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fe dévouer à l'état eccléfiaftique, dont même il avoit pris l'habit; mais la célebre Mademoiselle le Maure étant venue, après fa premiere retraite de l'Opéra, s'établir dans le voifinage du Temple, lia connoiffance avec la mere de la Garde. Le jeune Abbé, charmé des talents de Mademoiselle le Maure, & de cette voix féduifante, que l'on ne fe rappelle jamais fans admiration, prit affez d'afcendant fur l'efprit de cette Actrice, pour l'engager à rentrer à l'Opéra ; & même il détermina fa mere à prendre un appartement dans une maison que Mademoiselle le Maure vint occuper aux environs du Palais Royal.

Ses liaisons avec cette grande Chanteuse durerent plufieurs années. MM. Rebel & Francœur, flattés de lui devoir le retour de cette Actrice à leur Spectacle, devinrent fes amis, & faifirent avec empreffement les occafions de le fervir. Ils étoient chargés du foin des Fêtes particulieres que Louis XV donnoit à fa Cour, dans fes petits apppartements: ils en confierent les détails à la Garde, qui fe trouva placé dans fon véritable élément. Il remplit avec tant de goût cette efpece de direction, que le Roi lui donna, fur fon tréfor, une pension de 1200 liv.

Madame la Marquife de Pompadour, qui favoit récompenfer dans les autres, cet amour éclairé des arts qu'il falloit admirer en elle, réfolut de fe l'attacher, & le fit fon Bibliothécaire, avec 2000 livres d'appointements, qui lui furent continués, après la mort de sa bienfaictrice, par M. le Marquis de Marigny. Elle lui avoit déja fait obtenir une penfion d'une pareille fomme fur le Mercure de France; & en lui annonçant cette nouvelle faveur, elle y avoit joint un préfent de 12000 liv.

La Garde allioit aux mœurs les plus douces, au caractere le plus égal, une ame extrêmement sensible.

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La mort de fa Bienfaictrice le jeta dans une habitude de mélancolie, qu'il ne fut pas maître de diffiper; & il mourut regretté de tous les amis en 1767. On a de lui des Lettres de Therefe, des Obfervations fur les Arts; & il a eu part à plufieurs Opéra-Comiques, tels que la Rofe, le Bal de Strasbourg, les Amours Grivois, & les Fêtes de Paris.

LA GARDE, (M.) Maître de Mufique des Enfants de France, a compofé la mufique d'Eglé, & de la Journée Galante.

LA GAYE, (Guillaume de ) Auteur du Duellifte malheureux.

LA GRANGE, (Guillaume de) né à Sarlat, & Auteur d'une Tragédie de Didon.

LA GRANGE, (Ifaac de) a traduit le Dédain Amoureux, Paftorale en cinq actes, en profe, de l'Italien de Bracciolini.

LA GRANGE, (Charles Varlet, fieur de) né à Amiens en Picardie, excédé par les chicanes de fon Tuteur, prit le parti de se faire Comédien, & courut quelques années les Provinces: il s'engagea enfuite dans la Troupe de Moliere, qui prit plaifir lui-même à l'inftruire. La Grange n'avoit qu'une fille unique qu'il aimoit beaucoup, & qu'il maria à un homme qui la trompa; & il en mourut de chagrin. Il fut enterré à Saint-André-des-Arcs. On prétend qu'il laissa plus de cent mille écus de bien.

LA GRANGE CHANCEL, (Jofeph de) naquit au Château d'Antoniac, près de Périgueux en 1676, avec le talent de la Poéfie le plus décidé. La Grange dit quelque part, qu'il favoit rimer avant que d'avoir eu le temps d'apprendre à lire ; & à peine favoit-il lire,

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qu'il avoit toujours entre les mains les Ouvrages de Corneille, & les Romans de la Calprenede. A fept ans, il entra au College à Périgueux ; & il faifoit déja des vers fur tous les fujets qu'on lui propofoit ; il corrigeoit même ceux de fes Maitres. Il continua fes études à Bordeaux. Là, il vit jouer la Comédie, c'en fut affez pour l'animer à en faire une. Il prit pour fujet une aventure qui venoit d'arriver; & il fit jouer fa Piece par cinq ou fix de fes camarades. A quatorze ans, il fortit du College. Son génie auffi facile, auffi fécond, &, fi j'ofe le dire, auffi hardi qu'il étoit prématuré, lui infpira le projet d'une Tragédie. Il la finit à Paris, où il fut envoyé la même année. Ce coup d'effai fut la Tragédie de Jugurtha. Le public, naturellement porté à encourager les talents, parut prendre intérêt à la gloire d'un jeune homme animé, dès le berceau, du defir de contribuer à fon amusement, & de mériter fes éloges. La jeunesse de l'Auteur, la réputation dont il jouiffoit déja à l'Hôtel de Conty, où il étoit Page, tout parloit en fa faveur, & lui affuroit les fuffrages.

En 1718, la Grange fe donna beaucoup de mouvement pour établir une Académie à Périgueux. M. le Comte d'Eu en devoit être le Protecteur, Madame la Comteffe d'Arco avoit promis de fonder un Prix de trois cents livres pour un Sonnet en bouts-rimés; mais la détention de la Grange, & les affaires de la Ducheffe du Maine, fa Protectrice, firent échouer ce projet. Il renouvella fes tentatives en 1756; & il fe promettoit de grands fuccès de cet établiffement. Son efpérance étoit fondée fur beaucoup d'efprit naturei, qui n'attend que la culture, pour faire fleurit toutes les Sciences dans cette Province trop négligée.

Il est très-conftant que notre Poëte eft l'Auteur des Philippiques. C'est moins par animofité perfonnelle, que par zele pour quelques ennemis de M. le Duc d'Orléans, qu'il entreprit cet ouvrage à leur follicie

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tation. Le Régiment de Berwik ayant eu ordre de l'arrêter, il eut le bonheur de s'échapper; & M. de Gonteris, Archevêque & Vice-Légat d'Avignon, le reçut en cette Ville avec diftinction; mais il fut trahi par un Officier réfugié, qui fit fa paix en l'attirant hors des limites, fous un faux prétexte. On le conduifit aux Ifles Sainte-Marguerite, où il fut étroitement refferré, pendant un an. Il trouva cependant le moyen de faire pafer à M. le Régent une Ode, où il avoue naturellement fa faute; elle lui valut chaque jour quelques heures de promenade. Il s'en fervit utilement pour recouvrer fa liberté. Il gagna Gardes, qui lui procurerent une Barque, & le rendit avec eux dans le Port de Ville-Franche, pendant une tempête des plus violentes. Quoique le Roi de Sardaigne eût fermé l'entrée de fes Ports à fes propres fujets qui venoient des pays infectés de la pefte, ce Prince, touché d'une Epître que le Poëte lui adreffa l'admit à la quarantaine. Pendant le féjour qu'il fit à Nice, le Roi de Sardaigne le fit vifiter par un Seigneur de fa Cour. La Grange crut emprunter d'un Juif de cette Ville une fomme confidérable fur fon Billet, payable par M. de la Chabrerie, Fermier-Général, fon beau-frere; mais il se trouva que c'étoit une libéralité du Prince, qui avoit fait prévenir le Banquier.

Le projet de la Grange étoit de s'établir en Espagne. Il fut efcorté par un détachement jufqu'aux Etats de Gênes. A fon arrivée en cette Ville, M. Doria lui offrit fa maison; mais il s'embarqua fur le champ, profitant d'une occafion favorable. Il fut très-bien reçu à la Cour de Madrid. On lui propofa un Régiment d'Infanterie, qu'il refufa, & demanda la place d'Infpecteur, qui ne lui fut point accordée. Des Spadaffins le mirent plus d'une fois en danger de fa vie, efpérant une forte récompenfe, s'ils l'affaffinoient. Un témoin oculaire, très-véridique, rapporte qu'il s'eft battu avec beaucoup de réfolution & de vigueur dans ces fortes d'occasions.

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LAG Les plaintes réitérées de l'Ambaffadeur de France ayant obligé le Roi d'Espagne à rétracter fa parole, ce Prince fit avertir la Grange, qu'il n'y auroit plus de sûreté pour lui dans fes Etats, s'il différoit de fe: retirer. Sur cet avis, il s'embarqua à Bilbao dans un, Vaiffeau Hollandois, qui partoit pour Amfterdam. Cette Ville n'auroit pas été pour lui une retraite plus affurée que Madrid, fi les Etats-Généraux n'avoient prévenu les représentations de notre Ambaffadeur, en faifant recevoir la Grange Bourgeois d'Amfterdam. Le Roi Augufte de Pologne, voulut l'attirer à fa Cour, & lui fit remettre, par fon Ambassadeur, une Montre d'or très-riche. Après la mort de M. le Régent, notre Poëte gagna la confiance de M. le Duc, en lui donnant des éclairciffements très-importants. Ses liaisons. avec les Miniftres Etrangers lui procurerent les moyens, de fe rendre utile; fes fervices lui mériterent fon rappel. Il a vécu depuis en Périgord, & n'a ceffé de cultiver les Lettres, & de conferver fa présence d'efprit, fa mémoire & fa facilité de verfifier jusqu'aux derniers jours de fa vie. Les derniers vers de lui que l'on connoiffe, font du mois de Mai 1758. Je ne les rapporte point, parce que certaines Puiffances n'y font pas affez ménagées. A quatre vingt-deux ans, l'Auteur des Philippiques avoit encore du goût pour la fatyre. Ses Pieces de Théatre font Adherbal, qui eft la même que. Jugurtha; Orefte & Pilade, Méléagre, Athenaïs, Amafis, Alcefte, Ino & Méliceṛte, Sophonisbe, Erigone, Caffius & Victorinus, Médée, Caffandre, Ariane & Thefée, les Jeux Olympiques, Orphée, la Fille fup pofée, Pyrame & Thisbé, la Mort d'Ulyffe, & le Crime puni.

La Grange Chancel paroît toujours jeune dans le genre dramatique. Son imagination vive & facile à S'enflammer, faifit à la fois une trop grande quantité d'objets. Son pinceau, conduit par une main également hardie & timide, ne les peint fouvent qu'à demi, Tome 111.

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