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Christ, renouvellé par ce commandement de l'Apôtre : « Toutes les fois que → vous mangerez ce pain & que vous boirez ce calice, vous annoncerez la

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mort du Seigneur jufqu'à ce qu'il vien» ne juger le monde ». Jefus-Chrift & l'Apôtre veulent donc que les Prêtres offrent fans ceffe, fans interruption, le facrifice de la Meffe jufqu'au jour du jugement Mortem Domini annuntiabitis donec veniat. Et le Concile de Trenté affure que c'eft ainfi que l'Eglife Catholique a toujours entendu & enfeigné : Ut offerrent præcepit per hac verba: hoc facite in meam commemorationem: uti Semper Catholica Ecclefia intellexit & docuit.

Cette obligation de dire fouvent la Meffe eft encore fondée fur la haute dignité du Prêtre,qui eft miniftre de Dieu, miniftre de Jefus-Chrift, miniftre de l'Eglife, difpenfateur des faints myfteres, médiateur des hommes. Comme miniftre de Dieu, il doit fans ceffe lui procurer la plus grande gloire, & honorer Dieu en Dieu, ce qu'il ne peut faire qu'en immolant l'Homme-Dieu à Dieu fon Pere. Comme miniftre de JesusChrift il doit fans ceffe renouveller fa

mort d'une maniere non fanglante, pour retracer tous les jours le prodige de l'amour exceffif du Sauveur aux yeux des Fideles. Comme miniftre de P'Eglife, fon devoir eft de lui procurer continuellement par ce facrifice & le plus grand avantage, & le plus grand éclat. Comme difpenfateur des myfteres de Dieu, il doit fans ceffe les adminiftrer au peuple fidele, quand il le défirera. Enfin comme médiateur des hommes qui pechent tous les jours, il doit tous les jours, ou du moins très-fouvent, dire la Meffe, qui eft l'application des mérites de Jefus-Chrift pour la rémiffion des péchés qui fe commettent tous les jours.

Enfin cette obligation eft fondée fur ce que tout Prêtre eft nourri de l'autel fur lequel s'offre le facrifice: s'il eft nourri de l'autel, il faut donc qu'il ferve l'autel, & qu'il le ferve tous les jours, puifque tous les jours il en est nourri. D'ailleurs il n'eft délivré des charges de l'Etat & du public, que pour dire plus aifément tous les jours la fainte Meffe ; c'eft pour cela qu'il eft fpécialement député de la part de l'Eglife & des peuples. Quand donc il manque à

exercer ce facré miniftere par fa négli gence, il manque au plus effentiel devoir envers Dieu, envers Jesus-Chrift, envers l'Eglife, envers les hommes, & fur-tout envers les pauvres pécheurs.

Ne feroit-on pas un cas de confcience à un Magiftrat, s'il ne vouloit pas juger, à un Officier dans les Troupes, s'il ne vouloit pas fervir, à un Artifan s'il ne vouloit pas travailler de fon métier tous les jours? Que doit-on penfer d'un Prêtre, foit féculier, foit régulier qui ne dit que rarement la Meffe D'ail leurs les Prêtres n'ont-ils pas de grandes & de continuelles obligations à remplir? Ne doivent-ils pas tous les jours être des Anges en pureté, & s'efforcer tous les jours d'arriver à une fainte-, té éminente ́au-deffus du commun des Fideles? La grandeur de ces devoirs perfonnels demande une furabondance de fecours. Ne pechent-ils point de ne pas ménager ces fecours en difant tous les jours la Meffe, ou du moins en la difant fréquemment? Sur ces fortes raifons le S. Concile de Trente a fait ce Decret, Decret de l'Eglife univerfelle, qui mérite toute l'attention de quiconque eft honoré du Sacerdoce.

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Trid. f. 23.

0.14.

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Que l'Evêque veille avec foin à ce que les Prêtres célebrent la Meffe AU MOINS tous les jours de Dimanche & aux Fêtes folemnelles : & s'ils ont charge d'ames, qu'ils célebrent SI FRÉQUEMMENT, qu'ils fatisfaffent à toute l'étendue du devoir paftoral ». Curet Epifcopus, ut ii, Sacerdotes, SALTEM diebus Dominicis & Feftis folemnibus; fi autem curam habuerint animarum tam: FREQUENTER, ut fuo muneri fatisfaciant, Miffas celebrent.

Ce Decret, & les grandes raisons fur lefquelles il eft fondé, ont déterminé d'habiles Théologiens à foutenir que les Prêtres, qui ne célebrent pas tous les Dimanches & les jours de Fêtes, pechent mortellement.

THEOPHILE. Je ferois affez de cet. avis-là. Car n'eft-ce pas une chofe indigne que des gens qui font honorés du Sacerdoce, c'est-à-dire, de la plus haute dignité du monde, à qui l'Eglife a donné de gros revenus en vue de leur Sacerdoce, qui doivent être les médiateurs des hommes & de l'Eglife.

...

L'ABBE'. Arrêtez, Théophile, arrêtez. Votre zele s'allume, & vous ne fongez pas que vous m'allez condamner

cruellement, moi qui depuis quatre ans n'ai point dit la Meffe qu'à Pâques. THEOPHILE. Vous vous êtes repenti & corrigé, vous n'êtes plus l'objet de mon zele & de mon indignation. Mais en vérité ce fentiment me paroît le plus probable & le plus fûr.

LE DOCTEUR. Sans décider jufqu'où va le péché, il fuffit de favoir qu'il y a obligation pour les Prêtres de dire fouvent la Meffe. Sur quoi je vous rappor terai un exemple fingulier.

Après une retraite fervente un Seigneur diftingué, & riche Bénéficier d'une Cathédrale, me confulta un jour pour apprendre de moi à quoi il devoit réduire fes réfolutions: A deux points, répondis-je ; à faire chaque jour une demi-heure d'oraison, & à célébrer la fainte Meffe chaque jour, fi vous voulez vous fauver. Tout ce qu'on peut alléguer de prétextes, il les allégua. Je les réfutai tous. Il fentit la force de fes obligations, il fe mit à genoux, écrivit, & me lut ces paroles : « O mon Dieu, je > vous fais vœu de donner tous les jours » de ma vie une demi-heure à l'oraison, » & tous les jours de dire la fainte

Meffe. Etes-vous content de moi, me

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