non-feulement l'Eglife de France, & toutes les autres Eglifes nationales de sa Communion Catholique, qui ont leurs rits & ceremonies particulieres fans crainte d'y être troublées par l'Eglise Romaine dont elles les tiennent ou des hommes Apoftoliques envoyez de fa partsmais il faut que l'Eglife fchifmatique & heritique d'Angleterre jouiffe des mêmes privileges, & qu'au lieu que toutes les Eglifes nationales Catholiques n'ont que le droit de conferver le pouvoir & l'autorité qu'elles avoient reçue des Apôtres ou des hommes Apoftoliques leurs fondateurs : l'Eglife Anglicane, quoi qu'abominable aux yeux de Dieu, cependant plus cherie de cet Auteur aura le droit de se donner à elle-même, indépendemment de Dieu & de fon Eglife, tout ce qu'elle voudra ou plutôt d'abolir tout ce que Jefus-Chrift y avoit établi par fes Apotres & par leurs fucceffeurs, de retrancher cinq ou fix de ces Sacremens tout d'un trait, & de dépouiller les deux autres de tous les faints exorcifmes & des ceremonies auguftes qui les accompagnoient, & dont les Peres de l'Eglife primitive faifoient tant de cas, les

regardoient d'inftitution Apoftolique, comme fi les Moines fondateurs de cette nouvelle Eglife reformée regardoient comme un point effentiel de leur réforme, de dépouiller les Sacremens comme ils s'étoient défroquez eux-mêmes, & comme ils fçavoient queJefus-Chrift n'avoit pas de part dans cet ouvrage de tenebres, ils l'ont chaffé du S. Sacrement, & ont renoncé à toute communication avec fes vicegerents fur la terre. De crainte de chaffer le diable ils ont renoncé aux exorcifmes par lefquels l'Eglife le chaffe de ceux qu'elle batife. Nam neminem fugit, dit Optat de Mileve, quod omnis homo qui naf citur quamvis de parentibus chriftianis, fine fpiritu mundi effe non poffit, quem neceffe eft ante fpiritale lavachrum ab homine excludi & feparari, boc exorcifmus operatur, per quem fpiritus immundus depellitur. Lib. 4. propè medium.

Et cependant fi nous en croyons l'Apologiste de ces nouveaux Réformateurs, l'Eglife Anglicane n'a point paßé fes pouvoirs dans ces changemens. qu'elle a cru devoir faire: c'est là l'autarité d'une Eglife nationale dans ce qui

Pref. p. 3.

concerne les Sacremens. De toutes les Eglifes qui ont rompu l'unité, celle d'Angleterre s'eft moins éloignée de nous que

toutes les autres.

Si je ne me fuffe propofé pour but que de donner de la confufion à l'Apologifte des Anglois, il m'eût été facile de relever ce qu'il avance dans cette derniere propofition, je n'aurois qu'à comparer les Profeffions de Foi de toutes les anciennes Sectes qui ont rompu l'unité, qui font rapportées dans la Perpetuité de la Foi avec celle de l'Eglife Anglicane tirée de fes 39. Articles, & des autres Pieces, dont elle fait une profeffion publique, je mets en fait que de toutes les Setes qui ont rompu l'unité, celle d'Angleterre s'eft plus éloignée de nous que toutes les autres. Je dis les anciennes Sectes; car pour les autres qui ont pullulé de Luther & de Calvin, qui portent tous le nom de Proteftans, & que les Anglois appellent leurs freres, quoi qu'ils le déchirent entre eux ; je ne les diftingue point des Anglois, ne differant pas d'eux que de quelques bagatelles, comme de porter le Surplis, le Bonnet quarré & la Chappe

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aux grandes Fêtes & Solennitez, & une robe longue ; mais foit qu'ils foient en robe longue ou en robe courte, ils ont le même éloignement pour l'Eglife Catholique ; & s'il y a quelque difference, c'eft que l'Eglife Anglicane Epifcopale en a plus, comme nous l'avons vû & fenti toutes les fois que fes Evêques fe font fentis les maîtres; & cela principalement à caufe des Evêchez, dans lesquels confifte leur difference des autres Sectes Proteftantes, fur tout aujourd'hui qu'ils font tous de la création de celui qui occupe le Trône. Mais comme le plus ou le moins d'éloignement de ces Sectes Proteftantes de l'Eglife Catholique ne regarde point la validité des Ordinations Angloifes, je reviens à ce que je m'étois propofé de prouver que le changement du Rituel Romain pour établir celui dont les Anglois fe fervent aujourd'hui s'est fait par l'autorité purement feculiere, malgré l'Eglife Anglicane de ce tems-là, & malgré les veritables Evêques,

CHAPITRE PREMIER.

Le changement du Rituel & de la Religion en Angleterre eft un ouvrage purement feculier, & de l'autorité purement feculiere.

. PREMIER.

La E R. P. Apologifte des Anglois convient dans le Chapitre onzième page 253. de la premiere Partie, que fi l'on peut établir la verité du fait, & que le changement du Rituel nouveau n'eft fondé que fur l'autorité du Roi qui l'a approuvé, on ne peut point dire que ce foit l'Eglife Anglicane qui ait changé fes anciens ufages, que fi ce changement s'eft fait par une Puiffance feculiere, qui ne peut d'elle-même donner aucune autorité aux chofes qu'elle preferit en matiere fpirituelle, tout ce qui s'eft fait en confequence eft cenfé nul: & toutes les Ordinations qui n'ont d'autre fource & d'autre principe, font dès-là même nulles & abfolument infuffifantes.

Pour donner quelque poids à cette difficulté, dit le R. P. Apologifte, il auroit fallu commencer par établir la verité du fait, & c'est ce qu'il n'eft pas poffible de faire. Ainfi fi l'on établit la verité de ce fait, ce que l'Auteur ne croit pas poffible de faire, yoila de son aveu, toutes les Ordinations Angloifes nulles & abfolument infuffifantes. Toute fon Eglise nationale Angloife, fon pouvoir & fon droit, des chi