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FAV Fanfale; avec MM. Pannard & Laujon, Zéphyre & Fleurette. Aux Petits appartements, avec la Garde, la Cour de Marbre. A Fontainebleau, feul, les nouveaux Intermedes & Divertiffements de l'Inconnue, la Belle Arfene. En Flandre, un Prologue fur les Victoires du Roi, les Comédiens de Flandre.

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Le Théatre de M. Favart, fi piquant par fa fingularité, par la variété des compofitions, & par les agréments répandus dans toutes fes Pieces, réunit prefque tous les genres qui depuis trente ans ont fait l'objet de nos Spectacles. Opéra-Comiques, Parodies, Comédies lyriques, Paftorales, Pieces de fentiments, &c.; tout ce que le Théatre Italien & celui de la Foire ont produit de plus ingénieux dans les nouveaux genres qui s'y font introduits fucceffivement, fe trouve ici raffemblé. Ainfi ceux qui voudront connoître les divers génies de ces deux Théatres, dans la durée du temps qu'embraffe la collection de fes Ouvrages, les y reconnoîtront fans peine; parce qu'il leur a fouvent donné le ton, au lieu de le prendre; ce qui montre, dans cet agréable Ecrivain, une fupériorité de talent qu'on ne met plus en queftion. L'Hiftoire des productions de M. Favart eft donc, en quelque forte, celle des deux Théatres auxquels il s'eft le plus attaché, & l'on verra qu'aucun Auteur n'a mieux réuffi à varier nos amufements. Le feul trait que j'ajouterai aux éloges dus à ce charmant Ecrivain, c'eft qu'il a fu réunir le fentiment & l'efprit, la gaieté & la décence. En un mot, il a la maniere propre, un pinceau qui lui appartient; & dès ce moment, on peut le placer à côté des véritables beaux-efprits, dont notre nation s'honore. Je ne parle pas de fes mœurs, qui le rendent cher à les amis & à la Société.

A Tongres, la veille de la Bataille de Rocoux, le Maréchal de Saxe donna ordre à M. Favart, Directeur de la Comédie, de faire un Couplet de

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pour annoncer cet événement, comme une bagatelle, dont le fuccès n'étoit pas même douteux. Ce Couplet fut fait tout de fuite entre les deux Pieces, & chanté par une Actrice fort aimable, fur l'air : De tous les Capucins du monde.

Demain nous donnerons relâche,
Quoique le Directeur s'en fâche;
Vous voir combleroit nos defirs.
. On doit céder tout à la gloire :
Nous ne fongeons qu'à vos plaifirs;
Vous ne fongez qu'à la victoire.

Enfuite on annonça pour le furlendemain, le Prix de Cythere, & les Amours Grivois, qu'on repréfenta effectivement, comme un prélude des réjouiffances publiques. Ce qui fit dire, au Camp, que le Maréchal avoit préparé le Triomphe avant la Victoire.

FAVART, (Madame Juftine-Benoîte du Ronce ray, époufe de M.) naquit à Avignon en 1727. Elle étoit fille d'André René du Ronceray, ancien Muficien de la Chapelle de Sa Majefté, & depuis Muficien du feu Roi Staniflas. Sa mere, Perrete - Claudine Bied, étoit auffi Muficienne de la Chapelle du Roi de Pologne. Ce Prince, qui s'intéreffoit au bonheur de tous ceux qui l'environnoient eut la bonté de contribuer lui-même à l'éducation de la petite du Ronceray, qui s'annonçoit déja par des talents prématurés. Les plus habiles Maîtres la formerent pour la Danfe & la Mufique.

1 En 1744, fa mere obtint un congé pour venir à Paris, & y amena fa fille. Mlle. du Ronceray parut à l'Opéra Comique de la Foire Saint Germain, fous le nom de Mlle. Chantilly, premiere Danseuse du feu Roi de Pologne, & débuta par le rôle de Laurence, qu'elle joua d'original dans une Piece intitulée les Fêtes publiques, faite à l'occafion du premier Mariage de feu M. le Dauphin. Elle ent

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beaucoup de fuccès, tant dans la Danfe, que dans le Chant & le Dialogue.

Cette même année, l'Opéra-Comique fut entiérement fupprimé , parce que fes progrès alarmoient les autres Spectacles. M. Favart, qui étoit alors Directeur de ce Théatre, pour le compte de l'Académie Royale de Mufique, obtint une permiffion de donner un Spectacle Pantomime à la Foire Saint-: Laurent, fous le nom de Mattheus, Danfeur Anglois, toujours pour le compte du grand Opéra afin de remplir les engagements que l'on avoit pris avec les Acteurs de l'Opéra-Comique. Mlle. Chantilly, & Mlle. Gobé, aujourd'hui veuve de M. Trial, en firent la réuffite, par la façon dont elles exécuterent une Pantomime intitulée les Vendanges de Tempé.

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Sur la fin de la même année, au mois de Décembre, Mlle. Chantilly époufa M. Favart, qu'elle fuivit à Bruxelles; parce qu'il étoit chargé de la Direction du Spectacle de cette Ville. Ce fut-là que fes talents fe développerent: talents dangereux qui lui attirerent, ainfi qu'à fon mari, les plus cruelles perfécutions de la part de ceux qui devoient les protéger.. Ils aimerent mieux, pour s'y fouftraire, facrifier toute leur fortune; ce qu'ils exécuterent, après avoir fatisfait à tous leurs engagements, & payé les dettes de la Direction.

Madame Favart vint donc à Paris, & débuta au Théatre Italien. Il n'y a point eu d'exemple d'un plus grand fuccès; mais les perfécutions fe renouvellerent, & l'empêcherent de continuer fon début. Enfin elle en triompha; & l'année suivante elle reparut fur le même Théatre, avec encore plus d'avantage. Une gaieté franche, naturelle, rendoit fon jeu agréable & piquant; elle n'eut point de modele & en fervit. Propre à tous les caracteres, elle les rendoit avec une variété furprenante : Soubrettes, Amoureuses, Payfannes, rôles naïfs, rôles de caractere, tout lui

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devenoit propre ; en un mot, elle fe multiplioit à l'infini; & l'on étoit étonné de lui voir jouer le même jour, dans quatre Pieces différentes, des rôles entiérement opposés.

La Servante Maîtreffe, Bastien & Baftienne, Ninette à la Cour, les Sultanes, Annette & Lubin, la Fée Urgelle, les Moiffonneurs, &c. ont prouvé qu'elle faififfoit toutes les nuances; & que, n'étant jamais femblable à elle-même, elle fe transformoit, & paroiffoit tous les personnages qu'elle repréfentoit. Elle imitoit fi parfaitement les différents idiomes & dialectes, que les perfonnes dont elle empruntoit l'accent, la croyoient leur compatriote.

Au retour d'un voyage de Lorraine, Mde. Favart fut arrêtée aux Barrieres de Paris, vétue d'une robe de Perfe. On en trouva deux autres dans fes coffres: ces étoffes étoient alors févérement prohibées; on voulut les faifir; mais elle eut la préfence d'efprit de dire, dans un baragouin moitié François, moitié Allemand, qu'elle étoit étrangere; qu'elle ne favoit pas les ufages de France, & qu'elle s'habilloit à la façon de fon pays. Elle perfuada fi bien, que le premier Commis de la Barriere, qui avoit resté plufieurs années en Allemagne, prit fa défense, la laissa paffer, & lui fit beaucoup d'excules.

Les talents qu'elle poffédoit, n'étoient rien en comparaifon des qualités de fon cœur: une ame fenfible, une probité intacte, une générofité peu commune, un fond de gaieté inaltérable, une philofophie douce conftituoient fon caractere. Elle ne s'occupoit que des moyens de rendre fervice; elle en cherchoit toutes les occafions; & quoiqu'elle fût fouvent payée d'ingratitude, elle difoit : « on a beau faire, on ne m'ôteta "point la fatisfaction que je fens à obliger ».

Au mois de Juin 1771, la maladie dont elle eft morte, fe déclara ; fa fermeté n'en fut point ébranlée; & quoiqu'elle connût que fon état étoit défefpéré, elle continua de jouer pour l'intérêt de fes camarades,

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FAV jufqu'à la fin de cette même année. Elle s'alita le jour des Rois, envoya chercher des Notaires pour fon teftament, qu'elle fit avec une préfence d'efprit, une tranquillité d'ame, & un enjouement qui les étonnerent. Enfuite elle demanda les fecours de l'Eglife, qui lui furent adminiftrés. Elle les reçut avec une entiere réfignation, mais fans rien perdre de fon ca-. ractere. Elle fit elle-même fon épitaphe, qu'elle mit en mufique, dans les intervalles des plus cruelles douleurs; elle plaisantoit fur fon état, & confoloit ceux qui l'approchoient. Elle s'occupa des foins de fon ménage, & des détails les plus minutieux, jusqu'à la furveille de fa mort, qui arriva le 21 Avril 1772.

Dans le Recueil imprimé des Euvres de M. Favart, le cinquieme Tome a été mis fous le nom de fa femme. « On fent bien, dit l'Editeur, qu'en la nom» mant, c'eft nommer fon mari, dont il eft aifé de » reconnoître le ftyle; mais entre époux de bonne » intelligence, les talents & les agréments de l'efprit » doivent entrer dans la communauté. Madame Fa"vart, à portée de puifer à la fource le goût des. » fentiments délicats, avec l'art de les exprimer » réuniffoit le talent de la compofition à ceux de » l'action. De là les fix Pieces qui rempliffent ce » Volume » Les Amours de Baflien & Baflienne; les Enforcelès, ou Jeannot & Jeannette, la Fille mal gardée, ou le Pédant amoureux, la Fortune au Village la Féte d'Amour, ou Lucas & Colinette, & Annette & Lubin.

Madame Favart a eu effectivement part aux Pieces où l'on a mis fon nom, tant pour les fujets qu'elle indiquoit, les canevas qu'elle préparoit, & les choix des airs, que par les penfées qu'elle fournifloit, les couplets qu'elle compofoit, & différents Vaudevilles dont elle faifoit la Mufique. Son mérite en ce genre étoit peu connu, parce que fa modestie l'empêchoit d'en tirer avantage. Ifolée, retirée dans le fein de fa famille, elle ne cherchoit point à faire la cour; elle

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