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GILLET DE LA TESSONNERIE, né en 1620, fut Confeiller à la Cour des Monnoies, & fit pour le Théatre Quixaire, Policrite, Francion, le Triomphe des cinq Paffions; l'Art de régner, ou le Sage Gouvernement; Sigifmond, le Déniaifé, la Mort de Valentinien, & le Campagnard. On lui attribue encore Conftantin, & Soliman.

Gillet eft un des premiers qui ait compofé des Pieces de caractere, tirées de fon propre fond, fans les emprunter des Espagnols ou des Italiens, fuivant l'exemple des Poëtes de fon temps. On peut, il est vrai, lui reprocher fon peu de goût dans le choix des caracteres, qu'il a expofés fans beaucoup de fineffe. Cependant, il faut convenir qu'on n'a pas rendu affez de juftice à cet Auteur prefque inconnu, & auquel on eft redevable d'une conduite plus fage dans l'art dramatique. Dès-lors, on ne prodigua plus les enlévements & les reconnoiffances; & fi le Public crut encore pouvoir fe prêter à ces fortes de reffources, il fallut, pour lui plaire, les préfenter d'une façon plus raifonnable, c'est-à-dire, qu'elles fuffent comiques par le fond,

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par la maniere de les traiter. On peut donc dire, à la louange de Gillet, qu'il ouvrit le premier la carriere brillante, que Moliere courut avec tant de gloire. Ses Pieces, la plupart comiques, font une efquiffe encore légere des défauts & des ridicules de la fociété. Elles font femées de critiques & de traits de mœurs ; & perfonne, avant notre Poëte, n'avoit fi bien peint les coutumes & les goûts de la Nation.

GIRAUD, ( Antoine) Lyonnois, le Pasteur fidele.

GIRAUD, (M.) Muficien de l'Opéra, a compofé la Mufique de Deucalion & Pyrrha, & de l'Opéra de focietė.

GLUCK, (M. le Chevalier) Muficien Allemand

nouvellement

GLU

GLU nouvellement arrivé à Paris, eft Auteur de la Mufique d'un Opéra d'Iphigénie, que M. du Rolley a tiré de la Tragédie de Racine.

Jamais le Public n'a montré plus d'impatience pour une nouveauté; les répétitions d'Iphigénie ont été recherchées & fuivies avec un empreffement extraordi naire; les Amateurs fe diviferent; & la chaleur prématurée des partis fembloit annoncer le renouvellement de la petite guerre musicale, que les Bouffons Italiens exciterent en 1751. Ces guerres d'opinion peuvent bien avoir quelques côtés ridicules; mais les effets en font toujours favorables aux progrès des arts & du goût.

La réputation méritée de M. Gluck étoit bien faite pour juftifier les efpérances d'une partie du Public, & les craintes d'une autre; & il eft impoffible que le nouveau genre de mufique théatrale qu'il fe propofoit d'établir, réunît les fuffrages des Partisans des divers genres de Mufique.

Ce Compofiteur célebre, après avoir donné, avec le plus grand fuccès, un grand nombre d'Opéra fur les différents Théatres d'Italie, avoit cru s'appercevoir que la forme des Opéra Italiens étoit incompatible avec un intérêt continu, & que la Mufique, en facrifiant tout à l'oreille, s'éloignoit chaque jour, de plus en plus, du véritable objet de toute action dramatique. Un Poëte Italien, pénétré des mêmes principes, M. Calfabigi, avoit compofé, fur une forme nouvelle, des Poëmes fur lefquels M. Gluck avoit fait l'épreuve de fes idées de Mufique dramatique. Ces Poëmes font Alcefte, Orphée, Paris & Helene; ils ont été exécutés fur tous les Théatres d'Italie, ou, malgré la force de l'habitude & les oppofitions des Amateurs de l'ancien genre, ils ont enlevé les fuffrages du Peuple le plus fenfible aux charmes de la Mufique. L'Orphée a eu, le Carnaval dernier, le fuccès le plus éclatant fur le Théatre de Naples; & au mois d'Août 1774; celui de Paris.

Tome IIL

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M. Gluck a fenti que la forme & les accessoires de l'Opéra François étoient favorables à ses vues, & plus propres à produire de grands effets. Il n'a pas cru notre Langue incompatible avec la Mufique la plus riche & la plus expreffive, & nos oreilles incapables de l'entendre. M. du Rolley a cru trouver dans l'Iphigénie de Racine, une action intéreffante, rapide & variée, telle que M. Gluck la demandoit; il l'a dépouillée de l'Epifode d'Eriphile; il a coupé les fcenes & les vers de maniere à l'adapter à la Mufique, & a mis le dénouement en tableau. Forcé de muiler les vers du plus harmonieux de nos Poëtes, il a laiffé à M. Gluck le foin de fubftituer une autre mélodie à celle qu'il avoit fallu détruire.

GODARD, (Jean) né à Paris en 1564, fut Lieutenant-Général au Bailliage de Ribemont, & a laiffé la Franciade, & les Déguifés.

Cet Auteur ne doit point être confondu parmi cette foule de Poëtes médiocres, qui inonderent la Scene le fiecle dernier. On peut néanmoins lui reprocher d'affecter une richeffe de rimes inutiles, & des fynonymes fuperflus; mais auffi, quelle naïveté dans les Portraits! quels charmes dans la fimplicité de fon élocution! Qu'on life, fur-tout, fes Chansons & fes Elégies; quel fonds de Peintures riantes & de beautés naturelles ! Le printemps lui prodigue fes fleurs, pour couvrir le fein de fon Amante; il les cueille, & les place avec foin; mais il y mêle l'impofture du fard, & le prestige d'une couleur étrangere.

GOISEAU, Auteur d'une Tragédie d'Alexandre.

GOLDONI, (Charles) Avocat Vénitien, a donné à la Comédie Françoife, le Bourru bienfaisant; & à la Comédie Italienne, l'Enfant d'Arlequin perdu & retrouvé, les Deux Freres rivaux, les Amours d' Arlequin & de Camille, la Jaloufie d'Arlequin, l'Inquiétude de

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Camille, Arlequin Valet de deux Maîtres, Arlequin héritier ridicule, la Famille en difcorde, l'Eventail, le Portrait d'Arlequin, le Rendez-vous Notturne, l'Ini mitié d'Arlequin & de Scapin, Arlequin complaifant l'Amitié d'Arlequin & de Scapin, Camille Aubergifte Arlequin dupe vengée, Arlequin Philofophe, Arlequin & Camille efclaves en Barbarie, Arlequin Charbonnier, la Bague magique, les Cinq âges d'Arlequin, Epouse Parifienne; Pieces reçues & non représentées, les Deux Italiennes; PEfctave généreufe, ou la Générofité de Camille; les Marchands, Scapin jaloux, les Rufes innocentes de Camille, le Gondolier ami d'Arlequin, le Bon & le mauvais génie.

Outre les Pieces qu'on vient de nommer, M. Goldoni a fait imprimer dans un grand nombre de Volumes, un Recueil de Comédies Italiennes, qui ont été jouées dans fon Pays. Cer Auteur, qui vit aujourd'hui parmi nous eft né avec un penchant infurmontable, & un génie particulier pour la Poéfie dramatique. Il à beaucoup voyagé dans fon Pays: ce qui l'a mis à portée de connoître les mœurs des différentes Villes d'Italie. Son pere, qui étoit Médecin ambulant, étant mort, il prit, pour fubfifter le parti du Barreau, & y réuffit; mais entraîné par la violence de fon goût, il s'eft enfin livré au Théatre., Il avoit formé le projet de relever la Scène Italienne, tombée dans l'opprobre, & d'introduire le ton de la bonne Comédie parmi fes Compatriotes. Sur ce deffein très-louable, M. Goldoni n'a étudié que deux Livres, le Monde & le Théatre. Il s'eft fait en conféquence des préceptes à fa guife. Il n'obferve aucune des unités ; il cróit avoin trouvé le véritable efprit de la Comédie, & le feul moyen d'y réuffie. Ceux qui ne l'adopteront pas, parce qu'd eff contraire aux loix d'Ariftote & d'Horace, paroif fent à notre Poëte auffi infenfes que des Médecins, qui, dans la fievre, ne voudraient pas employer le Quinquinal, par la feule raifon qu'Hippocrate

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Galien ne l'ont point connu. Il regarde la Comédie comme l'imitation de la vie humaine; il a raison: il prétend que l'on doit imiter toutes fortes d'actions, introduire toutes fortes de perfonnages, même les plus bas & les plus vicieux; peut-être a-t-il tort.

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GOMBAULT, (Jean Ogier de) Gentilhomme Calvinifte, naquit à Saint-Juft- de - Luffac, près de Brouage, en Saintonge. Après avoir fait fes études à Bordeaux, il vint vers l'an 1609 à Paris, où fon efprit & fes talents lui procurerent plufieurs connoiffances utiles. Les vers qu'il fit à la mort de Henri IV, peuvent être comparés à ceux des meilleurs Poëtes du temps. La Reine Marie de Médicis, mere de Louis XIII, lui fit une penfion de douze cents écus, mais qui fut réduite & mal payée. Le Chancelier Séguier, pour l'aider à fubfifter lui en donna une autre fur le Sceau. Gombault fut un des premiers de la petite affemblée des beaux-efprits, qui le forma chez Conrard, & donna lieu à l'établiffement de l'Académie Françoife, dont il remplit une place. Sa frugalité l'auroit fait jouir d'une longue vie; mais un accident malheureux la termina. Un jour qu'il se promenoit dans fa chambre, le pied lui ayant tourné, il tomba, & fe bleffa de telle forte à la hanche, qu'il fut obligé de garder prefque toujours le lit, depuis ce malheur jufqu'à la fin de fa vie, qui arriva en 1666. Ses Pieces de Théatre font, Amarante, Aconce & Cydipe, & les Danaïdes.

GOMEZ, (Magdeleine-Angélique Poiffon de) fille de Paul Poiffon, foeur du dernier Comédien de ce nom, & veuve de Dom Gabriel de Gomez, Gentilhomme Espagnol, naquit à Paris en 1684, & mourut à Saint-Germain-en-Laye en 1771. Outre les Romans qui ont fait la réputation de Madame de Gomez, on connoît encore fes Pieces de Théatre, qui

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