft plus connu par les Satyres de Boileau, que par fes Ouvrages, dont cependant quelques-uns font affez bien écrits. Il a fait la Paftorale Sacrée.

COTTIGNON, (Pierre) fieur de la Chefnaye, Auteur d'une Tragédie de Madonte.

COUPE, (Mademoiselle) jolie Actrice, retirée de T'Opéra depuis plufieurs années.

Coupé, mille Amours fur vos traces,
Viennent entendre vos chansons ;
Vous les attirez par vos fons,

Et les retenez par vos graces.

COURTIAL, (M.) a fait imprimer un Drame intitulé la Piété filiale.

COURTIN, (Jacques) fieur de l'lfle a fait en 1584, une Piece intitulée Bergerie.

COUSIN, (Gilbert) né en Franche-Comté, l'an 1505, fut, à ce qu'on croit, Domestique d'Erafme. Outre un très-grand nombre d'écrits, il a fait la Tragédie de l'Homme affligé.

COYPEL, Charles) mort à Paris en 1752, âgé de 58 ans, étoit né d'une famille fertile en grands Peintres, & étoit lui-même très-favant dans cet Art. Les places de premier Peintre du Roi & de M. le Duc d'Orléans, & de Directeur de l'Académie Royale de Peinture & de Sculpture, qu'il a remplies avec honneur jufqu'à

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