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Touche là: jure-moy que tu feras fidelle.
DUBOIS.

Ouy ma foy. Tu peus tour attendre de mon zele....
JUSTINE

Va donc. De ton fecours puiffions-nous profiter!
Toutefois fans frayeur je ne puis te quiter:
Je croy voir fur ton front, quand je le confidere,
D'un hardi fcelerat le parfait caractere:

Doit-on croire aux fermens d'un homme de Palais ?
DU BOI S.

Ouy, quand ce qu'il promet flatte fos interêts..

Fin du premier Aãe,

ACTE II.

SCENE

C

PREMIERE.

DUBOIS feul..

'Eft affez ce me femble cftimer mes paroles, Que d'en fixer le prix à quatre cent piftoles. Quel mêtier que celuy de fervir un amant ! On a fort peu de peine & beaucoup d'agrément, Que ne l'ai-je fuivi dés ma tendre jeuneffe! Je renonce au Palais qui m'occupoit fans ceffe; Je ne veux de mes jours voir Greffe ni procez. Mais nos foins feront-ils fuivis d'un bon fuccez? Le chagrin de Monfieur à toute heure s'augmente. Peut-être....

SCENE II.

DORANTE, DUBOIS.

DORANTE entre en révant profondément.

Q Uel effort faudra-t-il que je tente?

DUBOIS à part.

Je l'entens. Qu'a-t-il dit? Qu'il paroît agité!
DORANTE à part.

Déplorable embarras ! fatale extrêmité !

Ciel: daigne me montrer ce qu'il faut que je fafle:

Helas!

DUBOIS à part.

Qu'il vient de faire une étrange grimace! Que l'état de fon cœur eft bien peint dans fes yeux! Il ne voit rien: il croit être feul en ces lieux., DORANTE.

Il l'aperçoit.

Mais... ah! c'est toi Dubois.

DUBOIS.

Oui Monfieur c'est moi-même,

Qui fens, je vous le jure une douleur extrême, Quand je vous vois en proye à ces mortels ennuis. DORANTE à part.

Dois je lui confier le defordre où je suis ?

DUBOIS.

Je n'ole penetrer quel en est le miftere.

DORANTE à part.

Oui parlons: mon tourment fe redouble à le taire : Il eft prudent,difcret, ferme en mes interêts.

A Dubois.

Tu me crois donc en proye à des chagrins secrets ?

DUBOIS.

Voudriez-vous Monfieur diffimuler encore ?

DORANT E.

Non Et c'est dans mes maux tes confeils que j'implore.

Mon pere fic longtemps l'épreuve de ta foy;
Et pour me confoler je ne fçache que toy.

DUBOIS a part

Que diable eft tout ceci ?

DORANTE..

Tu vois que ma tristeffe

A changé mon humeur, &- m'accable fans ceffe :
Rien de ce que j'aimois ne flatte mes defirs;
Et le fort m'a donné pour finir mes plaifirs
Un bourreau de mes jours,

un tyran DUBOIS.

Quel eft-il ce tyran, ou ce bourreau?

DORANTE.

de mon amet.

DUBOIS.

vôtre femme Monfieur ?

Ma femme.

DORANTE.

Tu n'en dois plus douter.

Elle me caufe un mal que je ne puis dompter.

Je fuis defefperé.

DUBOIS

Vous eft-elle odieufe

DORANTE.

Ah plût au Ciel ! Ma vie en feroit plus heureuse: Mon cœur pour mon malheur s'en eft laiffé charmer; Et je ne fouffre helas! que pour la trop aimer.

DUBOIS.

En feriez-vous jaloux ?

DORANTE.
Jufqu'à la frenefie,
DUBOIS.

Vous Monfieur, vous frapé de cette fantaisie ?
Vous contre les jaloux declaré hautement ?

DORANT E.

Et c'eft de là que vient mon plus cruel tourment: Quand j'entrai dans le monde

une pente fatale M'entraîna dans le cours de la grande cabale; Ceux qui la compofoient m'inftruisant tous les jours, J'eus bientôt attrapé leurs airs & leurs difcours. J'occupai mon efprit de leurs vaines pensées,

Et blamant du vieux temps les maximes fenfées,
J'en plaifantois fans ceffe, & traitois de bourgeois
Ceux qui fuivoient encor les anciennes loix.

Quel eft l'homme, difois-je, en faisant l'agreable,
Qui garde pour fa femme un amour veritable?
C'eft aux petites gens à nourrir de tels feux.
Ah! fi l'hymen jamais m'enchaîne de fes nœuds,
Loin que l'on me reproche une pareille flamme.
Que je voudrai de bien aux amans de ma femme!
Que ne croirai-je point devoir à leur amour,
S'ils peuvent loin de moy l'amufer tout le jour!
DUBOIS.

Eh pourquoi teniez-vous cet imprudent langage

DORANT E.

Morbleu,pour imiter les gens du haut étage,
De qui les fentimens ou faux ou trop outrez,
De la droite raifon font toûjours égarez.
Connu fur ce pied-là, pour plaire à ma famille,
Je m'engage, j'epoule une petite fille,
De qui l'air enfantin, & l'ingenuité

Ne prenoient fur mon cœur aucune autorité :
Je crus la voir toûjours avec indifference:
Malheureux de fes traits j'ignorors la puiffance.
Sa beauté s'eft accrue; & fa poffeffion,

Loin de me dégoûter a fait ma paffion.

DUBOIS.

Vous y voilà donc pris?

DORANT E.

Je n'ai connu ma flamme Qu'aux mouvemens jaloux qui déchirent mon ame: De ce trouble fecret je me fuis allarmé,

Et j'ai douté long-temps que mon cœur fût charmé;
Mais enfin j'ai fenti toute mon infortune.

Je crains tous mes amis; leur afpect m'importune.
Je n'afpiros jadis qu'à les avoir chez moi;
Leus prefence aujourd'huy m'y donne de l'effroi.

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