que les Dieux ont fans ceffe l'œil » ouvert fur les méchans pour les » punir, & fur les gens de bien pour les récompenfer, & jugeant des affections de la Divinité par > celles de l'homme, il lui refuse les qualitez dont il ne trouve point le modéle dans l'homme. II. Faites-vous une habitude (a) de croire que la mort ne » nous eft rien: car le bien & le » mal ne peuvent avoir lieu que » par le fentiment. Or, la mort > eft l'extinction de tout fentiment » (b). כל cc « Avec ce principe, on fait user » de cette vie mortelle : on ne s'avise point d'en attendre une au» tre pour jouïr; & on renonce à (a) Cette expref- | fur la raifon. fion eft remarquable. C'est un endurciffement contre la crainte de la mort, & non une affurance fondée (b) C'eft ce qu'il fau droit & ce prouver, qu'Epicure ni perfon ne ne prouvera ja mais. »ce vain espoir de l'immortalité (a). Il ne peut même arriver rien qui nous rende malheureux, dès que nous fommes parvenus ne pas regarder la perte de la » vie comme un malheur. Mais, dira-t-on, la mort eft toujours à craindre à cause du » mal qu'elle nous fait, finon quand elle eft préfente, dumoins quand on la voit en perspective. Quand elle eft préfente, elle כ כב » ne peut nous tourmenter en aucune façon (b). Quand elle eft abfente & loin de nous; il eft »évident que ce n'eft pas elle, » mais un vain phantôme de notre imagination, qui nous tourmen (a) Cette maxime développée va loin, il est inutile d'en aver tir. nir fur lequel Epicure ne donne point de démonstration qui aille au cœur ; on peut, on doit être fort inquiet, furtout, fi on a vêcu felon les prin cipes d'Epicure te. Ainfi, la mort, ce mot qui fait friffonner le vulgaire, ne » nous touche point, puisque tant que nous fommes, elle n'est point; & que quand elle eft, → nous ne fommes plus. Ni ceux qui vivent, ni ceux qui font » morts, n'ont rien à craindre de » la mort: ceux-là, parce qu'elle » ne peut être avec eux; ceux-ci, parce qu'ils ne peuvent être avec ≫elle. III.» Les hommes vulgaires craignent la mort, ou comme »le plus grand des maux, ou » comme la privation de ce qu'ils Pont de bien dans la vie. » Mais pourquoi craindre de ne pas vivre, puifqu'on n'eft plus, pour fentir qu'on ne vit pas (a)? (a) C'est la réponse au premier membre de la propofition difjonctive. LeTexte de Meibom porte: Le Sage ne craint point de ceffer de vivre, parce qu'il ne pense pas » Ce n'eft pas la quantité mais » le goût qui fait le mérite des > viandes. Il en eft de même de la vie : ce n'eft point par fa durée, mais par les fatisfactions » dont on a joui, qu'on doit en apprécier la valeur (a). כל Celui qui a dit que le jeune » homme devoit apprendre à vi»vre heureux, & le vieillard à » mourir content, me paroît avoir manqué de fens (b): non-feulement, parce que la vie eft toujours un bien défirable (c); mais encore, parce que le foin qu'on prend pour vivre heureux, dre pour ceux qui nė penfoient pas comme lui. que ce foit un mal, & (c) A caufe des plaifirs qui l'accompagnent toujours apparemment. On en appelle à l'exemple de Philoctète. Voyez & celui qu'on se donne pour » être content de mourir, ne peu» vent être l'un fans l'autre (a). » Un autre a dit encore plus malà-propos, que le premier bon» heur étoit de n'être pas né ; le fecond, de rentrer dans le néant » auffitôt qu'on a vû le jour ( b ). Si »ce prétendu fage étoit bien perfuadé de fa maxime, que ne quittoit-il la vie? car on le peut toujours quand on le veut. S'il plaifantoit, c'étoit un fot, ua705 on ne plaifante point fur -une-matiere fi grave. - -CG ככ » IV. Confiderez l'avenir comme une chofe, qui eft à nous, » & qui cependant, n'eft pas (a) Parce qu'on ne peut être tranquille dans cette vie, que quand on est toujours prêt à mourir. (b) Théognide. Non nafci longe op timum, nec in hos fco pulos incidere vita: proximum autem, t natus fis, quàm primùm mori, & tanquam ex incendio effugere fortuna. Frag. de Cic. |