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dans différentes Eftampes, des parties d'hommes d'animaux, de plantes, ou d'arbres qu'il découpoit, & dont il formoit un fujet deffiné feulement dans fon imagination. Il les colloit, les unes auprès des autres, felon que le fujet le demandoit; il lui arrivoit même de changer l'expreffion des têtes qui ne convenoient pas à fon idée, en fupprimant les yeux, la bouche, le nez, & les autres parties du vifage, & en y ajoutant d'autres qui étoient propres à exprimer la paffion qu'il vouloit peindre, tant il étoit sûr du jeu de fes parties, pour l'effet qu'il en attendoit. Ce qu'il y a d'étonnant, c'eft que cet affemblage de Pieces rapportées, en apparence, au hafard, & fans efquiffe, formoit un tout agréable, dont l'incorrection de def

fein n'étoit fenfible qu'à des yeux connoiffeurs.

Dufrefny avoit, fur-tout, pour l'art de construire les Jardins, un génie fingulier, mais nullement fufceptible de comparaifon avec celui des grands-hommes que nous avons eus, & que nous avons encore dans ce genre. Il ne travailloit, avec plaifir, que fur un terrain irrégulier & inégal. Il lui falloit des obftacles à vaincre; & quand la nature ne lui en fourniffoit pas, il s'en donnoit à lui-même, c'eft-à-dire, que d'un emplacement régulier & d'un terrain plat, il en faifoit un montueux, afin, difoit-il, de varier les objets en les multipliant, & fe garantir des vues voifines, en leur oppofant des élévations de terre qui servoient en même temps de Belveders. Tels étoient, dit-on, les Jardins de Mignaux, près de Poiffy; tels font encore ceux qu'il a faits dans le Fauxbourg SaintAntoine, pendant les dix dernieres années de fa vie, dont l'un eft connu fous le nom du Moulin, & l'autre qu'il appelloit le Chemin Creux. On connoît auffi la Maifon & les Jardins de feu M. l'Abbé Pajot, près de Vincennes ; & par ces différents morceaux, on peut juger du goût & du génie de Dufrefny dans ce genre. Louis XIV ayant pris la réfolution de faire faire à Verfailles des Jardins dont la grandeur & la magnifi

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cence furpaffaffent tout ce qu'on auroit vu, & même
imaginé jufqu'alors, lui demanda des Deffeins. Du-
frefny en fit deux différents. Ce Prince les examina
& les compara avec ceux qu'on lui avoit préfentés:
il en parut content, & ne les refufa que par l'excef-
five dépenfe dans laquelle l'exécution l'auroit engagé.
Ce Monarque, qui aimoit les Arts, & qui les avoit
portés à leur plus haut degré de perfection, par
les récompenfes dont il prévenoit ceux qui s'y dif-
tinguoient, accorda à Dufrefny un Brevet de Con-
trôleur de fes Jardins.

M. de Voltaire a dit de Dufrefny :

Et Dufresny, plus fage, & moins diffipateur,
Ne fût pas mort de faim, digne mort d'un Auteur.

Il est vrai que, loin d'avoir jamais rien amaffé par avarice ou autrement, fes dépenfes alloient toujours au delà de ce qu'il poffédoit. Louis XIV l'avoit comblé de graces; Dufresny en obtint encore le Privilege d'une nouvelle Manufacture de grandes Glaces, dont le fuccès a été prodigieux. Dufresny céda ce Privilege pour une fomme affez modique. Le temps du Privilege des Glaces étant expiré, Sa Majefté ordonna aux nouveaux Entrepreneurs de cette Manufacture de donner à Dufrefny 3000 livres de penfion viagere; mais fa prodigalité n'ayant point de bornes, il s'accommoda avec ceux qui lui payoient cette rente & s'en dépouilla de maniere à n'y plus revenir. Le Roi, ayant appris ce dernier trait de Dufresny, ne put s'empêcher de dire qu'il ne fe croyoit pas affez puissant pour l'enrichir.

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Voici un trait qui peint au naturel le génie de Dufrefny. Le Sage conte cette aventure finguliere, dans le dixieme Chapitre de fon Diable Boiteux. Il s'agit

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de marquer à différents perfonnages des places aux Petites Maifons.

« J'y veux envoyer auffi, dit le Diable, un vieux » garçon de bonne famille, lequel n'a pas plutôt un » Ducat, qu'il le dépenfe, & qui, ne pouvant fe paffer » d'efpeces, eft capable de tout faire pour en avoir. » Il y a quinze jours, que fa Blanchiffeufe, à qui » il devoit trente piftoles, vint les lui demander, en » difant qu'elle en avoit befoin pour fe marier à un » Valet-de-chambre qui la recherchoit. Tu as donc » d'autre argent, lui dit-il; car où diable eft le » Valet-de-chambre qui voudra devenir ton mari » pour trente pistoles? Hé! mais, répondit-elle, j'ai » encore, outre cela, deux cents ducats. Deux cents » ducats, répliqua-t-il avec émotion: mal- pefte, tu » n'as qu'à me les donner à moi; je t'épouse; & nous voilà quitte à quitte; & la Blanchiffeufe eft » devenue fa femme ».

DUGUÉ a compofé conjointement avec un Anonyme la Mufique d'un divertiffement de Fuzelier, intitulé Jupiter & Europe.

DUHAMEL, (Jacques) Avocat à Rouen, eft Auteur de Sichem raviffeur, d'Acoubar & de Lucelle.

Duhamel avoit quelque talent pour le genre Dramatique; & l'on peut affurer que ce fut le meilleur de tous les Poëtes de ce genre, qui parurent depuis Garnier jufqu'à Hardy. Mais personne n'ofoit alors combattre le goût d'un fiecle où l'on fortoit rarement de la médiocrité.

DUHAMEL, (Mlle.) Agnès, divertiffement.

DUJARDIN (Roland) le Repentir amoureux. DUJARDIN : le Mariage de la raifon avec l'efprit..

DUL

DUM

Du LAURENT, (Charles) Britannicus.

DUMAR vivoit vers l'an 1686, & a fait le Cocu en herbe & en gerbe, Comédie en cinq actes, en vers.

DUMAS, Auteur d'une Paftorale de Lydie.

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DUMENI, étoit le nom d'un Acteur de l'Opéra, mort en 1715: il étoit Cuifinier de fon métier; Lully l'ayant entendu chanter, fat fi content de fa voix, qu'il le demanda à fon Maître, & lui fit apprendre la Mufique, qu'il n'a cependant jamais fue parfaitement. Il a paffé pour Haute-contre; mais ce n'étoit qu'une taille des plus hautes. Il étoit un des plus parfaits Acteurs qui aient jamais paru dans fon genre. Les rôles d'Alys, de Médor, de Phaeton, de Renaud, d'Amadis, &c. ont beaucoup perdu à fa mort. Mais il lui falloit, pendant chaque repréfentation fix bouteilles du meilleur Vin de Champagne; ce qui l'animoit de maniere qu'il étoit au troifieme acte, au deffus du Duméni du premier acte. Il étoit fur le Théatre, de la plus noble représentation; & dans la Ville il avoit l'air d'un manant. La Rochois & lui ne pouvoient fe paffer l'un de l'autre ; & lorfqu'ils étoient enfemble fur le Théatre, ils fe difoient mille injures. Il avoit la coutume de piller toutes les filles de l'Opéra ; dès qu'elles avoient un bijou, c'étoit autant de pris. Aux vacances du Théatre, il alloit en Angleterre ; & il en rapportoit toujours mille piftoles. Mais au dernier voyage qu'il y fit, il en revint avec une extinction de voix, qu'il a confervée jufqu'à fa mort.

DUMESNIL, (Mlle. Marie) née à Paris, y débuta en 1737, après avoir joué la Comédie en Province. Les rôles de Clytemnestre, de Phedre & ďElifabeth, furent ceux qu'elle choifit à fon début.

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Dans fon brillant effai, qu'applaudit tout Paris,
Le fuprême talent se développe en elle;
Et, prenant un effor dont les yeux font furpris,

Elle ne fuit perfonne, & promet un modele.

Mlle. Dumefnil avoit joué deux ans à Strasbourg, avant de venir faire l'ornement de notre Théatre, dans les rôles de fureur, de Reine, & de Mere. Elle fut reçue la même année.

Quand Dumefnil vient fur la Scene,
Au gré des connoiffeurs parfaits,
On croit entendre Melpomene

Réciter les vers qu'elle a faits.

Mlle. Dumefnil, dans le rôle de Cléopâtre, au cinquieme acte, lorfqu'après toutes fes horribles imprécations, & prêt à expirer dans fa rage, elle dit,

Je maudirois les Dieux, s'ils me rendoient le jour.

fe fentit frappée d'un grand coup de poing dans le dos par un vieux Militaire, qui étoit dans les Balcons du Théatre, précisément derriere elle; & cela, en lui difant, à haute & intelligible voix: « Va, » chienne, à tous les Diables ». Ce trait de délire, qui interrompit & le Spectacle & l'Actrice, n'empêcha pas celle-ci de remercier l'Officier après la Piece comme de l'éloge le plus flatteur qu'elle eût pu jamais recevoir dans ce rôle; tant elle avoit fait illufion par la vérité de fon jeu.

DU MONIN, (Jean Edouard) Auteur de deux Pieces, la Pefte de la pefte, & Orbêche, naquit en 1559 à Gys, & mourut affaffiné à l'âge de vingtfept ans.

DU MORET, ( le Pere) de la Doctrine Chrétienne, & Profeffeur au College de Toulouse, a donné anciennement le Sacrifice d'Abraham.

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