médiocre, peau brune, & figure commune hors du Théatre, mais beaux yeux & pleins d'expreffion. Voyez ARMIDE. L'Abbé de Chaulieu adreffa ces vers à Mlle. le Rochois, après qu'elle eut joué, pour la premiere fois, en 1686, le rôle d'Armide. Je fers, grace à l'amour, une aimable Maîtreffe, Par mille nouveaux agréments, Réveiller, tous les jours, mes feux & ma tendreffe. Sous ce nouveau déguisement, Je trouve à mon Iris une grace nouvelle. On a mis en Chant d'autres Vers de l'Abbé de Chaulieu, à cette même Actrice, que nous allons encore rapporter. Vous avez reçu des Cieux Tout ce qui peut rendre aimable ; Et mille dons précieux : Mais dans un plaifir extrême, De trouver, quand on vous aime, Tout Paris pour fon Rival. On trouve un Eloge fort étendu de cette célebre Actrice, dans le Mercure de France du mois de Novembre 1728, terminé par une longue Piece de Vers, qui commence ainsi : Aux fons de votre voix, l'ame la plus ftupidę, Au gré de vos accents, fe laiffoit transporter; On voudroit pouvoir arrêter Du temps impétueux la course trop rapide, &c. La douceur des mœurs de Mlle. le Rochois égaloit fes talents: elle n'avoit point ce fot orgueil, dont font enivrées fi fouvent les perfonnes un peu fupérieures aux autres. Elle donnoit des confeils aux Actrices qui la confultoient, fans jamais fe laiffer aller à la baffe jaloufie d'envier les applaudiffements que méritoient celles qui ont brillé depuis fa retraite. Elle étoit tendre amie, avoit une probité exacte, beaucoup de candeur, & le plus pur défintéreffement. Ces rares qualités lui attirerent l'eftime conftante de tous ceux qui favent fentir le prix des bonnes mœurs réunies aux grands talents. Elle joignit à toutes ces vertus morales, une patience chrétienne dans les longues fouffrances qui précéderent fa mort arrivée en 1728. ROCHON DE LA VALETTE, de Paris, mort jeune en 1755, Auteur de l'Ecole des Tuteurs. ROCHON DE CHABANNES, (M.) frere du précédent, né à Paris, a donné à l'Opéra Comique, la Coupe enchantée, les Filles, la Péruvienne; au Théatre Italien, le Deuil Anglois; au Théatre François, Heureufement, la Manie des Arts, les Valets Maitres de la Maifon, Hilas & Silvie, les Amants généreux. RODOLPHE, (M. ) Auteur de la Musique de l'acte d'Ifmenor. ROMAGNÉSI, (Jean- Antoine) né à Namur d'une famille originairement Italienne, étoit petitfils d'Antonio Romagnéfi, dit Cinthio, Comédien de l'ancien Théatre Italien. Il perdit fon pere fort jeune ; & fa mere s'étant remariée, fon beau-pere le traita fi durement, qu'il prit le parti de s'engager. Il n'éprouva pas, de la part de fon Capitaine, plus de bonté que dans la maifon paternelle; & comme fon Régiment n'étoit pas éloigné de la Savoie, le jeune homme, défefpéré des mauvais traitements qu'il effuyoit de toutes parts, fe réfugia fur les terres du Roi de Sardaigne. Il ne tarda pas à fe repentir du parti qu'il venoit de prendre; & fe rapprochant de France, par les montagnes de Suiffe, il écrivit au célebre Quinault, qui jouoit alors la Comédie à Strasbourg, lui détailla fes malheurs, & l'engagea à le tirer d'embarras. Quinault fit réponse, qu'étant für le point de faire un voyage à Bâle, où il devoit arriver un tel jour, Romagnéfi n'avoit qu'à s'y rendre; & que là ils prendroient enfemble les arrangements néceffaires pour la fûreté du jeune fugitif. Arrivé aux portes de Bâle, dans un équipage très délabré, Romagnéfi apprit que les Magiftrats ne permettoient point l'entrée de leur Ville à ceux qui venoient du côté de la Savoie ; & dans ce nouvel embarras, voici par quel expédient il trompa la vigilance des gardes. A quelque diftance de Bâle, il rencontra un petit garçon qui gardoit les cochons. Romagnéfi lui donna quelque fols qui lui reftoient, pour l'engager à lui confier fon emploi & le foin de ramener les cochons dans la Ville. Il n'eut point de peine à obtenir ce qu'il demandoit; & comme il étoit fort mal mis, il paffa avec fa troupe fans qu'on fe doutât qu'un autre que lui en fût le gardien. Il apprit à la Pofte que Quinault n'arrivoit que le lendemain, & ce fut un autre embarras pour, trouver une Auberge par-tout où il fe préfèntoit on refufoit de le recevoir à moins qu'il ne payât d'avance; & par malheur il n'avoit plus le fol: fes habits étoient dans le plus mauvais état ;- & enfin, il étoit fur le point de coucher dans la rue file hafard ne lui eût procuré la rencontre d'un Boulanger, qui, fur fa phyfionomie, répondit de payer pour lui. L'arrivée de Quinault le mit en état de fatisfaire fon Hôte. Il 'le fit habiller, le mena à Strasbourg, & lui perfuada que fon unique reffource devoit être déformais de jouer la Comédie. Le feul point embarrassant étoit la désertion; mais Quinault avoit des connoiffances qui fe chargerent d'obtenir fon congé ; & bientôt toute crainte fut diffipée par la publication d'une amnistie. ,,་, Romagnéfi débuta avec fuccès à Strasbourg; & deux ans après il vint remplir à Paris les rôles d'Amoureux dans la Troupe d'Octave, aux jeux de la Foire, où il fut fort goûté. C'eft à ce Théatre qu'il fit paroître fes premiers talents pour la compofition, & donna Arlequin au Sabat. Octave ayant ceffé l'entreprise de la Foire, Romagnéfi s'engagea dans des Troupes de Province, & joua à Marseille, où il fut conftamment applaudi, & comme Acteur & comme Auteur. Il y fit repréfenter les Pelerines de Cythere, & da Critique des Comédiens de Marfeille; ce dernier Ouvrage eft rempli de traits plaifants fur les Acteurs, dont la plupart ont été reçus depuis Comédiens du Roi à Paris, & s'y font diftingués. En 1718 Romagnéfi quitta la Province, & vint débuter aux François par le rôle de Rhadamiste. Il joua enfuite dans le Mifanthrope; mais il ne fut pas reçu. Cette petite difgrace lui fit prendre le parti de retourner en Province, où il ne ceffoit de fe diftinguer, foit par fon jeu, foit par une foule Romagnési étoit grand, affez bien fait, & avoit de l'embonpoint. Il jouoit dans tous les genres avec efprit; mais il s'étoit réservé certains rôles qu'il rendoit avec plus d'avantage & du fuccès, tels que Samfon, Timon, Démocrite, &c. Il excelloit dans ceux d'ivrogne & de Suiffe. Il a beaucoup contribué à foutenir fon Théatre; & c'eft là la caufe de la précipitation avec laquelle il étoit obligé de tra |