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ennemis? M. le Baron des Coutures a fait fur lui un Livre qui eft un panégyrique. Enfin, on cite Gaffendi, dont l'ouvrage est un chef-d'œuvre, & qui seul vaut tous les autres défenfeurs de ce Philofophe calomnié.

On peut répondre en général, que les fuffrages de tous ces Auteurs prouvent peu de chofe; parce qu'ils font tous ou des Epicuriens fecrets qui tâchent de juftifier leur maître afin de se justifier eux-mêmes; ou des favans, qui, ayant approuvé les idées d'Epicure fur certains chefs, les ont reftraintes & modifiées, comme elles avoient befoin de l'être. C'eft un édifice ruineux dont ils ont voulu conferver quelques parties, qui leur ont paru belles & fondées fur les vrais principes. Par exemple, ayant confideré avec attention la Morale qui ramene

toutes nos actions au bien être particulier, ils y ont trouvé un fonds de vérité, dont il eft difficile de fe défendre quand on l'a approfondi (a).

Il eft certain que les hommes qui ne font inftruits que par la nature, travaillent principalement pour fe procurer la force, & par elle, la liberté & le repos.

Il n'eft pas moins certain que toutes les vertus civiles, qui vont au bien de la fociété, ont en même tems une autre tendance plus forte & plus fenfible vers le bien perfonnel, & que la plupart des facrifices faits au bien général, rapportent le centuple à l'amour particulier.

Qu'il y ait des impulfions fubites, des traits de pure générofité, des vûes fublimes d'ordre & de grandeur, qui femblent épurées de (a) Voyez Chap. 2.

toute efpéce d'intérêts; cependant, quand les Epicuriens foutiennent que tous ces fentimens élevez ont leur germe radical dans un certain amour de foi-même ;fi, après les avoir entendus, on defcend jufqu'au fond de fon cœur, on y trouve quelque chofe qui parle pour eux. Quel inconvénient que Dieu ait enchâffé, enveloppé le germe de la vertu dans l'intérêt de notre être, & que l'accomplif fement de chacun de nos devoirs foit récompensé par quelque accroiflement de bien être ?

Ce coup d'œil de la Morale, qui, quoi qu'on en dife, a été préfenté d'une maniere plus marquée & plus nette dans la Philofophie d'Epicure que par-tout ailleurs, & qu'on pourroit concilier avec la plus fublime vertu, eft ce qui a procuré des partifans à cette Philofophie: on a cru y voir une par

tie du fiftême de la nature, dont la voix, lorfqu'elle eft diftinctement articulée & étendue, ne peut point tromper le cœur humain. C'est le côté que Gaffendi a vu, & qu'il a fait voir à ceux auprès de qui il vouloit justifier Epicure.

Mais à ce côté, il en eft un autre oppofé, & qui ruine dans la pratique, tout ce que ce fiftême préfente de féduifant dans la fpéculation: c'eft de n'avoir employé pour rien, dans ce plan de Morale, la Divinité, fans laquelle l'homme n'a plus d'appui, plus de garant, plus de reffort agiffant dans tous les cas.

Les Epicuriens en conviennent lorfqu'ils font l'hiftoire du genrehumain. » Dans le commence» ment, nous difent - ils, ils, les » hommes vivans comme les bê»tes, n'avoient d'autres régles

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que la volonté du plus fort: Viribus editior cadebat, ut in grege taurus. Hor » Par l'expérience,on trouva qu'il » feroit utile de faire des loix d'équité & de juftice pour arrêter le brigandage & la licence. La fo»ciété alors prit quelque forme, » & commença à apprivoifer les hommes brutaux.

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Ce remede ayant paru infuffi» fant dans une infinité de cas fecrets, un Légiflateur plus profond » & plus rufé que tous les autres, imagina les Dieux; c'est-à-dire, des témoins, des juges, des ven*50 geurs, pour voir, pefer & récompenfer le bien & le mal, ou dans » cette vie, ou dans une autre (a). Cet expofé purement Epicurien, eft l'aveu le plus complet de ce qu'on reproche à la vertu d'Epicure. Son héros peut être brave, honnête, jufte, modéré, quand (4) Plut. de Plac. L. 1. c. 7.

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