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de fon mieux pour fe juftifier d'une pareille accufation. « Je n'avance rien, ajouta la Motte, qu'en con"noiffance de caufe; &, pour vous le confirmer » je vais réciter cette même scene que je me fuis fait » un plaifir d'apprendre par cœur, & dont il ne m'eft » pas échappé un feul vers ». En effet, il la récita toute entiere fans héfiter, & d'une façon auffi animée, que fi lui-même l'eût faite. Tous ceux qui avoient été préfents à la lecture de la Piece, fe regardoient les uns les autres, & ne favoient ce qu'ils devoient penfer. L'Auteur fur-tout étoit tout-à-fait déconcerté. Quand la Motte eut un peu joui de fon embarras : « Remettez-vous, Monfieur, lui dit-il; » la fcene en question eft de vous fans doute, ainsi que tout le refte; mais elle m'a paru fi belle & » fi touchante, que je n'ai pu m'empêcher de la

>>> retenir ».

LA MOTTE, (Marie-Hélene des Mottes, connue fous le nom de Mlle. de) Actrice de la Comédie Françoife, originaire de Guiene, mais née à Colmar en 1704, mourut à Paris vers la fin de l'année 1769, d'une attaque d'apoplexie, à l'âge de foixante-cinq ans. Elle avoit débuté au Théatre François en 1722, par le rôle de Cléopâtre, dans la Tragédie de Rodogune; mais elle renonça au genre Tragique, pour lequel elle fe fentoit peu de talents naturels, & fe livra aux feuls rôles comiques. Son emploi dans la Troupe étoit celui que Paris avoit vu remplir, du temps même de Moliere, par un Acteur travefti. Les rôles de Mde. Pernelle, de Mde. Jourdain, de Mde. de Sotenville, de la Comteffe d'Efcarbagnas, de la Devinerele, &c. avoient été faits pour André Hubert, excellent Comédien dans les Mafcarades. Une forte de décence mal entendue, avoit donné lieu, fans doute, à cet usage bizarre, de traveftir un homme pour ces rôles. L'art de la Scene, en fe perfectionnant parmi nous, fit franchir cette petite délicateffe, qui tenoit à la tradition des

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LAN Drames anciens, dans lefquels les rôles de femmes, à la faveur du mafque, étoient remplis par des hommes. Ce fut dans cet emploi comique, appellé en termes de l'art, l'emploi des ridicules, que Mlle. de la Motte fit jufqu'à fa retraite en 1759 les plaisirs de la Scene; avec une figure décente, une phyfionomie vive, une taille élégante & conservée jusqu'à sa morr de l'efprit & de l'agrément, elle fut toujours trèséloignée d'offrir dans la fociété quelque chofe de commun avec les rôles dont elle s'étoit chargée. Un peu d'aigreur & d'élévation dans la voix, fut le feul fecours que lui prêta la nature; tout le refte étoit dû au talent ingénieux d'imiter, qui fait le mérite d'un Comédien.

La Motte rend fi finement
Tous les rôles qu'elle débite,
Qu'on croit qu'elle a réellement,
Le caractere qu'elle imite.

LANCEL, (Antoine) Auteur d'une anciene Piece intitulée le Miroir de l'Union Belgique.

LANDOIS, (M. Paul) né à Paris, eft Auteur d'une Tragédie de Sylvie.

LANDON, (Jean) né à Soiffons, le Tribunal de l'Amour.

LA NOUE, (Jean Sauvé, plus connu fous le nom de) naquit à Meaux en 1701, & y fit une partie de fes études fous la protection du Cardinal de Biffy. Il vint les achever à Paris au College d'Harcourt. La nature l'avoit mis à même de choifir entre diverfes profeffions qui exigent les talents de l'efprit; mais entraîné par fon goût pour le Théatre il prit celle de Comédien. Il débuta à Lyon par les premiers rôles, n'étant encore âgé que de vingt ans. Il y fut par

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faitement bien accueilli, & n'a jamais ceffé de l'être fur les différents Théatres où il a paru.

De Lyon il fe rendit à Strasbourg. Là, même fuccès dans fes rôles; & il y débuta dans un autre genre. Il donna pour fon coup d'effai les Deux Bals amufement comique, où l'on trouve de l'efprit & de la gaieté. Plufieurs perfonnes diftinguées le folliciterent dès-lors de venir à Paris; il s'y fit connoître, en effet, très-avantageufement l'année fuivante par le Retour de Mars, qui fut représenté avec le plus grand fuccès. Tout dans ce petit Drame eft fin, vif, léger & penfé. L'efprit, l'art & le jugement s'y trouvent réunis. Il doit figurer parmi nos meilleures Pieces Epifodiques.

Les Comédiens Italiens defiroient que fon Auteur entrât parmi eux; M. le Duc de la Trémoille l'en preffoit; mais la Noue avoit d'autres vues; il levoit dès-lors une Troupe de Comédiens pour le Théatre de Rouen, de concert avec Mlle. Gauthier, qui en avoit le Privilege. Ils refterent cinq ans dans cette Ville, & toujours à titre d'affociés. Dans cet intervalle, notre Auteur fit représenter à Paris fa Tragé die de Mahomet II, qu'il avoit compofée à Strafbourg. Elle eut un fuccès diftingué : on la compre même parmi le nombre des Pieces reftées au Théatre.

En couronnant fon Auteur, le Public de Paris eût voulu jouir de tous les autres talents; mais, follicité au nom du Roi de Pruffe, il s'arrangea pour paffer à Berlin. On lui promettoit des avantages propres à le déterminer. Ce fut néanmoins ce projet qui caufa fa ruine. La Guerre qui furvint en empêcha l'exécution; & il fallut que notre Auteur payât & congédiât, à fes dépens, la Troupe qui devoit le fuivre. Alors il prit le parti de revenir à Paris. A débuta à Fontainebleau en 1742, par le Comte d'Effex. L'intelligence & la naturel de fon jeu y furent géné:

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ralement goûtés. La Reine eut la bonté de lui dire elle-même, qu'elle le trouvoit bon, & qu'elle le re cevoit il fut en effet reçu le lendemain, & avec diftinction. Le Public de Paris ne fe croit pas toujours obligé de foufcrire, en matiere de goût, aux décifions de la Cour: mais dans cette occalion, la Cour & le Public furent d'accord.

Bientôt même la Cour fournit à la Noue l'occafion de lui plaire dans un autre genre. Il compofa pour les Fêtes du mariage de Monfeigneur le Dauphin, la Comédie - Ballet de Zélifca. C'étoit entrer en concurrence avec M. de Voltaire, qui, dans le même temps & pour le même fujet, composa la Princeffe de Navarre. Il eft rare que ces Ouvrages de circonstances & de commande aient le mérite de ceux que le génie entreprend à loifir & à fon choix : cependant la petite Comédie de Zélifca eft ingénieufe pour le fond, & agréable pour les détails; fur-tout elle fournit beaucoup au Spectacle; & c'était-là le point néceffaire. On y voit deux Rivaux mettre en jeu, l'un tous les preftiges de l'Art, l'autre toutes les reffources de la nature. On fent l'effet qu'un pareil contrafte devoit produire fur un Théatre où la magnificence étoit prodiguée. Cette Piece & fes Divertiffements firent un plaifir univerfel. Sa Majefté elle-même ne voulut point que l'Auteur pût ignorer celui qu'il y avoit pris; elle daigna l'en inftruire de fa propre bouche.

Il y avoit alors à la Cour les Spectacles des Petits Appartements: la Noue en fut nommé le Répéti teur, avec 1000 livres de penfion. Il fut particuliérement redevable de cette faveur à feu M. le Maréchal de Luxembourg. M. le Duc d'Orléans l'honora auffi des marques de fa confiance & de fon eftime. Ce Prince lui donna la direction de fon Théatre de Saint-Cloud.

En 1756, la Noue couronna fa réputation dra

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matique par une Comédie en cinq actes, & en vers. C'eft la Coquette Corrigée Ce fut la derniere production de l'Auteur, du moins la derniere qu'il ait mis au Théatre. Il fongea même à y renoncer comme Acteur. Sa fanté fort affoiblie en fut la principale cause. Elle n'avoit jamais été robufte, & ne pouvoit que s'altérer encore plus par le double travail de la Scene & du Cabinet. Ce fut à ce dernier que la Noue se reftreignit. Il fe propofoit d'achever à loifir les différents ouvrages dont il avoit déja préparé les canevas mais la mort ne lui en laiffa pas le temps. Elle l'enleva aux Lettres & à la Société le 15 Novembre 1761, âgé de foixante ans.

Outre les Pieces dont on vient de parler, on trouve une Comédie intitulée l'Obftine. Elle n'a paru fur aucun Théatre; cependant elle offre plufieurs fcenes qui femblent faites pour y réuffir. On peut ajouter aux Drames de la Noue, les Canevas de quelques Tragédies qui furent trouvés dans fes papiers. Le fujet de l'une eft la Mort de Cléomene ; l'autre eft la Mort de Thraféas. On doit d'autant plus les regretter, que dégagé pour toujours des travaux de l'Acteur, il auroit pu fe livrer plus conftamment à ceux du Poëte. Ses Ouvrages décelent un génie flexible, un goût fûr, le ton le plus propre au fujet qu'il traite, & de l'aptitude à traiter plus d'un genre. Il paroît également à fon aife, & dans le Cothurne & dans le Brodequin. Tel fut en lui l'Auteur; & ces traits lui peuvent être également appliqués dans fon autre profeffion c'eft, dans toutes les deux, le même tact & le même goût : ceux qui l'ont vu fur la fcene favent que la nature avoit peu fait pour fon extérieur. Il n'avoit même qu'un foible organe; mais l'intelligence & le naturel exquis de fon jeu enlevoient néceffairement les fuffrages. Enfin, à ces divers talents, la Noue joignit les mœurs & la probité, vertus que les plus grands

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