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fa mort, en font la preuve. Il avoit beaucoup d'efprit; & écrivoit d'ailleurs très-bien. Outre divers discours Académiques, il a compofé plufieurs Pieces de Théatre, dont quelques-unes ont été jouées à la Cour; les autres, fur des Théatres de Société. Celles qui font parvenues à notre connoiffance font les Amours à la Chaffe, les Folies de Cardénio, le Triomphe de la raifon, l'Ecole des peres, la Capricieufe, le Danger des richeffes, les Bons procédés, les Défordres du jeu, Sigif mond, l'Auteur, la Force de l'exemple, les Tantes, les Trois freres, les Captifs, la Soupçonneuse, la Vengeance honnête, les Jugements téméraires, le Défiant, Alcefte, l'Indocile, la Poéfie & la Peinture, & la Répétition.

CRÉBILLON, (Profper Jolyot de) né à Dijon en 1674, de Melchior Jolyot, Greffier en chef de la Chambre des Comptes de cette Ville, & d'une ancienne famille de Bourgogne, ennoblie en 1442, commença à travailler pour le Théatre en 1705, fut recu à l'Académie Françoise en 1731, & fit fon compliment en vers. Il étoit auffi des Académies de Dijon & de Rouen. Ses Pieces font Idoménée, Atrée & Thyefte, Eletre, Rhadamifte & Zénobie, Xerxès, Semiramis, Pyrrhus, Catilina, le Triumvirat. On lui attribue une Tragédie de la Mort de Cromwel, fous le nom de la Mort d'Agis, qui n'a été ni représentée, ni imprimée, ni même achevée. Il mourut à Paris en 1762, fut inhumé à Saint-Gervais, où le Roi vouloit lui faire élever un Maufolée.

Borné, peut-être volontairement, à fuivre une feule carriere, Crébillon y trouva encore bien des obftacles. Corneille & Racine l'avoient dévancé ; ils avoient enlevé tous les fuffrages; & c'étoit beaucoup, que d'ofer fuivre leurs traces; mais ce n'étoit point affez pour lui; il vouloit marcher de pair avec eux. Peut-être même agit-il moins par

choix

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choix, que par impulfion? Le génie balance peu; it décide; il projette moins qu'il n'exécute. Crébillon rappella fur la Scene tout le Tragique d'Efchyle, avec une régularité de plans qu'Elchyle ne connut jamais. Son tyle nerveux n'a ni l'élévation de Cor neille, ni l'élégance de celui de Racine; il préfere les penfées aux images. Ses vers ont plus de force d'harmonie ; & fon pinceau mâle ne peint prefque jamais que des objets terribles en un mot, fon génie nous affervit; mais c'eft en Tyran, à force de nous faire trembler, & d'étaler à nos yeux le carnage

que

& l'horreur.

Crébillon avoit une façon finguliere de compofer. Jamais il n'a fait par écrit le plan d'aucune de fes Tragédies, fi l'on excepte Xerxès, qui n'eft affurémenc pas la mieux conduite de toutes les fiennes. Il ne falloit pas d'entraves à fon génie ; & plus de méthode qu'il n'en admettoit, l'auroit gêné. Il n'écrivoit même jamais fes Pieces, que quand il falloit les donner au Théatre. On étoit l'Affemblée, dans laquelle il récita Catilina aux Comédiens ; & l'on eft témoin qu'il le leur dit tout de mémoire. Quand, felon fon ufage, il récitoit à fes amis quelque chofe de la Piece qu'il compofoit, fi quelqu'un d'entr'eux lui faifoit une critique qu'il crût devoir adopter, l'endroit qu'en conféquence il fupprimoit, s'effaçoit totalement de fa tête; & il n'y reftoit plus que ce qu'il y avoit fubftitué.

On demandoit un jour à Crébillon, dont on a attribué les Tragédies à un Chartreux, quel étoit fon meilleur Ouvrage ? « Je ne fais, répondit-il, quel eft » le meilleur; mais je fuis fûr, en montrant fon fils, » que voilà le plus mauvais. C'eft, repliqua celui» ci, qu'il n'est pas du Chartreux ».

On croit ne devoir pas omettre que le Mardi 6
Tome III.

I

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Juillet, les Comédiens François firent célébrer, dans l'Eglife de Saint-Jean-de-Latran, un pompeux Service, comme une preuve de leur reconnoiffance pour ce grand Poëte, & un monument de leur refpect pour les Lettres. Tout ce qu'il y avoit de plus diftingué par la naiffance & par le rang, ou par le goût & l'amour des Lettres, tous les Membres des Académies & de tous les Corps littéraires, ainfi que tous les autres gens de Lettres, les Artiftes & les gens de talents célebres y avoient été invités par des billets imprimés, de la part des Comédiens. Il s'y rendit un fi grand nombre de perfonnes, qu'à peine le vaiffeau pouvoit-il les contenir cependant cela n'occafiona pas le moindre tumulte, par l'ordre exact qui fut obfervé, & par le fentiment de refpect qu'infpiroit, à tous les affiftants, l'objet de cette cérémonie.

CRESSIN, (Jacques) Auteur Proteftant, a publié en 1584, une Comédie intitulée le Marchand Converti.

CROISILLES, Jean-Baptifte) Abbé de SaintOuen, Auteur d'une Piece intitulée la Chasteté invincible, eft mort en 1651, dans une extrême pauvreté.

CROQUET, nous ne favons autre chofe de cet Auteur, finon qu'on lui attribue les Saturnales Françoifes, imprimées en 1736, où fe trouvent quatre Pieces dramatiques, intitulées le Médifant, les Effets de la prévention, le Triomphe de l'amitié & l'Inégal.

CROSNIER n'eft connu que par une Piece intitulée l'Ombre de fon Rival.

CURI, (de) Intendant des Menus-Plaifirs du Roi,

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eft Auteur des paroles de Zélie, & a retouché Ca

mente.

CUVILLIER, A&teur de l'Opéra, dont on a dit

Ta voix, ton gefte & ta figure,
En toi, tout plaît aux Spectateurs ;
L'Art, d'accord avec la Nature,
A formé le Chantre & l'Acteur.

CYRANO, (Savien) né à Bergerac en Périgord, l'an 1620, avec un caractere bouillant & fingulier. entra en qualité de Cadet au Régiment des Gardes. Il fut bientôt connu comme la terreur des braves de fon temps. Il n'y avoit presque point de jour, qu'il ne fe battît en duel, non pas pour lui, mais pour fes anis. Cent hommes s'étant attroupés un jour fur le Foffé de la Porte de Nefle, pour infulter un homme de fa connoiffance, il difperfa lui feul toute cette troupe 9 après en avoir tué deux & bleffé fept. On lui donna d'une commune voix le nom d'Intrépide. Deux bleffures qu'il reçut, l'une au Siege de Mouzon, l'autre au Siege d'Arras, & fon amour pour les Lettres lui firent abandonner le métier de la Guerre. Il étudia fous le célebre Philofophe Gaffendi, avec Chapelle, Moliere & Bernier. Son imagination pleine de feu, & inépuifable pour la plai fanterie, lui procura quelques amis puiffants, entr'autres le Maréchal de Gaffion, qui aimoit les gens d'efprit & de cœur; mais fon humeur libre & indépendante l'empêcha de profiter de leur protection Il mourut en 1655, à trente-cinq ans, d'un coup à la tête, qu'il avoit reçu quinze mois auparavant. Parmi lés Ouvrages de cet Auteur, on ne compte que deux Pieces de Théatre, le Pédant joué, & la mort d'A grippine.

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DAIGALIERS, (Pierre de Laudun) né à Uzès,

dans le feizieme fiecle, eft réputé l'Auteur des Tragédies des Horaces & de Diocletian.

DAMPIERRE, (M.) Munitionnaire du Roi, le Bienfait rendu, ou le Négociant.

DANCHET, (Antoine) né à Riom en 1671, fit, n'étant encore qu'en Rhétorique, une Piece de vers Latins fur la prife de Nice & de Mons, qu'on jugea. digne de voir le jour. Après avoir occupé pendant quelque temps, avec beaucoup de réputation, la Chaire de Rhétorique de Chartres, il produifit fes talents fur un plus grand Théatre; il eut une place à la Bibliotheque du Roi, à l'Académie des Infcriptions, & à l'Académie Françoife; & il juftifia ces différents choix par plufieurs Pieces de Poéfies, & fur-tout, par des Drames lyriques. Il mourut à Paris en 1748, où il s'étoit fait aimer autant par fon caractere, qu'eftimer par fon efprit. Ami généreux, fincere, défintéreffé, exact à fes devoirs, & affidu au travail, il eut toutes les qualités d'un homme de Lettres, fans en avoir les défauts. Il ne fe permit jamais un feul vers faty-. rique, quoique Poëte outragé. Un de fes Rivaux l'ayant infulté dans une fatyre fanglante, il fit en réponse une épigramme très-piquante, l'envoya à son ennemi, en lui déclarant que perfonne ne la verroit, & qu'il vouloit feulement lui montrer combien il étoit facile & honteux d'employer les armes de la fatyre.

Danchet poffédoit les talents propres des deux Académies dont il étoit Membre, à-peu-près au même degré que l'Art dramatique. Content de mettre dans. Les Poëmes une marche réguliere, des incidents ana

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