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trie, où il époufa Mademoiselle de Maniban & y mourut d'apoplexie en 1723. Son Théatre eft un de ceux qui ont été le plus fouvent réimprimés, après les ouvrages dramatiques de Corneille, de Racine de Crébillon & de Voltaire. On y trouve les Tragédies de Virginie, d'Arminius, d'Andronic, d'Alcibiade, de Phraqte, de Phocion, d'Adrien, de Tiridate, d'Aétius, de Pompeia; & les Comédies du Jaloux défabufé, de l'Amante Amant, fes Opéra d'Acis & Galatée, d'Achille & Polixene, & d'Alcide..

Dans l'intervalle que lui donnoient les maux dont il étoit accablé fur la fin de fa vie, Campiftron se mit à compofer une Tragédie intitulée Juba, dont il ne refte que deux vers. C'eft Juba qui parle d'un fecours que Caton lui devoit amener.

Tu verras que Caton, loin de nous fecourir,
Toujours fier, toujours dur, ne faura que mourir.

Les Tragédies de Campiftron ont les beautés & les défauts qui fe trouvent ordinairement dans les productions rapides & précipitées d'un homme de beau coup d'efprit des peintures brillantes, des traits frap pants, des fituations intéreffantes, des incidents heureux; mais en même temps, des longueurs, des inégalités, des écarts qui énervent la force des caracteres, refroidiffent la chaleur des fentiments ralentif fent la marche de l'action. Chez lui ce n'eft point le génie qui difpofe & conduit les événements; l'efprit feul prefide à ces opérations: l'art fait mille efforts, où la nature feule devroit agir. Avec beaucoup de facilité & un grand ufage du monde, Campiftron manquoit de cette véhémence, de ce pathétique qui tranf→ porte le Spectateur au lieu de la Scene, l'intéreffe au fort des Acteurs, & le paffionne, fi je puis parler ainfi pour chaque Perfonnage. Je peins le génie des Grecs, de Corneille & de Racine; au lieu que celui de notre Poëte le portoit fur-tout aux descriptions, aux

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peintures de mœurs, aux détails de caracteres & de traits hiftoriques, aux monologues & aux harangues; talent dont il abufe quelquefois, & qui peut bien produire d'excellentes tirades, mais rarement de bonnes Tragédies. Ainfi que la plupart de ceux qui fe font diftingués dans ce genre, Campistron a eu des Cenfeurs & des Panégyriftes outrés; les uns ont pouffé la critique jufqu'à trouver des défauts dans les endroits les plus applaudis; les autres ont porté la flatterie jufqu'à lui prêter le mérite d'avoir confolé la Cour & la Ville de la retraite de cine. C'étoit avoir bientôt perdu de vue les chefs-d'œuvre immortels de ce grand homme. Je le répete; quoique dans un rang inférieur, Campiftron n'en eft pas moins un Auteur eftimable, qui a long-temps occupé la Scene avec diftinction,

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CAMPRA, (André) Muficien célebre, né à Aix en 1660 mort à Versailles en 1744, Maître de la Chapelle du Roi, fe fit d'abord connoître par des Motets exécutés dans les Eglifes & dans des Concerts particuliers. Ces petites productions lui procurerent la place de Maître de Musique de la maison Profeffe des Jéfuites à Paris, & enfuite la maîtrife de la Métropole. Son génie, trop refferré dans les Motets, s'exerça fur les Opéra. Il remplit heureufement cette nouvelle carriere, marcha fur les pas de Lully, & l'atteignit de fort près. Son Europe galante, fon Carnaval de Vénife, les Fêtes Vénitiennes, fon Ballet des âges, les Fragments de Lully, Hefionne, Alcine, Télephe, Camille, Tancrede, parurent avec beaucoup d'éclat, & fe maintiennent encore aujourd'hui. On aime la vas riété, les graces, la vivacité de sa Mufique, & fur-tout cet art firare, d'exprimer avec jufteffe le fens des paroles. Ses autres ouvrages font Arethufe, les Mufes, Télémaque, les Fragments modernes, Hippodamie, doménée, les Amours de Mars & de Vénus, Achille & Deidamie, & les Noces de Vénus.

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CARCAVI, (l'Abbé) fils d'un fous-Bibliothécaire du Roi, & élevé auprès du Duc d'Orléans, Régent. Il s'avifa, fur la fin de fa vie, de donner deux Pieces de Théatre, qui font le Parnafle bouffon, & la. Comteffe de Follenville, & mourut en 1723, âgé d'environ 58 ans.

CARDIN, Auteur du feizieme fiecle, qui fit imprimer, en 1557, une Tragédie intitulée le Champ de Martel.

CARDONE, (M.) Auteur de la Mufique des Amours d'Ovide & de Julie, & de la nouvelle Mufique de l'Opéra d'Omphale.

CARLIN, (Bertinazzi) né à Turin, Acteur du Théatre Italien pour le rôle d'Arlequin, qu'il remplit au gré de tous les Spectateurs, fut ainfi annoncé à fon début par l'Auteur du Mercure.

« Le Jeudi 10 Avril 1741, les Comédiens Italiens » firent l'ouverture de leur Théatre par une Piece » Italienne, en profe & en trois actes, intitulée Ar» lequin muet par crainte, dans laquelle le fieur Carlo » Pertinazzi, né à Turin, âgé de près de 28 ans, » joua, pour la premiere fois, avec applaudiffement, » le rôle d'Arlequin, qui eft le principal Perfonnage » de la Piece. Le fieur Rochard, qui avoit fait le » compliment au Public à la clôture du Théatre, fit » auffi celui de l'ouverture; & s'exprima en ces termes : « Meffieurs, ce jour qui renouvelle nos foins & nos » hommages, devoit être marqué par une nouveauté » que nous vous avions préparée; mais l'Acteur qui » va avoir l'honneur de paroître devant vous pour

la premiere fois, avoit trop d'intérêt & d'impa» tience d'apprendre fon fort, pour nous permettre » de reculer fon début ». Si votre nouveauté tombe, » a-t-il dit, j'apprendrai comme le Public fiffle; & » c'est ce que je ne veux point favoir; fi elle réuffit,

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» je faurai comme on applaudit, & ferai peut être » une funefte comparaifon de fa réception à la mienne »>.> » Pour ne donner à ce nouvel Acteur aucun lieu de te » proche, nous nous fommes entiérement conformés à » fes defirs. Il fait, Meffieurs, non-feulement ce qu'il » a à craindre en paroiffant devant vous; mais en y » paroiffant après l'excellent A&teur que nous avons » perdu (Thomaffin) dont il va jouer le même rôle. » Les fujets d'une fi jufte crainte feroient balancés » dans fon efprit, s'il connoiffoit les reffources qu'il » doit trouver dans votre indulgence; mais c'eft en » vain que nous avons effayé de le raffurer ; il ne » peut être convaincu de cette vérité que par vous» mêmes; & nous espérons, Meffieurs, que vous » voudrez bien foufcrire aux promeffes que nous lui » avons faites de votre part. Elles font fondées fur » une fi longue & fi heureuse expérience, que nous » sommes auffi sûrs de vos bontés, que vous devez l'être » de notre zele & de notre profond refpect ».

Ce compliment difpofa les Spectateurs à un accueil favorable pour le fieur Carlin; & cet Acteur furpassa les efpérances qu'on avoit de fes talents dans le genre qu'il avoit adopté. Le fieur Pertinazzi continua de jouer toujours avec le même fuccès; de forte qu'il fut reçu dans la Troupe au mois d'Août 1741.

La vérité n'eft point flattée :
Oui, Carlin paroît à nos yeux,
Ce que Momus eft dans les Cieux,
Ce que chez Neptune eft Prothée.

CARMONTEL, (M. de) Lecteur de Monfeigneur le Duc de Chartres, fi connu par le talent fingulier de rendre parfaitement, avec le crayon ou le pinceau, la -ressemblance & jusqu'aux attitudes des perfonnes qu'il repréfente, a compofé divers recueils de Proverbes dramatiques & d'autres Pieces de Théatre, dont plufieurs font imprimés, & plufieurs font prêts à l'être.

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On fait que les Proverbes dramatiques font des efpeces de petites Comédies fort en ufage aujourd'hui. dans les fociétés à Paris & à la campagne. On prend un Proverbe, fur lequel on arrange une action, &. quelques Scenes qui fervent à la développer. Ces bagatelles in-promptu amufent beaucoup les Acteurs, ainfi que la fociété qui les écoute, & qui eft convenue de n'être pas difficile. Tout le monde n'a pas le degré d'imagination néceffaire pour arranger ces petits Drames, ni la gaieté dont ils ont befoin. M. de Carmontel a fait les fiens, pour en épargner la peine à ceux qui voudront fe procurer cet amufement. Ils pourront choifir; il a mis des titres particuliers à la tête de chaque Drame; & le Proverbe n'est qu'à la

fin, pour laiffer au Lecteur la fatisfaction de le deviner,

comme une énigme. En voici les titres & le mot.

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Le Maître de Ballets, ou felon les gens, l'Encens ; les Deux Anglois, ou il ne faut pas jeter le manche après la coignée; le Poulet, ou les Rattus paient l'amende; le Sourd, ou le premier venu engraine; le Suiffe malade, ou l'entente eft au difeur; l'Aprèsdinée, ou un clou chaffe l'autre ; les Faux indifférents, ou le feu eft caché fous la cendre; le Portrait, ou après la pluie le beau temps; les Deux Amis, ou les deux font la paire; Almenorade, Tragédie, ou fouffler n'eft pas jouer; la Sortie de la Comédie Françoise, ou la moitié du monde fe moque de l'autre; le Seigneur Auteur, ou un peu d'aide fait grand bien; le Mari abfent, ou abondance de bien ne nuit pas; les Fous, ou tous les Fous ne font pas aux petites maifons; l'Important, ou belle montre & peu de rapport; l'Enragé, ou plus de peur que de mal; le Diamant, ou les Battus paient l'amende; les Secondes Loges de l'Opéra, ou il ne fort du fac que ce qu'il y a dedans; les Deux Chapeaux, ou le feu ne va point fans fumée; la Statue, ou il ne faut pas con damner les gens fans les entendre; le Chapon at gros fel, ou qui mange chapon, chapon lui vient

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