DRAMATIQUES, CONTENANT 1o. Toutes les Pieces de Théatre, Tragédies, Comédies, Paftorales, Drames, Opéra, Opéra - Comiques, Parades, Proverbes, qui ont été joués à Paris ou en Province, fur des Théatres publics, ou dans des Sociétés particulieres, depuis l'origine des Spectacles en France, jufqu'à l'année 1775, rangés par ordre Alphabétique. 2o. Tous les Ouvrages Dramatiques qui n'ont été représentés_fur aucun Théatre, mais qui font imprimés, ou confervés en manufcrits dans quelques Bibliotheques. 3o. Un Recueil de tout ce qu'on a pu raffembler d'Anecdotes imprimées, manufcrites verbales, connues ou peu connues; d'Evénements finguliers, férieux ou comiques; de Traits curieux, d'Epigrammes de Plaifanteries, de Naïvetés & de Bons-mots, auxquels ont donné lieu les Représentations de la plupart des Pieces de Théatre, foit dans leur nouveauté, foit à leurs reprises. 4. Les noms de tous les Auteurs, Poëtes ou Muficiens, qui ont travaillé pour tous nos Théatres, de tous les Acteurs ou Actrices célebres qui ont joué à tous nos Spectacles, avec un jugement de leurs Ouvrages & de leurs Talents, un abrégé de leur vie, & des Anecdotes fur leurs perfonnes. 5. Un Tableau, accompagné d'Anecdotes, des Théatres de toutes les Nations. TOME TROISIEME A PARIS, Chez la Veuve DUCHESNE, Libraire, rue St. Jacques, au Temple du Goût. M. DCC. LXXV. AVEC APPRORATION ET PRIVILEGE DU ROI. ANECDOTES DRAMATIQUES. AUTEURS ET ACTEURS... АВА A BE ABANCOURT, (M. d') Auteur vivant, a donné le Philofophe foi-difant, l'Ecole des Epoufes. Elife & Charmus, Pieces jouées fur des Théatres de fociété. ABEILLE, (Gafpard) naquit à Riez en 1648. I fortit fort jeune de fa Province, vint à Paris, & s'y fit rechercher par l'enjouement de fon efprit. Le Ma-, réchal de Luxembourg fe l'attacha en qualité de fon Secretaire; & le Poëte fuivit le Héros dans fes cam pagnes. Le Maréchal lui donna fa confiance pendant fa vie; & à fa mort il le recommanda à fes héritiers comme un homme estimable. M. le Prince de Conti & M. le Duc de Vendôme l'honorerent de leur familiarité. Il leur plaifoit par fa converfation vive & animée. Les bons mots qui auroient été communs dans la bouche d'un autre devenoient plaifants dans la fienne, par le tour qu'il favoit leur donner, & par les grimaces dont il les accompagnoit. Un vifage fort laid & plein de rides, qu'il varioit à fon gré, lui tenoit lieu de différents mafques. Quand il lifoit un Conte ou une Comédie, il' fe fervoit de cette phyTome 111. A ABE A BE fronomie mobile, pour faire diftinguer les Perfonnages de la Piece qu'il récitoit. L'Abbé Abeille fut pourvu da Prieuré de Notre-Dame de la Mercy, & reçu à l'Académie Françoife. Nous avons de lui des Odes, des Epîtres, & plufieurs Tragédies; favoir, Argélie, Coriolan, Lincée & Soliman. On lui attribue encore Crifpin Bel-Efprit, & les Tragédies d'Hercule, de Caton & de Silanus. Plufieurs de fes Pieces furent repréfentées & imprimées fous le nom du Comédien la Thuilerie, parce que l'Abbé Abeille n'ofoit plus mettre fon nom à fes ouvrages, depuis l'aventure qui fit tomber fon Argélie. Voyez ARGÉLIE dans le premier volume. Cet Auteur eft mort à Paris âgé de 70 ans; on lui a fait cette Epitaphe: Ci-gît un Auteur peu fêté, Qui crut aller tout droit à l'immortalité; Mais fa gloire & fon corps n'ont qu'une même biere; Dame Postérité dira: Ma foi, s'il m'en fouvient, il ne m'en fouviënt guere. On n'avoit pas attendu fa mort, pour faire des Epigrammes contre lui. En voici une, attribuée à Racine, qui n'avoit jamais été imprimée, lorsque M. l'Abbé Sabathier, à qui nous en fommes redevables, P'inféra dans fes Trois Siecles de notre Littérature : Abeille, arrivant à Paris, D'abord, pour vivre, vous chantâtes |