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QUI QUI QUINAULT, frere du précédent. Voyez Du

FRESNE.

QUINAULT, (les Demoifelles) étoient trois fœurs des deux Acteurs précèdents, & filles du Comédien Quinault, qui avoit commencé à jouer en 1695, & s'étoit retiré du Théatre en 1717. L'ainée de ces trois fœurs, nommée Françoise, avoit époufé Hugues de Nele, Comédien, & étoit une très-gracieufe Actrice. Elle avoit débuté en 1708, & mourut en 1713, âgée de vingt-cinq ans. Elle jouoit les premiers rôles dans le Tragique & tous les rôles Comiques. La feconde (Marie-Anne) fut reçue en 1714, & quitta le Théatre l'an 1722. La troifieme enfin (Jeanne-Françoife) débuta par le rôle de Phedre, en 1712, fous le nom de Mlle. Dufrefne, & enfuite fous celui de Quinault. C'étoit une excellente Actrice, qui jouoit parfaitement les rôles comiques chargés. Elle fe retira en même temps que Dafrefne fon frere.

Mlle. Quinault, célebre au Théatre par fes rôles de Soubrette & de caractere, répétoit quelquefois un rôle devant le miroir, non pour étudier fes mouvements, mais pour fe corriger; elle prioit les amis de fe cacher, fans qu'elle en fût rien, & de lui dire enfuite où elle avoit manqué.

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RACAN, (Honorat de Beuil, Marquis de) Get

tilhomme de Touraine, où il naquit en 1589, mourat en 1670. Il fut un des membres les plus diftingués de l'Académie Françoife dans fon établiffement. Il a laiffé quelques Poéfies eftimées, parmi lesquelles

RAC

RAC

eft une Paftorale intitulée les Bergeries, ou At

tenice.

1639, à la Fertépere étoit ContrôTréforier de France Secretaire du Roi

RACINE, (Jean) naquit en Milon dans le Valois, où fon leur du Grenier à Sel. Il fut en la Généralité de Moulins, Gentilhomme ordinaire de fa Chambre, reçu à l'Académie Françoife, & choifi par Louis XIV, pour travailler à fon Hiftoire. Il mourut à Paris en 1699, & voulut être enterré à Port-Royal-des-Champs, où il avoit été élevé dans fa jeuneffe. Lors de la démolition de cette Abbaye, fon corps fut transporté en l'Eglife de la Paroiffe Saint-Etienne-du-Mont, à Paris, où il eft inhumé à côté de Pafcal. Ses Pieces de Théatre font: la Thébaïde, où les Freres ennemis Alexandre, Andromaque, les Plaideurs, Britannicus Bérénice, Bajazet, Mithridate, Iphigénie, Phedre & Hippolyte, Efther & Athalie: il eft auffi l'Auteur de l'Idylle de la Paix.

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Conduit par un gout toujours fûr, Racine choififfoit admirablement bien tous fes fujets, & aimoit mieux devoit quelque chofe à fa matiere, que de rifquer le fuccès d'une Piece, par une préfomption qui cependant lui eût été pardonnable. Son caractere d'efprit fin, délicat, noble, élevé & toujours foutenu, faififfoit habilement le point fixé des objets, & en diftinguoit jufqu'aux nuances des plus imperceptibles. Uniquement occupé du foin de peindre la Nature, il ne la perdoit jamais de vue, même dans l'effor le plus rapide. Il la voyoit telle qu'elle eft, & l'embelliffoit fans la déguiser. On oublie le Poëte; c'est la Nature qui fe préfente elle-même; c'eft elle même qui s'exprime. A l'exemple des Grecs, Racine s'attachoit aux grandes paffions; mais c'eft prefque tou jours l'Amour qui le met en jeu. Qu'il intéreffe vivement, quand il paroît feul! Qu'il s'exprime dá

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licatement! qu'il fe développe naturellement ! Peu de perfonnes connoiffent les refforts qu'il emploie, tout le monde eft capable de les fentit. Foibleffes, inquié tudes, emportements, détours cachés, fecrets paffionnés, rafinement du cœur, tout fe dévoile à propos; & tout prend le caractere & l'expreffion de l'Amour. Le ftyle eft tout à la fois noble, magnifique, doux, agréable, élégant, naturel. La beauté de la diction anime & foutient celle des penfées. Les vers font aifés, nombreux, coulants, & répondent à la dignité de la Tragédie. L'oreille, l'efprit, le cœur font également fatisfaits. Auffi jamais Auteur n'a-t-il eu un fuccès plus éclatant, plus foutenu & plus durable. Dans une carriere que Corneille avoit parcourue avec tant de gloire, croyoit-on qu'il y eût encore tant de lauriers à cueillir? Plus heureux que Corneille, Racine a joui des regrets de toute l'Euen finiffant les travaux dans un âge où il pouvoit foutenir toute fa réputation, fans craindre de la diminuer. L'un & l'autre ont également contribué à élever le Théatre François à côté de celui d'Athenes, & au deffus de tous les Théatres du monde : l'un, comme Sophocle, par la grandeur des idées ; & l'autre, comme Euripide, par la tendreffe des fentiments. On a comparé les beautés de Corneille à celles d'une Statue qui frappe par la fierté, la hardieffe, la force, la vigueur de fes traits; & celles de Racine, à un Tableau dont l'expreffion douce, tendre, délicate, naturelle, animée, charme les yeux. & touche le cœur : l'un à un torrent qui s'éleve avec violence, & fe précipite avec impétuofité l'autre à un fleuve majeftueux, dont le cours paifible répand la fertilité dans les lieux qu'il arrofe: Corneille, cet aigle audacieux qui fe perd dans la nue & porte le foudre de Jupiter; Racine à une tendre colombe, qui plane dans les airs, voltige dans les bois d'Idalie, & revient traîner le char de Vénus. Le premier va au cœur par l'efprit; le fecond va à l'efprit

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à

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par le cœur. Cette feule oppofition de caractere marque & conferve à l'un & à l'autre toute fa gloire, & leur affure à tous deux l'immortalité dont ils jouiffent.

Dans le temps qu'on ne faifoit autre chofe que des paralleles de Corneille & de Racine, Boileau lâcha cette Epigramme.

J'approuve que chez vous, Meffieurs, on examine,

Qui du pompeux Corneille, ou du tendre Racine,
Excita dans Paris plus d'applaudiffements:

Mais je voudrois qu'on cherchât tout d'un temps,
(La queftion n'eft pas moins belle)

Qui du fade Boyer, ou du fec la Chapelle,
Excita plus de fifflements?

Racine avoit beaucoup de confiance aux lumieres de fon ami Defpréaux; & fouvent il a dit qu'il ne fe croyoit pas plus redevable du fuccès de la plupart de fes Pieces aux préceptes d'Horace & d'Ariftote qu'aux fages & judicieux confeils de cet excellent Critique.

C'étoit affez la coutume de Racine de réciter fes vers avec feu, lorfqu'il les compofoit. Etant un matin aux Tuileries, il fe vit tout d'un coup environné d'ouvriers qui avoient quitté leur travail pour le fuivre. Ils le prenoient pour un homme qui, par défefpoir, alloit fe jeter dans le baffin. 1

RADONVILLIERS, (l'Abbé Claude de) Ex-Jéfuite, de l'Académie Françoise, Auteur des Talents inutiles Comédie, donnée au College de Louis-le-Grand en 1740.

RAGUENEAU, (Marie) A&trice de la troupe de la rue Guénégaud, femme de la Grange, laide & co

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quette. Ses amours apprêterent à rire : & fa ridicule paffion lui attira le Quatrain fuivant :

Si, n'ayant qu'un amant, on peut paffer pour fage,
Elle eft affez femme de bien ;
Mais elle en auroit davantage,

Si l'on vouloit l'aimer pour rien.

RAGUENET a donné les Aventures comiques d'Arlequin.

RAISIN, (Jean-Baptifte) fils d'un Organiste de Troyes, né en 1656, étoit excellent dans tous les genres comiques. Perfonne n'a joué, avec une fi grande perfection, les rôles à Manteau, ceux des Valets brillants, des Petits-Maîtres, des Ivrognes & enfin, généralement, tous les caracteres qu'il a remplis. Hétoit d'une taille médiocre, mais bien prife, beau, & jouant du vifage, avec un art admirable. Dans les rôles à Manteau, tels que le Grondeur, Arnolphe, &c. il avoit un air févere & mauffade; dans les Valets, la phyfionomie hardie & maligne; dans les Petits-Maîtres, un air tendre, galant & libertin; enfin, c'étoit un vrai Prothée, non feulement dans chaque rôle, mais encore dans chaque fituation de fes rôles. Il joignoit à ces talents fupérieurs, de l'efprit, beaucoup de gaieté il avoit un art fingulier pour réciter une hiftoriette ou un conte : il jouoit fon récit, & y joignoit des graces qui lui donnoient un nouveau mérite; auffi étoit-il répandu dans les meilleures compagnies. Cependant, tout diffipé qu'il étoit par les plaifirs, & la bonne chere, qu'il aimoit beaucoup, jamais Comédien n'a fait plus d'étude fur fon Art: il y rapportoit tout; & lorsqu'il avoit faisi dans le monde quelque chofe qui pouvoit avoir du rapport à fes rôles, il en faifoit ufage; & même fouvent il a propofé des fujets aux Auteurs qui travailloient pour le Theatre.

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