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les plus incompatibles. Lorsqu'elle vouloit bien déroger au genre noble, & aux graces pour lesquelles elle étoit née, elle faifoit encore le plus grand plaifir: on l'a vue, pour le prêter aux amusements de quelques fociétés, jouer des perfonnages grotelques, tels que celui de Caffandre dans plufieurs Parades, avec le plus fingulier fuccès.

Mlle. Gauffin époufa en 1758, un Italien nommé Toalaigo, qui avoit été Danfeur à l'Opéra; cinq ans après, par un principe de Religion, elle quitta le Théatre, & elle mourut en 1767.

VERS de Nivelle de la Chauffée à Mlle. Gauffin, dans lesquels l'Auteur attribue tout le fuccès de fa Comédie d'Amour pour Amour, à cette Actrice.

O toi, qui m'as prêté tes talents enchanteurs,
Affemblage parfait des dons les plus flatteurs,
Eleve & modele des Graces,

Aimable & cher objet, que Thalie & fes foeurs
Ne peuvent couronner que de ces mêmes fleurs
Que tu fais naître fur tes traces !

Si je n'ai point encore effuyé de revers,
Je n'en dois qu'à toi feule 'un éternel hommage.
Tes charmes & ta voix font l'ame de mes vers;
Mais que dis-je ? ils font ton ouvrage;

Qui les infpira les a faits.

Qu'ils te foient consacrés par la reconnoiffance;
Tes yeux n'ont rien laiffé de plus à ma puiffance;
Et je ne puis t'offrir que tes propres bienfaits.

GAUTHIER GARGUILLE, nom de Théatre qu'avoit adopté Hugues Guérin, ou Gueru, dit Fléchelles, célebre Farceur, qui débuta dans la Troupe du Marais vers l'an 1598, & pafa enfuite dans celle de l'Hôtel de Bourgogne. Il ne jouoit jamais fans mafque, avec une grande barbe pointue, une calotte noire & plate, des efcarpins noirs, des manches de frife rouges, un pourpoint & des chauffes de frife noires. Il représen toit toujours le Vieillard de la farce, chantoit ordi

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nairement une chanfon; &, quoique mauvaife le plus fouvent, plufieurs ne venoient au Spectacle que pour l'entendre. Cet homme, fi ridicule à la farce, ne laiffoit pas quelquefois de faire le Roi, & affez bien dans les Pieces férieufes, à l'aide du masque & de la robe de chambre que portoient alors tous les Rois de Théatre.

GAUTHIER, (Pierre) Muficien, né à la Ciotat en Provence, étoit Directeur d'un Opéra qui féjournoit alternativement à Marseille, à Montpellier & à Lyon. S'étant embarqué au Port de Cette, il périt avec le Vaiffeau qui le portoit en 1697, âgé de 55 ans. Il y a de lui un Recueil de Duo & de Trio, eftimé des connoiffeurs. La Musique inftrumentale étoit fon principal talent. M. de Voltaire prétend, dans un Ecrit fatyrique contre J. J. Rousseau, qu'on trouva la Mufique charmante du Devin du Village, dans les papiers de Gauthier, & qu'elle fut ajustée aux paroles par le Citoyen de Geneve; mais cette anecdote n'a pas été adoptée.

GENEST, (Charles-Claude) natif de Paris, Abbé de Saint-Vilmer, Aumônier de Madame la Ducheffe d'Orléans, Secretaire des Commandements de M. le Duc du Maine, & Membre de l'Académie Françoife, fe diftingua par fon goût pour la Phyfique, pour la Poéfie, & pour les Belles-Lettres, & mourut à Paris en 1719, à 84 ans. Le plus confidérable de fes ouvrages eft intitulé Principes de la Philofophie de Defcartes, en vers François. On a auffi de lui quatre Tragédies, dont celle qui est intitulée Pénélope, eut beaucoup de fuccès. Son Jofeph en eut bien plus encore chez Madame la Ducheffe du Maine, qui ne dédaigna pas de prendre un rôle dans cette Piece. Les Seigneurs de la Cour, qui avoient le plus d'efprit & de goût, ne pouvoient, dit-on, la voir représenter, ou même l'entendre lire, fans répandre

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GEN des larmes. On raconte que M. le Duc, qu'aucune Tragédie n'avoit jamais fait pleurer, alla défier M. de 'Malezieu, de lui faire partager ce qu'il appelloit la foibleffe commune; mais à peine eut-il entendu le premier Acte, que toute fa fermeté l'abandonna, & qu'il fut auffi foible que les autres. Cependant cette Piece, qui avoit eu tant de fuccès à Clagny, ne parut fur le Théatre François que pour y mourir. fans efpoir de renaître. Les autres Tragédies de l'Abbé Geneft, font Zéloïde, Princeffe de Sparte, & Polymneftor: il a eu auffi beaucoup de part au Recueil intitulé: Les Divertiffements de Sceaux.

Si, dans le choix des sujets, l'Abbé Genest marque un grand amour pour la vertu, les autres parties qui conftituent le genre dramatique, font foiblement rendues dans fes ouvrages. Ses plans font embrouillés, la marche du Théatre mal arrangée, fes perfonnages prefque tous défectueux, & fa verfification dure & profaïque. Malgré tous ces défauts, fi l'Abbé Geneft s'étoit entiétement livré au genre dramatique, on présend qu'il feroit devenu le Rival de Campiftron; & peut-être l'auroit-il furpaffé.

GENETAY, (Octave-César ) fieur de la Gilleberdiere, Auteur de l'Ethiopide.

GEOFFROY, (le Pere Jean-Baptifte) ci-devant Jéfuite, de l'Académie de Caen, ancien Profeffeur de Rhétorique au College de Louis-le-Grand, né à Charoles, en Bourgogne, en 1706, eft Auteur de Bafilide, & d'une Comédie du Mifanthrope.

GERLAND, Gentilhomme de Breffe, Auteur d'une Tragédie de Montgommery.

GERVAIS, Maître de la Mufique de feu M. le Duc d'Orléans, Régent, & enfuite de celle de la

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Chapelle du Roi, mort à Paris en 1744, âgé d'environ 60 ans, a donné la Mufique des Opéra de Médufe, d'Hypermneftre, & des Amours de Prothée.

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GHERARDI, (Evariste) un des Comédiens Italiens, très-connu dans le monde fous le nom d'Arlequin, ayant recueilli les plus belles fcenes des Comédies Italiennes, les fit imprimer. Dès qu'elles parurent, on les fupprima; ce qui excita tellement la curiofité du Public, qu'on en fit en peu de temps un nombre digieux d'Editions à Paris, à Lyon, à Rouen, en Hollande, &c. La fuppreffion n'a pas empêché qu'on n'ait joint, à ce premier tome, un fupplément qui fut encore fuivi d'un troifieme volume: il y a lieu de croire que les Italiens auroient fourni matiere à une longue fuite de Pieces, s'ils n'avoient pas été renvoyés. On attribue particuliérement leur malheur à une fcene de la Comédie d'Arlequin Mifanthrope dans laquelle ils jouoient, dit-on, le Premier Préfident d'autres prétendent que c'eft la Fauffe Prude, dans laquelle ils avoient en vue Madame de Maintenon. Gherardi eft mort en 1700, à la fleur de fon âge, & n'a laiffé de lui que la Foire de Bezons.

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GIBERT, (M.) a fait la Mufique de la Sybille, du Carnaval d'Eté de la Fortune au Village, de Soliman, d'Apelle & Campafpé, de Deucalion & Pyrrha,

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GIBOIN, (Gilbert) de Montargis, jouoit de la Harpe, & étoit grand Arithméticien. Ses ouvrages de Théatre font Alexandre, & les Amours de Philandre & de Marifée.

GILBERT, (Gabriel) né à Paris, dans la Religion prétendue Réformée, fut, dans fa jeuneffe, Secretaire de la Ducheffe de Rohan; & enfuite il le devint des Commandements de Chriftine, Reine de Suede, & fon Réfident en France. Les occupations

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de cette Place n'interrompirent point le cours des productions du fertile Gilbert. Indépendamment des Pieces de Théatre, tant Tragiques que Comiques, qui font parvenues jufqu'à nous, il compofa encore d'autres ouvrages, tant en vers qu'en profe. Cependant, avec un emploi qui annonce des appointements honorables, & malgré le nombre de fes ou vrages, qui eurent une forte de fuccès dans leur temps, Gilbert n'en devint pas plus riche; &, fur la fin de fa vie, il auroit paffé de triftes jours, fi Hervard, Protecteur des gens de Lettres, ne lui eût donné un afyle chez lui, où Gilbert mourut vraisemblablement vers l'an 1675; car on ignore le temps précis de fa mort. On a de lui Marguerite de France, Téléphonie; Hippolyte, ou le Garçon infenfible; Rodogune, Sémiramis, des Amours de Diane & d'Endymion, Crefphonie, Arie & Pétus, les Amours d'Ovide, les Amours d'Angélique & de Médor, les Intrigues amoureufes, Léandre & Hero, les Peines & les plaifirs de l'Amour. On lui attribue encore Théagene, & le Courtifan parfait.

Gilbert a eu le bonheur, de choifir quelques fujets heureux; mais l'art de les employer avec goût lui a manqué. Cependant on ne peut nier, fans injuftice, qu'il n'ait eu des talents; fes Tragédies ne font pas bonnes; mais à travers les défauts dont elles font remplies, on y découvre de certaines fituations heureuses, & dans toutes une verfification ailée. Ses Comédies ont des endroits paffables, & quelquefois un bon ton comique. Jamais il ne fort de la Nature ; fon imagination, fage & réglée, ne produit point de chefs-d'œuvre ; mais elle lui fait éviter ces énormes défauts qu'on reproche avec raison à fes prédéceffeurs; s'il eût paru de leur temps, peut-être les auroit-il furpaffés; mais quel rang peuvent tenir fes ouvrages parmi les productions immortelles de Corneille & de Racine?

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