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en compagnie, à moins qu'il ne fe trouvât avec des perfonnes pour qui il eût une estime particuliere Cela faifoit dire à ceux qui ne le connoiffoient pas, qu'il étoit rêveur & mélancolique; mais s'il parloit peu, il parloit jufte. D'ailleurs il obfervoit les manieres & les mœurs, & trouvoit le moyen enfuite d'en faire des applications admirables dans fes Comédies, où l'on peut dire qu'il a joué tout le monde, puifqu'il s'y est joué le premier en plufieurs endroits, fur ce qui fe paffoit dans fa propre famille.

Le Grand Condé difoit que Corneille étoit le Bréviaire des Rois; on pourroit dire que Moliere eft lę Bréviaire de tous les hommes.

Louis XIV, voyant un jour Moliere à fon dîné, avec un Médecin nommé Mauvillain, lui dit : « Vous » avez un Médecin, que vous fait-il? Sire, répon» dit Moliere, nous raisonnons enfemble: il m'or" donne des remedes; je ne les fais point; & je gué» ris ». Mauvillain étoit ami de Moliere, & lui fourniffoit les termes d'art, dont il avoit befoin. Son fils obtint, à la follicitation de Moliere, un Canonicat à Vincennes.

Baron annonça un jour à Moliere, un homme que l'extrême mifere empêchoit de paroître. « Il fe nomme » Mondorge, ajouta-t-il. Je le connois, dit Moliere; » il a été mon camarade en Languedoc; c'eft un » honnête homme. Que jugez-vous qu'il faille lui » donner? Quatre Piftoles, dit Baron, après avoir » héfité quelque temps. Hé bien ! répliqua Moliere, » je vais les lui donner pour moi; donnez-lui pour » vous ces vingt autres que voilà ». Mondorge parut; Moliere l'embraffa, le confola, & joignit au préfent qu'il lui faifoit, un magnifique habit de Théatre, pour jouer les rôles tragiques.

MOL

MOL Moliere étoit défigné pour remplir la premiere Place vacante à l'Académie Françoife. La Compagnie s'étoit arrangée au fujet de fa profeffion il n'auroit plus joué que dans les rôles de Haut - Comique; mais fa mort précipitée le priva d'une place bien méritée, & l'Académie d'un fujet fi digne de la remplir. Ce fait eft attefté par une note de l'Académie Françoise.

Louis VIV, se bottant pour aller à la chaffe, demandoit à Defpréaux, en préfence de plufieurs Seigneurs, quels Auteurs avoient le mieux réuffi pour la Comédie Je n'en connois qu'un, reprit le Satyrique; & c'est Moliere; tous les autres n'ont fait que des Farces proprement dites, comme ces vilaines Pieces de Scarron. Le Roi demeura penfif; & Delpréaux s'appercevant qu'il avoit fait une faute, fe mit à baiffer les yeux, ainfi que les autres Courtifans. « Si bien donc, reprit le Roi, que Defpréaux n'ef» time que le feul Moliere? Il n'y a, Sire lui , que » qui foit eftimable dans fon genre d'écrire. Je n'eus garde, difoit Defpréaux, de vouloir r'habiller mon » incartade; c'eût été faire fentir que j'avois été ca"pable de la faire ». Le Duc de Chevreule le tira à quartier, en lui difant : « Oh! pour le coup, votre » prudence étoit endormie !.... Et où eft l'homme, » répondit Defpréaux, à qui il n'échappe jamais une >> fottife »?

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MOLINE, (M.) a fait imprimer ou jouer en fociété, plufieurs Pieces qui n'ont pas été représentées fur les Théatres publics, telles que les Légiflatrices, Themiftocle, le Savetier Médecin, le Concert interTompu, la Fête de Saint-Cloud, Richard Minutolo, la Couronne de fleurs; l'Orpheline Angloife, ou les Trois Tuteurs; la Sœur fuppofée; la Meuniere enrichie, ou le Gafcon puni; le Bon Seigneur, ou le Colin- Maillard; Laure & Petrarque. L'Académie Royale de Mufique a donné en 1774 fon Opéra d'Orphée,

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MONCRIF, (François-Auguftin Paradis de) mort à Paris en 1770, âgé de 83 ans, étoit né dans cette Ville, d'une famille Bourgeoife, qui le fit élever, dans l'efpérance de lui voir choisir une de ces profeffions honnêtes, dans lefquelles l'efprit qu'il parut avoir d'affez bonne heure, étoit un des meilleurs moyens de fe diftinguer. L'efpoir de fes parents à cet égard fut trompé : les difpofitions brillantes qu'il fe trouva pour un exercice plus fait pour la jeune nobleffe, ou pour ceux qui se destinent à l'Etat Militaire, qu'à un particulier de fon état, lui donnerent des vues contraires à celles de fa famille. L'avantage qu'il tira de la grace & de l'adreffe qu'il avoit fous les armes, fut de fe trouver fouvent avec la jeuneffe la plus diftinguée de ce temps-là, & de former au milieu d'elle des liaisons honorables, qu'un efprit naturel, une figure aimable, un defir conftant de plaire, & fur-tout une humeur égale, douce & complaifante, l'aiderent à conferver. L'Amour de la Poéfie, fi peu fusceptible de se partager avec les foins & l'étude d'une autre profeffion, fervit encore à le détourner de la route que lui avoient indiquée fa fortune & fes prétentions naturelles dans la fociété. En réfléchiffant au bonheur qu'il avoit de fe faire aimer par-tout où il fe préfentoit, il fentit qu'il pouvoit acquérir des amis utiles, & même des Protecteurs ; & la profeffion des Lettres fut celle à laquelle il fe dévoua. La gaieté naturelle à la Nation Françoise, avoit imaginé dans le commencement de ce fiecle, le genre plaifant de la Parade. Ce fut fur-tout dans le même Temple où Chaulieu, Lafare, & tous les illuftres voluptueux s'étoient raffemblés auparavant, qu'il s'éleva un Théatre pour cette bouffonnerie, qui fit, pendant plufieurs années, les plaifirs de la meilleure compagnie de Paris. Moncrif s'y trouvoit fort répandu; & il fut un des hommes de Lettres qui concoururent à rendre cette folie piquante pour les gens d'efprit même.

MON

autre

MON Attaché à M. le Comte de Clermont, en quas lité de Secretaire de fes Commandements, Moncrif voulut contribuer aux amusements de Madame la Ducheffe Douairiere; & ce fut pour cette Princeffe qu'il compofa la Comédie en un Acte & en vers libres, des Abdérites qu'il lui dédia. Cette Piece fut. jouée à Fontainebleau au mois de Novembre de la même année; mais elle ne parut point fur le Théatre de Paris, où nous ne devons pas diffimuler qu'elle eût eu peu de fuccès; parce que ce genre d'ouvrage demande des talents particuliers que Moncrif n'avoit pas. On lui attribue cependant encore une Comédie intitulée la Faufe magie, représentée fur le Théatre de la Comédie Italienne. Cet Auteur dont les premiers effais lyriques avoient eu du fuccès fe voua, pour ainfi dire, à ce feul genre; car ce n'étoit pas en fortir que de faire par intervalles 9 quelques couplets délicats & naïfs dans le goût de nos anciennes Chanfons. On le vit cependant publier de temps à autre quelques légeres differtations fur des matieres utiles; mais fon talent particulier le ramenoit à la Romance & à la Mufe de l'Opéra. Son acte de Zélindor, furtout, fit le plus grand plaifir; & il eft un des jolis ouvrages qu'on remontre au Public avec le plus de confiance. Ses autres Pieces font l'Empire de l'Amour, Linus, Almafis, Ifmene, les Génies tutélaires, la Sybille, les Ames réunies.

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MONDONVILLE, (Jean- Jofeph Caffanéa de ) né à Narbonne en 1715, de parents peu riches mais d'une bonne famille, fe fentit porté de bonne-heure par une forte impulfion, au goût de la mufique & bientôt il devint célebre dans cet âge où l'on a peine encore à fe faire connoître. Accueilli dans la Capitale de la Flandre, il y étonna par les trois grands Motets qu'il y fit exécuter avant l'âge de vingt ans, Ce fut en 1737 qu'il vint les faire entendre à Paris.

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Leur fuccès y fut prodigieux. On n'avoit point encore vu, au Concert Spirituel, une affluence égale à celle qu'attirerent les premiers effais de Mondonville. Ces trois morceaux de génie annoncerent une Lyre enchantereffe & favante, qui le difputoit à celle de Lalande, & qui triomphoit de celle de Mouret : c'étoit le Magnus Dominus, le Jubilate, & le Dominus Regnavit, que l'on entend encore avec tant d'applaudiffement. Je ne parlerai point du plaifir qu'il procura fouvent au Concert Spirituel, par l'exécution brillante & facile de fon Violon la gloire du Compofiteur fuffit à son éloge.

Après s'être diftingué dans ces différents genres, Mondonville voulut fe montrer au Théatre de l'Opéra; mais les premieres paroles qui lui furent confiées, étoient peu dignes de fa mufique; & cette Paftorale, fous le nom d'Isbé, n'a point reparu depuis fur ce Théatre En 1749, il donna le Carnaval du Parnaffe, qui eut trente représentations, & a été repris depuis avec le même fuccès.

L'Abbé de la Mare, peut-être un des derniers Auteurs parmi nous, qui aient eu les talents convenables à la fcene lyrique, laiffa l'Opéra de Titon & l'Aurore imparfait. On le mit entre les mains de Mondonville, qui ne foupçonnoit point encore qu'il eût le talent d'écrire la fcene lui-même; mais qui dans les corrections & les additions dont cet ouvrage eut befoin, s'en tira affez bien, pour qu'on ne pût diftinguer ce qui étoit de l'Abbé de la Mare ou de lui. Il joignit à cet Opéra le Prologue de Prométhée, qu'il emprunta de la Motte; & cette Pastorale réunit tous les fuffrages en 1753, ainfi que le Carnaval du Parnafje.

Ce fut l'année fuivante que Mondonville fe montra entiérement, en qualité de double Com

pofiteur

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