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» que notre Piece foit jouée: fon fort décidera la » question; & j'efpere que ce fera en ma faveur ».

Le Sieur Hogarts, fameux Peintre Anglois, vouloit avoir le portrait de Fielding, Auteur du roman de Tomes - Jones & de quelques autres bons Ouvrages, pour le placer à la tête d'une édition de fes Œuvres mais celui-ci étant mort, & ne s'étant jamais fait peindre, on étoit fort embarrassé pour avoir la reffemblance, lorfque le célebre & étonnant Comédien Garrick, informé du defir du Peintre, fon ami, & ayant d'ailleurs beaucoup vécu avec Fielding, fe préfenta un jour au regard de l'Artifte, avec la figure du défunt; tellement qu'Hogarts en fut épouvanté, au premier abord, jufqu'à fe trouver mal: mais, s'étant remis, il fe dépêcha d'en tirer l'efquiffe, qu'il fit enfuite graver ; & c'eft la même qui eft à la tête de Fielding. Elle eft, dit-on, très-reffemblante.

TOMPSON, Auteur du Poëme des Saifons & de plufieurs autres Ouvrages de poéfie, étoit quelquefois, par fon peu de fortune, réduit aux derniers expédients. Le Sieur Quin, célebre Acteur Anglois informé que cet illuftre Ecrivain venoit d'être arrêté à Londres par un de fes Créanciers, va le trouver, & lui dit : « Monfieur, je viens vous remercier ; » j'allois mourir d'une maladie de langueur, lorsque » je me fuis fait lire votre Poëme des Saifons; mais » il m'a fait tant de plaifir, que pour marque de » ma reconnoiffance, je vous avois mis dans mon » testament pour deux cents livres fterlings; actuel»lement que ma fanté est rétablie, grace en partie » à votre charmant ouvrage, & peut-être pour plus » long-temps que je ne l'efpérois, j'ai cru qu'il va»loit mieux vous payer ce petit legs de mon vi» vant, que d'en donner plus tard la peine à mon » Exécuteur - teftamentaire. Voilà donc ma dette, &

» dont vous me permettrez de m'acquitter;

Tome 111.

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après avoir gliffé fur la table un billet de banque de cette fomme, il difparut fans laiffer même à Tompson le temps de lui répondre.

L'Envoyé Turc à la Cour de Vienne, fe rendit au mois de Juillet 1774, avec la plus grande partie de fa fuite, au Théatre Allemand, & affifta à la représentation d'un Opéra Bouffon. Il parut trèsfatisfait de la mufique & du ballet qui terminoit le Spectacle, & dont le fujet étoit l'Orphelin de la Chine. Pendant le fecond acte de l'Opéra, l'heure d'une des Prieres auxquelles les Musulmans font affujettis, étant arrivée, ce Miniftre & toute fa fuite s'acquitterent de ce devoir, fans fortir de leurs loges; & cette Scene religieufe occupa plus les Spectateurs, que celle qu'on repréfentoit alors fur le Théatre. On fait que dans leurs Prieres les Turcs fe mettent à genoux, fe profternent & fe relevent plufieurs fois, tantôt en élevant leurs mains tantôt en les portant à leurs oreilles.

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Le célebre Farinelli, qui préfidoit à l'Opéra de Ferdinand VI, Roi d'Espagne, avoit commandé à un Tailleur un habit magnifique. Quand celui-ci le lui apporta, le Muficien demanda fon mémoire. « Je n'en ai point fait, répondit le Tail» leur & n'en ferai point. Pour tout paiement, " je n'ai qu'une grace à demander. Je fais que ce » que je defire eft d'un prix inestimable; c'eft un » bien réfervé à des Monarques; mais puifque j'ai eu » le bonheur de travailler pour un homme dont on » ne parle qu'avec admiration je ne veux d'autre, " paiement que de lui entendre chanter un air ». Farinelli tenta inutilement de lui faire accepter de l'argent; le Tailleur, ne voulut jamais y confentir : enfin, après beaucoup de débats, le Muficien, vaincu par l'extrême defir que cet homme avoit de l'entendre, & plus flatté peut-être de la fingularité de

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cette aventure, que de tous les applaudiffements qu'il avoit reçus jufques-là, s'enferma avec lui, chanta les morceaux les plus brillants, & se plut à déployer toute la fupériorité, de fes talents. Le Tailleur étoit enivré de plaifir plus il paroiffoit étonné ou at tendri, plus Farinelli mettoit d'expreffion & d'énergie dans fon chant, plus il s'efforçoit de faire valoir toute la féduction & toute la magie de fon art. Quand il eut chanté, le Tailleur, hors de luimême, lui faifoit des remerciments, & fe préparoit à fortir. « Non, lui dit Farinelli; & ce n'eft » même que par-là que j'ai acquis quelque avantage » fur la part des autres chanteurs. Je vous ai cédé ; » il est juste que vous me cédiez à votre tour. En » même temps il tira fa bourfe, & força le Tail»leur de recevoir au moins le double du prix de >>fon habit ».

ORPHÉE, Opéra Italien de M. Gluck, fut repréfenté, pour la premiere fois, à Vienne en 1764. Cette nouveauté excita d'abord un grand foulévement de la part des Amateurs du goût Italien; mais les grandes beautés dont il étoit plein, fubjuguerent bientôt toutes les préventions. A la cinquieme repréfentation, l'Opéra fut généralement applaudi; & il fut fuivi, à plufieurs reprises, pendant deux ans de fuite, avec le plus grand fuccès.

M. Gluck ayant été appellé à Parme pour les fêtes du mariage de l'Infant, propofa de jouer ce même Opéra. On s'éleva d'abord contre ce projet, parce qu'on craignit que ce nouveau genre ne déplût à un peuple jaloux de fa mufique, & accoutumé à fervir de modele à cet égard aux autres Nations. Le Compofiteur connoiffant le peuple à qui il avoit affaire, & le jugeant encore plus fenfible que vain, plus attaché à fes plaifirs qu'à fes opinions, infifta & prit fur lui les rifques de l'événement. L'opéra

emporta tous les fuffrages dès la premiere représentation; & lorfqu'après un certain temps, on voulut en remettre un autre, l'Orphée fut redemandé à grands cris. Il a été depuis donné avec un fuccès constant sur la plupart des Théatres de l'Europe.

Une autre fingularité qui diftingue cette compofition, c'eft qu'Orphée eft le premier Opéra Italien qui ait été gravé. On fait qu'en Italie on fe contente de copier à la main les plus beux airs de chaque Opéra

nouveau.

GAUBIER DE BANAULT, étant Ambaffadeur en Espagne, affiftoit à une Comédie où l'on représentoit la Bataille de Pavie; & voyant un Acteur Efpagnol terraffer celui qui repréfentoit le François, en l'obligeant de lui demander quartier dans les termes les plus humiliants, fauta fur le Théatre, & en préfence de tout le monde, paffa fon épée au travers du corps de cet Acteur.

Dans une Ville de France, un particulier, d'une profeffion très honnête, qu'on fe dispensera de défigner, furchargé de famille, &, par des malheurs imprévus, réduit à la derniere indigence, fut obligé d'avoir recours à la bienfaisance de fes confreres pour fe tirer de la fituation où il fe trouvoit. On fit une quête où l'on ramaffa environ quatre à cinq cents livres; ce qui étoit peu de chofe, vu le nombre confidérable des perfonnes de cet état. Quelques mois après un fimple Danfeur de la Comédie fe rompt ou fe démet le tendon d'Achille, & fe voit hors d'état d'exercer jamais fa profeffion. Les Acteurs s'affemblent; & dans le petit nombre de fujets qui compofent la troupe, on fait dans l'inftant une bourse de près de cent cinquante louis pour le Danfeur eftropié.

Un des premiers Gentilhommes de la Chambre réprimandoit les Comédiens de ce qu'ils avoient ceffé au quatrieme acte une Tragédie nouvelle, généralement huée jufques-là. « Ma foi, Monseigneur, dit » une Actrice, je voudrois bien vous voir fifflé pen»dant quatre actes, pour voir quelle mine vous » feriez au cinquieme ».

Un des principaux Acteurs de la Comédie Françoife s'arrêta court, dans une Tragédie, à ce paffage:

J'étois dans Rome alors.....

Il eut beau recommencer deux ou trois fois, il ne put jamais ratraper le fil du rôle. A la fin, voyant qu'il n'y avoit pas moyen d'en fortir, & que le Souffleur, diftrait ou déconcerté, le laiffoit là mal-adroitement, il fixa celui-ci d'un œil de hauteur, en lui difant avec un ton de dignité : « Hé bien ! maraud, » que faifois-je dans Rome » ?

Une Actrice, qui n'étoit rien moins qu'aimée à Touloufe, quoiqu'elle ne fût pas fans talent, jouant dans une Tragédie qu'on donnoit pour la clôture du Théatre, fut accompagnée à fa derniere fortie de quelques huées du Public; mais s'étant retournée, & ayant regardé un moment le Parterre en pitié, elle fe contenta, fans dire un feul mot, de lui faire en face, un grand figne de croix, pour lui marquer toute l'étendue de fon mépris.

Un mauvais Comédien, accoutumé à être fifflé dans chaque Ville où il alloit, fe voyant un jour plus maltraité qu'à l'ordinaire, fe retourna tranquillement, en fortant de la Scene, & dit au Parterre: « Meffieurs, vous vous en lafferez; on s'en est bien laffé ailleurs ». Cette naïveté fit rire; & depuis le

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