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mourir pauvre. C'eft ce qu'on peut voir par un Sonnet qu'il compofa, étant prefque à l'agonie, & qu'il adreffe à Charles IX. Il s'y compare au Philofophe Anaxagore, que Périclès aimoit, & cependant fecouroit mal. Anaxagore, preffé par l'indigence, prend le parti de fe laiffer périr. Périclès en eft inftruit; il accourt, fe répand en regrets, & prodigue les offres.

L'autre tout réfolu lui dit (ce qu'à toi, Sire,
Délaiffé, demi-mort, prefque je puis bien dire)
Qui fe fert de la lampe, au moins de l'huile y met.

Jodelle n'en étoit cependant point réduit à cette extrémité. Il entre plus d'humeur dans fes plaintes, que de befoin réel. On a vu, dans prefque tous les temps, des gens de Lettres s'avilir par des peintures outrées de leur indigence. Quel en a été le fruit? Le mépris du vulgaire, & même de quelques grands qui peuvent très-bien figurer dans cette claffe.

Jodelle étoit fort jeune, quand il fit fa premiere Tragédie. Sa Cléopâtre trouva d'abord des Partifans; mais les perfonnes fenfées, les gens de goût en rendirent un témoignage peu avantageux; & leur jugement a été celui de la poftérité. Henri II fut fi con ́tent de la représentation de cette Tragédie, qu'il fit compter à l'Auteur cinq cents écus de fon épargne, & le combla par la fuite de bienfaits. Outre fes Pieces de Théatre, qui font Cléopâtre, la Tragédie de Didon fe facrifiant, & les Comédies d'Eugene ou la Rencontre, & la Mafcarade, Jodelle s'eft encore attaché à célébrer dans fes vers quelques événements du regne de Henri II. Il a auffi. fait une Ode fur la Chaffe, & d'autres ouvrages enfevelis dans l'oubli. Le peu de fuccès de fa derniere Piece de Théatre, le dégoûta de travailler pour le Public. Perfuadé que ceux qu'il appelle fes ennemis, en prendroient droit pour le rendre méprifable; il adreffa à fes amis une

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longue Epître en profe, dans laquelle il se plaignoit, avec amertume du foulévement qu'il prétendoit avoir été excité contre lui par un grand nombre de perfonnes qu'il accufoit de jaloufie, d'envie & d'injuftice; excufe ordinaire des mauvais Poëtes.

il

Jodelle eut le mérite de fentir le premier en France; ce que valoient les anciens. Il eut le courage de vouloir fuivre leurs traces, & l'honneur de faire quelques pas dans la même carriere. C'étoit beaucoup alors; eut même une forte d'élévation dans le génie; mais la langue fe refufoit à fes idées. On peut le comparer à un habile Architecte, qui n'auroit que de la vale & des cailloux pour conftruire un Palais. Peutêtre auffi ne tira-t-il point de la langue ce qu'il en pouvoit tirer; il en connut mieux l'impuiffance que les reffources. Il y eut de fon temps des Verfificateurs moins barbares: tels furent, en particulier, Melin de Saint-Gelais & Bertaut; mais nul de fes contemporains, nul de fes premiers fucceffeurs n'entrevirent au même degré que lui, la vraie marche du Poëme Dramatique. Il ne lui manqua enfin qu'une Langue. Un fiecle plus tard, Jodelle eût peut-être été un grand homme.

JOFFRIN, (Claude) Acteur du Marais, & enfuite de l'Hôtel de Bourgogne, où il jouoit, fous le nom de Jodelet, les rôles de Valet, niais & naïfs en apparence, mais fpirituels. Il mourut en 1660. L'excellence de fon jeu a engagé les Poëtes du temps, compofer plufieurs Pieces, fous le nom qu'il avoit adopté au Théatre.

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JOLIVEAU, (M.) ci-devant Secretaire de l'Académie Royale de Mafique, & aujourd'hui un des Directeurs de ce Spectacle, eft Auteur des paroles de l'Opéra de Polixene, & de celles du Prix de la -valeur.

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JOLLY, (Antoine-François) né à Paris en 1672 & mort en 1753, dans la même Villè eft Auteur des paroles de l'Opéra de Méléagre, & de quatre Comédies; favoir, l'Ecole des Amants, la Vengeance de l'Amour, l'Amante capricieuse, & la Femme jaloufe.

JOURDAN, (Jean-Baptifte) né à Marseille, eft Auteur de quelques Romans, & de l'Ecole des Prudes:

JOURNET, (Françoife) de Lyon, joua avec fuccès à l'Opéra dans les premiers rotes, & mourut à Paris en 1722.

JOUVENOT, (Louife) a joué les rôles de Confidente à la Comédie Françoife, s'eft retirée avec la pension, & eft morte à Paris en 1762.

ISABELLE, nom de Théatre d'une fille de Dominique, Actrice de la Comédie Italienne, qui époufa M. de Turgis, Officier aux Gardes.

Iso, (M.) Auteur de la Mufiqué de Phattufe, de Zémire, & de quelques Fragments.

JUNKER, (M.) a publié conjointement avec M. Liébault, plufieurs volumes d'une Traduction Françoife de Drames Allemands, dont ils fe propofent de donner la fuite. Ces Pieces font Miff Sara Sampfon, Tragédie Bourgeoife de Leffing; les Juifs, Comédie du même; une Paftorale, l'Esprit fort, de Leffing; le Billet de Loterie, du même; le Tréfor, de Gellert.

JUNQUIERES, (M. de) de Senlis, a donné le Guy de Chêne. Il eft le fils de l'Auteur du Télémaque tra vefti, & du Caquet Bon-bec.

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KOHAULT,

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OHAULT, Muficien du Prince de Conti, a compofé les Ariettes du Serrurier, de la Bergere des Alpes, de Sophie ou le Mariage caché, & de la Clofiere.

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LA BARRE, Auteur de Cléonide.

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LA BARRE, (Michel de) jouoit parfaitement de la Flûte traverfiere, & a fait la Mufique du Triomphe des Arts, & de la Vénitienne. Il étoit de Paris, & eft mort en 1743.

LA BATTE, (Mlle.) Danfeufe de l'Opéra, fur laquelle on a fait ce Quatrain.

La Batte, ta danfe légere,
Jointe à mille autres agréments,
A mis fous tes loix plus d'Amants,
Qu'on n'en vit jamais à Cythere.

LA BATTE, ancienne Actrice de la Comédie Françoise, pour les rôles de Princeffe & d'Amoureuse, a débuté en 1721, a quitté le Théatre avec la pension de 1000 livres, & eft morte depuis plufieurs années.

LA BAUME, (l'Abbé Jacques-François des Doffat de) Chanoine d'Avignon, de l'Académie des Arcades de Rome, mort en 175...... Auteur d'un Poëme Epique en profe, intitulé la Chriftiade, & d'une efpece de Paftorale allégorique auffi en profe, fous le titre de l'Arcadie moderne. Il avoit travaillé au Courier d'Avignon, Gazette très-hardie.

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LABÉ, (Louife Charly) que fa beauté & la profeffion de fon mari, riche Négociant en cables & en cordes, ont fait appeller la Belle Cordiere, naquit à Lyon en 1526, & mourut dans la même Ville à l'âge de quarante ans. Elle fuivit un de fes Amants au Siege de Perpignan, où elle montra de la valeur. Tout étoit en elle au même degré; l'efprit, la beauté, la science, les graces & la politeffe: fa maison étoit le rendez-vous de tout ce qu'il y avoit à Lyon de perfonnés de diftinction, de favants & de gens d'efprit ; c'étoit une espece d'Académie, où chacun trouvoit à s'amufer & à s'inftruire. La converfation, le chant les inftruments, la lecture, tout étoit employé par la Mufe qui y préfidoit, & qui y excelloit. La galanterie n'étoit point exclue de ce docte & agréable Lycée; & la Belle Louife, qui ne vouloit pas que rien manquât à la fatisfaction générale, ne fut, dit-on, jamais refuser ses faveurs à ceux qui parurent les defirer: non que toutes fortes de perfonnes y euffent part; il falloit être ou hommes de condition, ou hommes Lettrés; & même ceux-ci étoient toujours préférés aux premiers. Dans la concurrence d'un favant ou d'un homme de qualité, dit un Historien, « Elle » faifoit courtoisie à l'un, plutôt gratis, qu'à l'autre » pour grand nombre d'écus ». C'étoit la Léontium ou la Ninon de fon fiecle; ce que Louife dit d'ellemême, pouvoit convenir à toutes les trois.

Le

Let

temps met fin aux hautes Pyramides;
temps met fin aux Fontaines humides;
Il ne pardonne aux braves Colifées ;
Il met à fin les Villes plus prifées ;
Finir auffi il a accoutumé

Le, feu d'Amour, tant foit-il allumé.
Mais las en moi il femble qu'il augmente
Avec le temps, & que plus me tourmente,

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