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public le reçut toujours avec bonté, quoiqu'il n'en fût pás devenu meilleur.

Le Lundi, 23 Avril de l'année 1770, les Comédiens François prirent poffeffion de la Salle des Spectacles des Tuileries, en attendant qu'on leur en bâtit une nouvelle, dont Femplacement devoit être à l'Hôtel de Condé. Ils avoient ouvert leur ancienne Salle par la Tragédie de Phedre & le Médecin malgré lui, le 18 Avril 1689; & la recette fut de 1870 livres. Ils l'ont fermée par Beverley & le Sicilien, en 1770; & la recette a été de 3250 livres. L'ouverture de la Salle des Tuileries s'eft faite également par Phedre, comme celle de l'ancienne; & voici de quelle maniere le Sr. d'Alainval Comédien, annonça au public ce changement de Théatre dans fon compliment de clôture.

MESSIEURS,

« Le Théatre François touche enfin à l'époque » la plus flatteufe qu'il pouvoit espérer. Le Gouver"nement daigne fixer un moment, fon attention fur » lui, & s'occuper des moyens, de faire élever un » monument digne des chefs-d'œuvre des hommes » de génie qui vous ont fait l'hommage de leurs » veilles. La Scene lyrique vient d'offrir à vos yeux » les reffources de l'Architecture. Vous avez rendu » juftice au travail de l'Artifte célebre (M. Moreau) » qui a eu le courage de s'écarter des routes d'une > imitation fervile, & qui a été affez heureux pour » vous plaire, en ofant innover. Il eft temps que le » Theatre national jouiffe des mêmes avantages; il » eft temps que les mânes de Corneille, de Ra»cine & de Moliere viennent contempler les chan»gements dont ce Théatre eft fufceptible, & nous » dire Voilà le temple où nous aimons à être honorés. Il eft temps enfin de faire ceffer les reproches

» très-fondés des autres Nations jaloufes de la gloire » de la nôtre. Accoutumés depuis long-temps à » votre bienveillance, nous ne cefferons jamais de » vous donner des preuves de notre empreffement » à vous offrir des productions dignes de vos fuf» frages. C'eft dans ces fentiments que nous quit» tons un Théatre, où vous avez tant de fois fecondé » nos efforts. Pénétrés de la plus vive reconnoiffance » pour les bontés dont vous daignez nous honorer, » nous ofons vous en demander la continuation fur » la nouvelle Scené que nous allons occuper, &¢ »í.

Un Comédien plaignoit un de fes confreres, obligé de fe retirer du Théatre, avec feulement 1500 livres de penfion. Sur quoi un Officier retiré, Chevalier de Saint-Louis, lui dit : à il convient bien à » un Comédien de fe plaindre, tandis qu'un homme » comme moi, criblé de bleffures, fe contente de » fix cents livres ! Eh! comptez- vous pour rien » de pouvoir nous le dire, répliqua l'Acteur »? L'Officier fentant l'énergie de cette réponse, finit par lui faire des excufes

On lit dans le deuxieme volume du Mercure de Juillet de l'année 1762, & dans l'Almanach des Théatres de l'année fuivanté, que Crébillon avoit eu autrefois l'idée de traiter la Mort de Jubd. C'est une érreur ce fait regarde Campiftron, à l'article duquel nous avons rapporté les deux Vers qu'on attribue mal-à-propos à Crébillon.

Un grand danfeur de l'Opéra difoit de la meilloute foi du monde : « Je ne connois aujourd'hui " en Europe, que trois hommes uniques dans leur » efpece, le Roi de Pruffe, M. de Voltaire, & » Moi ».

Un Comédien dit à un Officier, qui cherchoit à l'humilier: Avec quatre aulnes de drap, le Roi

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» peut faire en deux minutes un homme comme » vous; & il faut un effort de la nature, & vingt » ans de travail, pour faire un homme comme moi ».

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On difoit d'une A&trice qui étoit affez bonne mais fort laide : « on a beau l'applaudir, elle fait tou» jours mauvaise mine ».

Les Comédiens Italiens viennent d'arrêter de donner aux Auteurs, pendant toute leur vie, les honoraires deurs Pieces toutes les fois qu'elles feront représentée.. On efpere que les Comédiens François ne tarderont pas à fuivre ce généreux exemple.

&

La Reine, Monfieur, Madame, & M. le Comte d'Artois ont honoré le 13 de Janvier 1775, l'Opéra de leur préfence. On jouoit l'Iphigénie de M. Gluck. Au divertiffement du fecond acte, quand Achille, en festournant du côté du peuple, lui adreffe ces paroles:

Chantons, célébrons notre Reine :

l'Affemblée s'empreffant d'adopter une expreffion fi heureufe, la fit répéter deux fois; ce qui ne s'étoit peut-être jamais vu à l'Opéra, & témoigna, par de très-longs applaudiffements, fa joie & fon amour à l'augufte & charmante Princeffe, qui voulut bien fe prêter à cet hommage, & le justifier par la sensibilité dont elle donna des marques.

*

ARRÊTS

ET RÉGLEMENTS,

Concernant la Comédie Françoife.

EN 1757, le 18 Juin, il y eut un Edit du Confeil

d'Etat du Roi, qui dit que SA MAJESTÉ s'étant fait rendre compte des affaires de la Troupe de fes Comédiens François, & voulant donner des marques de fa protection pour ce Spectacle formé en France par les talents des plus grands Auteurs, Elle s'eft fait repréfenter les Réglements & Arrêts rendus en divers temps au fujet de l'établissement & de l'administration de ladite Troupe. Tous ces Arrêts & Réglements ont été révoqués & annullés; & ceux qui leur ont été fubftitués font renfermés dans 40 Articles que voici :

ARTICLE

PREMIER.

Le fonds de l'établiffement de l'Hôtel fera & demeurera fixé à la fomme de deux cents mille huit cents fept livres feize fols fix deniers feulement; favoir, cent quatre-vingt-dix-huit mille deux cents livres feize fols fix deniers, à quoi ont été fixées, par le Traité de 1692, les dépenfes faites tant pour l'acquifition des fonds, fur lefquels les Comédiens prédéceffeurs ont fait bâtir ledit Hôtel, la conftruction du Théatre, que pour l'achat des décorations & autres objets formant ledit établissement, & deux mille cinq cents foixante- quatorze livres payées par lefdits Comédiens pour le rachat de la taxe des boues & lanternes à caufe dudit Hôtel, dérogeant à cet égard au Traité de 1705.

II. Le fonds ci-deffus fera, comme ci-devant

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divifé en 23 parts égales, dont chacune fera de 87301 fols 5 deniers feulement, au lieu de 13130 liv. Is fols, à quoi avoit été fixé lé fonds de chaque part par le Traité de 1705; favoir 8618 liv. 17 fois 2 deniers pour chaque part dans le fonds de l'Hôtel; 111 liv. 17 fols 10 deniers, pour le rachat des boues & lanternes, & 4400 liv. fous le titre de récompenfe aux Acteurs & Actrices retirés ou à leurs héritiers, lefquelles 4400 livres ne pourront être à l'avenir prétendues par les Acteurs ou Actrices, ni leurs Succeffeurs, ou héritiers fous quelque prétexte que ce puiffe être, non plus que les 1200 liv. pour prétendue indemnité, à caufe de l'entretien des décorations du Théatre fuivant le Traité de 1705.

III. Et voulant Sa Majefté procurer à ladite Troupe le moyen de fe foutenir, ordonne que, pour rembourfer les Acteurs ou Actrices qui ont fait ledit fonds ou portion d'icelui, au fur & à mefure de la retraite ou décès defdits Acteurs ou Actrices, il fera fait fonds dans les états de dépenses extraordinaires des Menus, des fommes qu'ils fe trouveront avoir payées au jour de la clôture du Théatre de la préfente année à l'effet de quoi, il en fera dreffé état par les Sieurs Intendants des Menus, dont un double figné d'eux fera annexé à l'acte de fociété mentionné en l'article XXXVIII, ci-après; entendant néanmoins Sa Majefté, que les intérêts defdits fonds ou portions de fonds, foient payés par la Trompe jufqu'au jour du remboursement actuel auxdits Acteurs ou Actrices, ou à leurs héritiers ou repréfentants, à raifon de cinq pour cent, francs & quittes de toutes charges & impofitions, à compter du jour de la clôture du Théatré de la préfente année. Comme auffi qu'après l'entiére extinction des fommes qui fe trouveront audit jour avoir été payées pour ledit fonds ou portion de fonds, conformément audit état, le remboursement defdites 8730 liv. 15 fols deniers aux Acteurs ou Actrices retirés, & aux héritiers où représentants dé ceux qui

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