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RAI

RAI On devoit repréfenter une Comédie à Anet, devant Monfeigneur; Raifin, qui paffoit pour buveur affecta de dire, tout haut, qu'il avoit foif, & d'aller à l'office; mais il fe cacha fous une table couverte d'un tapis. Monfeigneur vint; Raifin ne fe trouva pas; on l'accufa de goblotter; on le chercha, mais inutilement. Son frere vint faire des excufes pour lui. M. le Grand Prieur & M. le Comte de Brionne, qui étoient du fecret, parurent embarraffés; enfin, Raifin ronfla; on l'entendit; on le tira de deffous la table; il feignit d'être ivre; & jouant toujours le même perfonnage, il dit quantité de chofes qui amuserent plus que la Piece même.

Cet excellent Acteur mourut en 1693, dans un temps où le vin manqua, & où le pain devint trèscher; ce qui donna occafion à cette Epigramme: Quel aftre pervers & malin, Par une maudite influence, Empêche déformais qu'en France On puiffe recueillir du vin? C'est avec raifon que l'on crie, Contre la rigueur du deftin, Qui nous ôre jusqu'au Raifin De notre pauvre Comédie.

Raifin mourut pour avoir trop bu, n'ayant pas encore quarante ans. Il y avoit des temps, dit-on, qu'il auroit donné fa femme pour une bouteille de vin de Champagne. Il avoit épousé la Demoiselle Longchamp, (Françoife Pitel,) qui débuta en même temps que lui, & quitta le Théatre en 1791.

RAISIN, (Jacques) frere ainé du précédent, jouoit les feconds rôles dans le Tragique & les Amoureux dans le Comique. It quitta le Théatre en 1694, & mourut quatre ans après. Il avoit compofé quatre Comédies, qui ont été repréfentées & non imprimées; favoir, le Niais de Sologne, le Petit homme de la Foire, le Faux Gafcon & Merlin Gafcon.

RAI

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RAM

RAISSIGUER, naquit à Alby en Languedoc, vers la fin du feizieme fiecle & embrafla la Profeffion d'Avocat il s'attacha aux Grands, & fut fur-tout protégé par le Duc de Montmorency. Le genre dans lequel il a travaillé, & fes fujets, dont le fond eft toujours le même, peignent en partie fon caractere : il commença par accommoder au Théatre François l'Aminte du Taffe il fit enfuite les Amours d'Aftrée, la Bourgeoife, Palinice, la Paftorale de Calirie, ou Elidée, & le Rendez-vous des Tuileries.

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Ce Théatre n'eft qu'un Recueil d'Aventures Romanefques, dont toute la morale eft en maximes galantes; & l'Auteur eft entre les Poëtes Dramatiques ce que Durfé eft parmi les Romanciers. On prétend qu'une infortune amoureufe le porta à travailler pour le Théatre. Il n'eft pas étonnant qu'il ait toujours choifi des fujets triftes & conformes à fa fituation. En peignant des Amants rebutés & des Maîtreffes cruelles, il fe retraçoit fa propre aventure. Quand à fa maniere de traiter l'amour, il a fuivi le goût de fon fiecle. On admiroit alors ces fades Romans, qui, jusqu'à Boileau ont infecté la littérature. Le ton qui y régnoit, s'étoit répandu dans les fociétés : un vain jargon de galanterie, mêlé d'équivoques & de jeux de mots, étoit le langage à la mode. Ses vers font affez coulants, affez purs; mais fon ftyle eft hériffé de pointes & d'antithefes. On trouve ordinairement dans fes Pieces beaucoup d'intrigue, mais peu d'art; il y a même des fautes groffieres contre les regles, qu'on ne fauroit rejeter fur l'ignorance de fon fiecle le Théatre commençoit alors à fortir de la barbarie, d'où le tiroit le génie du grand Corneille.

RAMEAU, Jean-Philippe) fils de Jean Rameau, & de Claudine Martincour, naquit à Dijon le 25 Octobre 1683; fon goût pour la mufique le conduifit très-jeune en Italie; il fut long-temps Organifte à Clermont en Auvergne, & enfuite à Paris, à Sainte

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Croix de la Bretonnerie. Une représentation de l'Opéra de Jephté développa en lui le talent fingulier qu'il avoit pour la compofition; talent qui s'étoit déja manifefté par plufieurs pieces de Claveffin qu'il avoit compofées, foit dans la Province, foit à Paris. On fait que ces dernieres eurent dans leur nouveauté, le plus grand fuccès, & n'ont encore rien perdu de l'eftime des vrais connoiffeurs. Mais appellé par fon génie à un genre plus élevé, il s'adreffa à l'Abbé Pellegrin qui lui donna la Tragédie d'Hippolyte & Aricie; c'eft le premier ouvrage de ce genre qu'il mit en Mufique, & dont le fuccès fut fuivi de plus de vingt autres, dont voici la lifte les Indes galantes, Caftor & Pollux, les Fêtes d'Hébé, Dardanus, les Fêtes de Polymnie, le Triomphe de la Gloire, les Fêtes de l'Hymen & de l'Amour, Zaïs, Naïs, Platée, le Temple de la Gloire, Pygmalion, Zoroaftre, Acanthe & Céphife, la Guirlande, Daphnis & Eglé, Lifis & Delie, les Sibarites, la Naiffance d'Ofiris, la Fête de Pamilie, les Surprises de l'Amour, les Paladins.

**Rameau avouoit avec une noble franchise, qu'il avoit été redevable de beaucoup de lumieres fur fon Art, au célebre Marchand, Organifte des Cordeliers de Paris: mais on ne peut lui difputer la gloire d'avoir prêté à l'harmonie de nouvelles forces. Il éclate un génie fupérieur dans la plupart de fes fymphonies, dans fes choeurs, dans les morceaux de Chant mefuré; & prefque tous fes airs de danfe nous ont 'été enviés par l'Italie même. Cet habile Artiste avoit pris, dans le goût Italien, ce qu'il y avoit trouvé d'excellent. Il s'eft rencontré avec le genre des Pergoleze, des Corelli, &c. C'étoit un violon à la main que Rameau compofoit ordinairement fa Mufique. Quelquefois il fe mettoit à fon Claveffin; mais lorfqu'il étoit au travail, il ne fouffroit pas qu'on l'interrompît; & malheur à l'indifcret qui perçoit alors jufqu'à lui. Jamais cet Artifte n'a eu de Maître de Compofition; il l'a apprife de lui-même : il étoit réel

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lement dans l'enthousiasme en compofant: il fe livroit à une gaieté déclamatoire, lorfque fon génie le fervoit à fon gré, & à une espece de fureur chagrine, s'il fe refufoit à fes efforts.

La représentation d'Hippolyte & Aricie devint une époque pour la Nation elle excita dans les efprits une fermentation générale, effet ordinaire de tous les bons Ouvrages. Tout le monde prit parti pour ou contre ce nouveau genre de Mufique, avec une efpece de délire mais le concours des Spectateurs ne diminuoit point; & malgré la prévention, la jaloufie & la haine, le génie de Rameau prévalut. A chaque production qu'il donna depuis au Théatre, on vit renaître les mêmes mouvements, la même affluence & le même fuccès: perfonne ne le tint dans l'indifférence on admira avec transport, où l'on critiquoit avec fureur; & la réputation de l'Auteur, affermie par cet Ouvrage même, prenoit toujours des racines plus profondes.

Rameau mourut en 1764, & fut enterré à Saint Euftache, la Paroiffe : l'Académie royale de Mufique fit célébrer pour lui, dans l'Eglife de l'Oratoire, un fervice folemnel aux frais de fes Directeurs: l'affluence fut prodigieufe: plufieurs beaux morceaux, tirés des Opéra de Caftor & de Dardanus, furent adoptés aux prieres qu'il eft d'ufage de chanter dans cette cérémonie, & firent verfer des larmes, en rappellant aux Spectateurs les talents de l'homme illuftre que la Nation venoit de perdre.

RAMPALE, Auteur de Bélinde & de Dorothée.

REBEL, M. Jean Feri) Compofiteur & premier Violon des 24 de la Chambre du Roi, étoit pé à Paris en 1669. Dès l'âge de 8 ans, il jouoit du violon

St. Germain-en-Laye, aux Opéra repréfentés devant le Roi. Un jour, à une répétition générale,

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faite en présence d'une partie de la Cour, Lully s'étant apperçu d'un gros rouleau de papier de Mufique, que le petit Rebel avoit dans fa poche, le prit & Fayant développé, vit que c'étoient les parties d'un Acte d'Opéra, de la compofition de cet enfant, Curieux d'entendre une production auffi précoce Lully engagea fon auditoire à refter, & dit au petit Rebel de diftribuer les rôles & les parties de cet Acte, & de le faire exécuter. On drefla une table dans l'Orchestre, fur laquelle on le fit monter pour battre la mesure; & l'on parut très-content de fa Mufique. Quelques années après, il entra dans l'Orchestre de l'Opéra, où d'abord il joua du violon; enfuite, il fut accompagnateur de Claveffin; & en 1714, il devint Batteur de Mefure. Il a fait l'Opéra d'Ulyffe, & plufieurs fymphonies exécutées à l'Académie royale de Mufique; favoir, le Caprice morceau qui lui fut demandé pour la férénade que l'Académie donne au Roi tous les ans à la Saint-Louis, aux Tuileries; il eut un fuccès prodigieux; & on le redonne depuis, de temps en temps, à l'Opéra, pour réveiller le Spectacle, quand il languit. La Demoiselle Prévôt imagina de danfer cette fymphonie ; ce qui donna lieu à Rebel d'en compofer d'autres, telles que la Boutade, les Caracteres de la Danfe, la Terpficore, la Fanaifie ou le Pas de trois, les Plaifirs Champêtres, ou le Pas de fix, & les Eléments, précédés du Cahos. Rebel eft mort à Paris en 1747, âgé d'environ 78 ans..

REBEL, M. François) fils du précédent, Chevalier de l'Ordre de Saint Michel, Surintendant de la Mufique du Roi, Administrateur-Général de l'Académie royale de Mufique, dont il a été long-temps Directeur, a donné, conjointement avec M. Francœur avec lequel il a toujours travaillé, les Opéra de Pyrame & Thisbé, de Tarfis & Zélie, de Scanderberg, le Ballet de la Paix, les Auguftales, la Féli

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