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dégoûts l'obligerent de renoncer à ce Théatre, & de porter fes ouvrages aux Comédiens Italiens. Il y eut encore de grands fuccès, & de plus grandes tribulations; car il ne fut jamais fléchir le genou, ni écarter des concurrents par des intrigues, ni fe procurer des fuccès apparents par des démarches humiliantes. Il avoit pris Moliere pour modele, tâchant d'imiter, dans fon Ityle & dans les peintures des mœurs, la fimplicité de ce grand homme. Etoit-il furprenant que, dans ce fiecle de l'efprit, Merville trouvât des Contradicteurs? Il renonça à la célébrité, quitta fa Patrie, & fe livra à fon goût pour les voyages, qui cependant n'éteignit point en lui celui qu'il avoit pour fon art. On trouve dans la nouvelle Edition de fes Œuvres, des corrections confidérables qu'il a faites dans fes Pieces anciennes, & un Volume entier de Comédies non représentées.

Merville employa les dernieres années de sa vie à vifiter l'Italie, l'Allemagne, la Hollande & l'Angleterre; il mourut en 1755, près Geneve, d'une colique dont il fut attaqué en route: quelques perfonnes ont prétendu qu'il s'étoit noyé. Nous avons de lui, outre le Confentement forcé, les Mafcarades amoureuses, les Amants affortis fans le favoir, les In-promptu de l'Amour, Achille à Scyros, les Epoux réunis, le Dédit inutile, les Dieux traveftis, le Roman, l'Apparence trompeufe, les Talents déplacés, le Médecin de l'efprit Achille à Troyes, Manlius-Torquatus, Sallufte, la Coquette punie, le Jugement téméraire, les Tracalleries, & le Triomphe de l'Amour & du Hafard.

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HABERT, (François) fils d'un Officier, né à

Iffoudun, de la famille du célebre Montmort, imprimer en 1.558, le Monarque.

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HAMOCHE, Acteur Forain, après avoir long-temps brillé à l'Opéra-Comique, quitta ce Spectacle, pour débuter à la Comédie Italienne, où il ne fut pas reçu. Il voulut reparoître fur fon Théatre en 1733; & voici de quelle maniere il y fut introduit. Scaramouche venoit l'annoncer à la Foire perfonnifiée, & chantoit fur l'air: Nous fommes de l'ordre, &c.

Hamoche vous prie
De le recevoir;
Il tempête, il crie.
Voulez-vous le voir ?

LA FOIRE.

C'est ici fon centre,

Qu'il entre, qu'il entre, &c.

A ces mots, Hamoche parut; & la Foire, après l'avoir embraffé, le reçut comme auparavant. Le Public ne fut pas fi indulgent que la Foire, & ne voulut point reconnoître en lui cet aimable Pierrot, qui avoit fait fi longtemps fes plaifirs, mais feulement Hamoche rebuté à la Comédie Italienne Cet Acteur, piqué du peu preffement qu'on témoignoit à le voir, fe retira.

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HARDUYN, ou HAUDOIN, dit Saint-Jacques, étoit un Farceur, qui fuccéda aux Turlupins & à GauthierGarguille, à l'Hôtel de Bourgogne. Il contrefaifoit parfaitement les Médecins & les Apothicaires, ayant été l'un & l'autre. Il mourut à Paris en 1648, âgé d'environ cinquante ans. On dit qu'ayant quitté le Théatre, il redevint Médecin à Melun, & abandonna encore cette profeffion pour le Théatre.

HARDY, (Alexandre) a été le Poëte dramatique le plus fécond qui ait jamais paru, s'il eft vrai que fes Pieces excedent le nombre de fept-cents. Il fuivoit une Troupe de Comédiens, à laquelle il fourniffoit toutes les Pieces qu'elle vouloit jouer. Quand il en falloit une, elle étoit prête au bout de

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huit jours; & le fertile Hardy fuffifoit à tous les befoins de fon Théatre. Dans l'ingénieux badinage de la Guerre des Auteurs, qui, pour le dire en paffant, a fervi de modele au Temple du Goût, Guéret dit de Hardy « Il étoit venu dans un fiecle où l'on ne se » piquoit pas beaucoup d'entendre la Poétique d'A» riftote. On ne trouvoit point à dire qu'un même » perfonnage vieillit de quarante ans, en vingt-quatre >> heures; que fa barbe: & fes cheveux blanchiffent » dans l'intervalle de deux Actes. Il pouvoit entre » deux Soleils pafler de Rome Paris; & c'étoit » faire une Comédie que de mettre une vie de Plu» tarque en vers ».

: Alexandre Hardy, né à Paris, a commencé à travailler pour le Théatre en 1601, & eft mort en 1630. Le Poëte Théophile, faifant allufion à la fécondité de notre Auteur, a dit:

Hardy, dont le plus grand volume
N'a jamais fu tarir la plume,
Pouffe un torrent de tant vers,
Que l'on diroit que l'Hypocrene
Ne tient tous fes vaiffeaux ouverts,
Que lorfqu'il y remplit fa veine.

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Les Pieces que le Poëte Hardy a laiffées après fa mort, n'ont pas été toutes imprimées. Celles que nous connoiffons de lui ou qu'on lui attribue, font Theagene & Chariclée, Didon, Méalagre, Panthée Scedaze, Procris, Alcefte, Alphée, Ariane ravie, Achille, Coriolan, Arfacome, Cornélie, Alcée, Mariamne, le Raviffement de Proferpine, la Force du fang, la Gigantomachie, Dorife, Felifmene, Corine la Belle Egyptienne, Elmire, Thimoclée, Alcmeon, l'Amour victorieux, la Mort de Daire, Ariftoclée, Fridegonde, Gefippe, Phraate, le Triomphe d'Amour, Alexandre, Lucrece ou l'Adultere, Alcmene, la Bigamie, Cynthie, la Folie de Clidamant la Folie d'ITome III.

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fabelle, Turlupin, le Frere indifcret, l'Inceste fuppofé, le Jugement d'Amour, Lidere, Ofmin, Pandoste, Parthénie.

Telles font les Pieces de Hardy, dont plufieurs font venues jufqu'à nous. Il en avoit compofé bien d'autres que nous n'avons pas ; & parmi celles qui nous reftent, il n'en eft point qu'on puiffe lire d'un bout à l'autre fans dégoût; mais dans prefque toutes, on trouve des morceaux qui font plaifir. Mariamne eft fans contredit la meilleure. Les caracteres en font bien foutenus, les fituations font intéreffantes & naiffent du fujet. On eft étonné de trouver une Piece fi réguliere, faite par un Auteur qui ne fuit ordinairement aucune regle, & qui choque toute vraifemblance. Hardy a tous les défauts de fon temps. La plupart de fes Pieces font monftrueufes pour la conduite; quelques-unes font groffieres & indécentes. Le Poëte a affecté de répandre beaucoup de morale dans fes ouvrages. Il y regne un ton fententieux; & fes perfonnages, dans les fituations les plus vives, ne font fouvent que de froids railonneurs. Son Dialogue eft rapide & preffé. Il aime ces conteftations où chaque Acteur ne dit qu'un ou deux vers, & qui font fi brillantes dans Corneille. Il a des fcenes filées avec beaucoup d'art, où l'intérêt eft bien gradué. Son imagination eft peu fertile ; les mêmes fituations le trouvent répétées dans la plupart de fes Pieces. Ses vers font durs, empoulés. Le ftyle des Paftorales l'emporte fur celui des Tragédies; mais fon plus grand défaut eft d'être froid. On ne remarque point chez lui ces traits de feu, qui percent les ténebres de l'ignorance & de la barbarie. Dans un fiecle plus éclairé, Hardy eût été fans doute, un Poëte plus correct, plus régulier, mais jamais un grand Poëte.

HARNY DE GUERVILLE, ( M.) a fait feul ou en fociété, les Amours de Baftien & de Baftienne, les Enfor

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celése Prix des talents, le Petit-Maître en Provines, la Sibylle, l'Esprit du Jour, le Bak in-prompty, les Nauveaux Calouns, Georget & Georgette..

HAUTEMER, (le fieur Farin de) né à Rouen ci-devant Afteur de l'Opéra-Comique, a donné le Docteur d'Amour, Arlequin gourré, les Filets de Kulcain, les Boulevards, l'In-promptu des Halles, la Maifon à deux portes, le Trof.

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HAUTEROCHE, (Noël le Breton, fieur de) Astepr & Poëte dramatique, eft mort à Paris en 1997, âgé de quatre-vingt-dix ans. Il fe diftingua dans les rôles Comiques, & a laiffé les Pieces fuivantes : l'Amant qui ne flatte point, le Souper mal-apprêté, le Deuil, les Apparences trompeufes, Crifpin Muficien, Crifpin Médecin, les Nobles de Province, de Gocher fuppofé jila Dame invifible, ou l'Esprit- Folles; le Fein Polonais, les Bourgeoifes de qualité, les Nouvelliftes, la Baffette.

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La plupart de ces Pieces ont eu du fuccès dans le temps; plufieurs même font restées au Théatre. On y remarque un grand fonds de plaifanterie, & uhe connoiffance réfléchie des regles dramatiques. Le grand comique des unes, l'heureuse ordonnance des autres, eft ce qui caractérise principalement le génie d'Hauteroche; car il ne faut chercher dans cet Auteur, ni détails de mœurs, ni aucun des caracteres propres à les corriger. Un plan fagement conftruit, foutenu par une marche réguliere, une intrigue bien conduite, agréablement dialoguée, des fcenes coupées avec art, variées par divers incidents dénouement heureux pour l'ordinaire, une verfification ailée, une profe naturelle, des expreffions convenables au caractere des perlonnages, des fentiments proportionnés à leur condition: voilà ce que préfentent fes meilleurs ouvrages. Il excelle fur-tout dans des rôles de Valet; il fe plaît à multiplier leurs embarras, à les jeter dans des labyrinthes, d'où ils femblent ne

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