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pour fervir à l'Hiftoire des Révolutions de la République des Lettres : & nous les empruntons de préférence, parce que cet Auteur eft attaché à un parti où l'on ne peut être foupçonné de vouloir flatter M. Paliffot. « A l'imitation d'Ariftophane, dit-il, qui ne » refpectoit rien, & qui divertiffoit les Grecs aux » dépens du mérite envié, on a tâché, dans la Piece » Françoise, de couvrir d'opprobre des gens qui, » s'ils font réellement Philofophes, ont les plus grands » droits à l'eftime publique. Tout a paru furprenant » dans cette Comédie, l'idée de la Piece, l'exécu» tion, le style nerveux & correct, le ton fatyrique, »le fuccès prodigieux, le nombre des représentations, » l'affluence des Spectateurs, &c, &c ».

Nous ajouterons que ce fingulier ouvrage, dans lequel M. Paliffot avoit le courage d'attaquer, non un feul perfonnage ridicule ou vicieux, mais une fecte nombreuse, puiffante & accréditée, a, par cette raifon-là même, une toute autre importance que routes les Comédies qui ont paru depuis le Tartuffe ; & que, parmi nos Pieces Modernes les plus diftinguées, on ne peut raisonnablement lui en affimiler

aucune.

Ce qui achevera de donner une idée des talents de notre Poëte, c'est que, depuis cette Comédie, il ne s'eft pas montré inférieur à lui-même dans celle de l'Homme dangereux. On y retrouve le même style, la même énergie, la même vigueur comique; & l'on doit regretter que, par des confidérations particulieres, cet ouvrage utile & moral n'ait pas encore été représenté.

On affure que l'Auteur travaille actuellement à une Comédie des Courtifannes, fujet non moins hardi que celui des Philofophes, & qui lui laiffera la gloire d'avoir faifi tous les grands traits de ridicule, que, notre âge pouvoit lui préfenter. On a de M. Paliffot

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d'autres ouvrages, dont nous ne parlons point, parce qu'ils n'ont aucun rapport au Théatre.

PANNARD, (Charles-François) né à Courville près de Chartres, mort à Paris en 1764, âgé de foixante-quatorze ans, eut quelques étincelles du génie d'Anacréon. Ses vers refpirent l'enjouement & le plaifir; mais, jamais il ne fit rougir les Graces qui l'accompagnerent jufqu'au tombeau. Il fut allier l'efprit & le fentiment, la décence & la volupté, l'énergie & la délicateffe: mais il eut moins d'élégance, de correction, de coloris, & fut moins grand Peintre que le Poëte Grec. Il arma quelquefois la gaieté des traits de la fatyre; peignit, en badinant, les mœurs de fon fiecle; &, dans le temps que fa Mufe facile & légere le berçoit fur un lit de roses, il en faifoit fentir les épines aux Spectateurs, qui rioient de leur piquure. La morale & la critique caractérisent les ouvrages de cet Auteur qui femblent être le moins faits pour l'une & pour l'autre : telles font fes Chansons bachiques & galantes & fes Pieces qu'il appelloit Anacréontiques.

Il feroit inutile de le fuivre dans le cours de fa vie; il conferva dans l'âge le plus avancé, la naïveté de l'enfance & la vivacité de la jeuneffe. La plupart de fes Comédies font reftées au Théatre; & il faut efpérer que, lorfque le goût du public fe fera laffé de nos Opéra-Bouffons, on y remettra fes Opéra-Comiques. Il n'y en a aucun, dont la critique des mœurs ne foit l'objet : on y trouve des fituations & des traits du meilleur comique. Pannard effaya fes talents au Théatre François ; & les Comédies qu'il y donna, furent très-bien reçues. L'In-promptu des Acteurs eu le plus grand fuccès aux Italiens; la fcene de Riccoboni eft remplie de fi excellentes maximes, que les meres les plus féveres les récitent & les font apprendre à leurs filles. Mais, c'eft fur-tout par fes Vaudevilles, que Pannard s'est rendu célebre. Ce genre de Poéfie

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qu'inventa l'enjouement de nos peres, qui fervit quelquefois à venger la Nation des pertes qu'elle avoit faites, ou des malheurs qu'elle avoit effuyés, mais que plus fouvent encore le libertinage employa à chanter fes excès, devint, par l'art de notre Auteur, le mafque le plus féduifant que la Sageffe ait jamais pris pour nous attirer à elle, en nous forçant d'abJurer nos ridicules.

Pannard s'eft peint lui-même dans les vers fuivants. Le Lecteur peut y ajouter ce que la modeftie de l'Auteur lui a fait omettre. Il étoit dans un âge avancé, lorsqu'il a tracé ce portrait ressemblant.

Mon Automne à fa fin rembrunit mon humeur ;
Et déja l'Aquilon, qui fur ma tête gronde,

De la neige y répand la fâcheufe couleur.

Mon corps, dont la ftature a cinq pieds de hauteur,
Porte fous l'eftomac une maffe rotonde,

Qui de mes pas tardifs excufe la lenteur.

Peu vif dans l'entretien, craintif, diftrait, rêveur;
Aimant fans m'affervir, jamais Brune, ni Blonde,
Peut-être pour mon bien n'ont captivé mon cœur.
Chanfonnier fans chanter, paffable Coupleteur,
Jamais dans mes Chanfons on n'a rien vu d'immonde.
Soigneux de ménager, quand il faut que je fronde,
(Car c'est en cenfurant qu'on plaît au Spectateur),
Sur l'homme en général tout mon fiel se débonde.
Jamais contre quelqu'un ma Mufe n'a vomi

Rien dont la décence ait gémi ;

Et toujours dans mes vers la vérité me fonde.
D'une indolence fans feconde,

Pareffeux s'il en fut, & fouvent endormi;
Du revenu qu'il faut, je n'ai pas le demi.

Plus content toutefois que ceux où l'or abonde,
Dans une paix douce & profonde

Par la Providence affermi,

De la peur des befoins je n'ai jamais frémi.

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D'une humeur affez douce & d'une ame affez ronde,
Je crois n'avoir point d'ennemi;

Et je puis affurer, qu'ami de tout le monde,
J'ai, dans l'occasion, trouvé plus d'un ami.

Pannard étoit tel qu'il s'eft peint. Plus enjoué, mais auffi fimple que la Fontaine, d'un caractere vrai & fans fard, fans jaloufie & fans ambition; ardent ami, convive aimable, il conferva fa gaieté dans toutes les fitua— tions de la vie. Plus fage encore dans fes mœurs, que dans fes vers, il n'afficha jamais cette vaine philofophie, qui ne confifte que dans des paroles & dans une conduite finguliere. Ce vers que M. Favart, fon ami, a fait fur Pannard, le caractérise très-bien :

Il chanfonna le Vice, & chanta la Vertu:

Nous allons donner la lifte des Comédies & des Opéra-Comiques que Pannard a compofés feul ou avec d'autres, aux François, aux Italiens, ou à la Foire. Au Théatre François, avec l'Affichard, les Acteurs déplacés; avec Fagan, l'Heureux retour, à l'occafion du retour de Sa Majefté; avec l'Abbé d'Allainval, le Carnaval de Milan, Piece reçue & non jouée. Au Théatre Italien, avec l'Abbé d'Allainval, le Tour de Carnaval, dont il fit les Cahin-Caha; avec MM. T & M. le Triomphe de Plutus; avec M. Sticotti, les Fêtes finceres, repréfentées à la Cour, à l'occasion de la Convalescence du Roi : la Parodie de Roland, l'Inpromptu des Acteurs, ainfi que les Ennuis de Thalie, les Tableaux, & les Vaux accomplis, à l'occafion de la Naiffance du Duc de Bourgogne. Avec M. Favart, Dardanus, Parodie; avec MM. Favart & Laujon, Zéphire & Fleurette, Parodie; avec M. Sabine, les Fêtes pour la Naiffance du Duc d'Aquitaine. Seul, les Divertissements de la Veuve à la mode de l'Horofcope accompli, de l'Italien marié à Paris, du Contrat de l'Amour & de l'Hymen, de l'Ecole

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des meres

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de la Colonie Nouvelle. Au Théatre de l'Opéra-Comique, feul, l'In-promptu du Pont-Neuf, à l'occafion de la Naiffance de Monfeigneur le Dauphin; les Petits Comédiens, ou la Ville vengée, & le Prologue de la Rancune; le Nouvellifte dupé, les Deux Eleves; le Pot-pourri, Pantomime; le Départ de l'Opéra-Comique; l'Amant, Maître de Mufique; les Ages, Ballet. Avec Fuzelier, la Mere embarraffée, l'Abfence, le Ballet de Dom-Quichotte chez la Ducheffe, l'Académie Bourgeoife, les Epoux réunis, le Magafin des Modernes, le Gage touché, les Ennemis réconciliés, la Fée bienfaisante; l'Europe & la Paix, Prologue pour la Cour, repréfenté à Meudon ; le Carnaval, Prologue; la Comédie à deux Alteurs, & la Déroute des Comédiens, Prologue. Maximien, avec l'Affichard; & Alzirette, avec le même. Seul encore, la Mufe, Pantomime; le Rêve, les Trois Prologues dont le Repas allégorique & l'Amphigouri faifoient partie; les Talents Comiques, la Fauffe rupture, le Miroir, Marianne, les Fous volontaires, les Acteurs éclopés; l'Industrie, l'Affemblée des Acteurs, ou le Prologue du Charbonnier; la Comédie fans hommes, l'Ecole d'Anieres, le Badinage, la Gageure, le Comte de Belflor, les Jardins d'Hébé, le Faux Niais de Sologne, le Regiftre inutile, l'Intrigue, les Obftacles fuppofés, l'Arbre de Cracovie, le Foffé du fcrupule le Saut du foflé, le Vaudeville. Avec Fuzelier & Pontau, la Méprife de l'Amour, ou Pierrot Tancrede, Parodie; l'Amour & la Néceffité, Parodie de la Boîte de Pandore; le Malade par complaisance. Avec Fuzelier & Thierry, la Tante rivale. Avec Marignier & Pontau, Argénie. Avec Pontau, les Deux fuivantes; le Bouquet du Roi, à l'occafion de la Naiffance de M. le Duc d'Anjou; les Fêtes galantes, avec trois Divertiffements; le Rien, avec Fagan; Ifabelle Arlequin, le Sylphe fuppofé, l'Esclavage de Pfyché, la Fauffe ridicule, la Foire de Cythere, Momus à Paris, le Temple du fommeil, les Acteurs

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