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par des Pensées diverfes au Réflexions fur l'Esprit, a fait une Tragédie intitulée Cyaxare.

BARDON, Auteur de la Tragédie de Saint-Jacques. On trouve ces quatre vers au commencement de cette Tragédie :

Ceft'image eft veue du Lecteur;
Mais Saint-Jacques voit cest'image
Ailleurs mife en plus bel ouvrage :
Où ? Ses Pélerins l'ont au cœur.

BARET, (M.) eft l'Auteur de l'Amant fuppofé, de Zélide, des Colifichets, & de l'lfle de la Frivolité.

BARNET, (Jean) Confeiller & Secretaire du Duc de Lorraine a publié une Tragédie de la Pucelle d'Orléans, qui étoit de Fronton du Duc.

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BARO,) Balthafar) né à Valence en Dauphiné en 1600, fut Secretaire d'Honoré Durfé. Ce dernier étant mort comme il achevoit la quatrieme partie d'Aftrée laiffa fes Mémoires à Baro, qui continua cet ouvrage, Il fut depuis Gentilhomme de Mlle. de Montpenfier, enfuite de l'Académie Françoise; & fur la fin de fa vie, il obtint l'Office de Procureur du Roi au Présidial de Valence, & la Charge de Tréforier de France à Montpellier. Il mourut en 1650, âgé d'environ cinquante ans. Les P'ieces qu'il nous a laiffées, font Celinde, Cloriffe, Clorefte, Saint-Eustache, Clarimonde, Parthenie, le Prince fugitif, Carifte, ou les Charmes de la Beauté, Rofemonde & l'Amante vindicative.

BARON, (Michel) Fils d'un Marchand d'Iffou dun, qui s'étoit fait Comédien, entra dans la Troupe de la Raifin, & quelque temps après, dans celle de Moliere. Baron quitta le Théatre en 1691, avec une penfion du Roi de mille écus. Il y remonta en

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1720, âgé de 68 ans; & il fut auffi applaudi, malgré fon âge, que dans fa premiere jeuneffe. On l'appella, d'une commune voix, le Rofcius de fon fiecle. Il difoit lui-même, dans fes enthoufiafmes d'amour propre, que tous les cent ans on voyoit un Célar mais qu'il en falloit deux mille pour produire un Baron. Un jour fon Cocher & fon Laquais furent battus par ceux du Marquis de Biron, avec lequel Baron vivoit dans cette familiarité que la plupart des jeunes Seigneurs permettent aux Comédiens. «M. le Marquis, lui dit-il, vos gens ont maltraité » les miens; je vous en demande juftice ». Il revint plufieurs fois à la charge, fe fervant toujours du même terme de vos gens & des miens. M. de Biron, choqué du parallele, lui répondit : « Mon pauvre » Baron, que veux tu que je te dife; pourquoi »as-tu dés gens »? Baron étoit né avec tous les dons de la nature; & il les avoit perfectionnés par l'art figure noble, voix fonore, geftes naturels, intelligence fupérieure. Ainfi que les grands Peintres & les grands Poëtes, Baron fentoit bien que les regles de l'art n'étoient pas faites pour rendre le génie efclave. « Les regles, difoit cet Acteur fublime » défendent d'élever les bras au deffus de la tête; » mais fi la paffion les y porte, ils feront bien. La » paffion en fait plus que les regles ». Rouffeau a dit de cet Acteur, qu'il donnoit un nouveau luftre aux beautés de Racine, & un voile aux défauts de Pradon. Il mourut en 1729, âgé de 77 ans.

Le Pere de ce célebre Acteur avoit auffi, dans un degré fupérieur, le talent de la déclamation. Sa mere, également Comédienne, étoit la plus belle perfonne de fon temps. On rapporte que lorfqu'elle fe préfentoit pour avoir l'honneur de paroître à la toilette de la Reine mere, Sa Majefté difoit à toutes les Dames: voilà la Baron : & elles prenoient la fuite.

Cette Actrice étoit dans le foyer de la Comédie, lorfqu'un Amant, qui l'avoit quittée, vint fe récon

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BAR cilier avec elle. La paix fe fit; & l'Amant demanda à l'Actrice la clef de fon appartement, pour aller difoit-il, fe repofer, & attendre la fin de la Piece; mais le miférable abufant de la confiance qu'on avoit en lui, prit l'argent avec tous les meubles de prix & fe fauva. Mademoiselle Baron étoit dans une fituation critique cette nouvelle, caufant chez elle une révo→ lution fubite, lui donna la mort.

Le grand Baron avoit époufé Charlotte le Noir fœur de la Thorilliere & de la Demoiselle Dancourt. De ce mariage il eut Etienne Baron, qui mourut au mois de Décembre 1711, dans la fleur de fon âge. C'étoit un jeune Comédien, beau, bien fait & dont les talents commençoient à fe perfectionner : mais un amour trop ardent pour le plaifir en priva le Public. Il fut marié avec Catherine Voudrebeck, fille de la Maurice, Directrice des Spectacles de la Foire, dont il a laiffé un fils & deux filles, l'une nommée Mademoiselle de la Traverse, qui débuta au Théatre en 1730, par le rôle de Phedre, fut reçue en 1731, fe retira en Juillet 1733, & époufa M. Bachelier, l'un des Valets de chambre du Roi, dont elle eft veuve; & l'autre, nommée Mademoiselle Desbroffes, ne fit que paroître au Théatre. Le fils fe nomme François Baron; il a été reçu aux François en 1741, y a joué pendant quatorze ou quinze ans & s'eft retiré avec une penfion de mille livres. On fit fur lui les vers fuivants, qui font connoître de quels rôles il fe chargeoit ordinairement:

Baron, je te jure ma foi,

Qu'au gré des Juges du Parterre,
Nul Acteur ne fait mieux que toi,
Jouer les rôles de Notaire.

. Pour revenir à fon aïeul, Michel Baron a laiffé plufieurs Pieces dont on a formé un recueil, telles que l'Homme à bonnes fortunes, le Rendez-vous des

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Tuileries, les Enlèvements, la Coquette, le Jaloux. l'Andrienne, l'Ecole des Peres, ou les Adelphes. Si on lui difputa principalement les deux dernieres c'eft, fans doute, parce qu'on fuppofoit plus d'affinité entre le Pere de la Rue & Térence, qu'entre Baron & le Poëte Latin: mais ce n'eft tout au plus qu'une conjecture. Il vaut mieux laiffer jouir Baron d'un bien que perfonne ne réclame, que de rifquer de le dépouiller du fien propre. Elevé fous les yeux de Moliere, il étoit difficile qu'il ne puisât pas dans les difcours de ce grand Maître, d'excellents préceptes; l'intelligence Theatrale, qui regne dans plufieurs de fes Comédies, en est une preuve. Le dialogue en eft vif, les fcénes en font variées. Rarement elles offrent de grands Tableaux ; mais l'Auteur fait copier d'après nature certains originaux auffi importuns dans la fociété, qu'amufants fur la fcene. On voit enfin, qu'il avoit étudié le monde autant que le Théatre. Pourquoi donc eft-il fi rarement cité comme Auteur ? C'eft que le Public partage difficilement fon attention en faveur du même homme. Dans Moliere il oublie l'Acteur médiocre, pour ne s'occuper que du grand Poëte. Dans Baron, il n'envifage que le grand Acteur, & perd de vue le Poëte médiocre. Il a été, en effet, le plus grand Comédien qui ait peut-être exifté. Il embraffoit tous les rôles, & les rendoit également bien tous. Lorfqu'il remonta fur le Théatre, on lui vit jouer fucceffivement Néron & Burrhus, le Menteur, rôle d'un homme de vinge áns le Pere dans l'Andrienne, Rodrigue dans le Cid, & le rôle de Mithridate. Il favoit donner des nuances différentes aux différents caracteres. Il jouoit le Misanthrope du ton d'un homme de la Cour; & celui d'Arnolphe dans l'Ecole des Femd'une maniere bourgeoife, mais qui tenoit toujours un air de nobleffe. Dans ce dernier rôle, il ne fe mettoit point en habit de vieille Guipure; i avoit un habit de velours & des bas noirs, une

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vefte d'étoffe, une perruque qui n'avoit rien de ridicule, & fon chapeau fur la tête. Loin d'outrer ce rôle, il en diminuoit la charge, que Moliere lui a donnée, autant qu'il lui étoit poffible. Dufresne jouant le rôle d'Horace, dans l'Ecole des Femmes & Baron celui d'Arnolphe, attirerent tout Paris à cette représentation.

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Baron n'entroit jamais fur la fcene, qu'après s'être mis dans l'efprit & dans le mouvement de fon rôle. Il y avoit telle Piece où, au fond du Théatre & derriere les couliffes, il fe battoit, pour ainfi dire les flancs, pour fe paffionner. Il apoftrophoit, avec aigreur & injurieufement, tout ce qui fe trouvoit fous fa main de Valets & même de Cámarades de l'un & de l'autre fexe, jufqu'à ne point ménager les termes; & il appelloit cela refpetter le Parterre. Il ne fe montroit en effet à lui, qu'avec je ne fais quelle altération de ses traits, & avec ces expreffions muettes qui étoient comme l'ébauche du caractere de fes différents Perfonnages.

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On reprochoit à Baron, que, déclamant fur le Théatre, il tournoit quelquefois le dos au Parterre ; mais cela ne lui arrivoit que lorsqu'il entendoit parler haut derriere lui: alors il fe tournoit vers les perfonnes, leur déclamoit les vers qu'il avoit à dire, & par-là leur impofoit filence. Lorsqu'il vouloit faire honneur à des gens de diftinction ou de mérite, il choififfoit un des plus beaux endroits de la Piece, & le déclamoit en les regardant.

Dans le Diable Boiteux, Roman de le Sage, il y a un trait contre ce fameux Comédien, qui eftimoit fa profeffion plus qu'elle ne vaut. Le Sage fait dire au démon: « J'apperçois un Hiftrion qui goûte,

dans un profond fommeil, la douceur d'un fonge » qui le flatte agréablement. Cet Acteur eft fi vieux, » qu'il n'y a tête d'homme à Madrid, qui puisse

» dire

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