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que s'il y a eu de l'animosité & de Finjuftice dans fes ennemis, il y a eu auffi de l'affectation & du zele outré dans fes défenfeurs. Les uns veulent qu'il foit couvert de blâme & de reproches, les autres qu'il foit fans aucune tache: il y a ap parence qu'ici comme ailleurs, la verité pourroit être dans le milieu.

ARTICLE II.

Objet de la Philofophie d'Epicure. HENRI Morus écrivoit à l'ami de Defcartes (a) que la fin fuprême de la Philofophie étoit la Réligión: Summus Philofophiæ finis Religio. Il entendoit fans doute la fin de l'œuvre, & non celle de l'ouvrier. Car la Religion, étant ellemême un moyen, a pour objet,”

(4) M. Clerfelier. Tom. 1. pag. 313. Lettres de Descartes, éd. 1657.

comme

vertus, toutes

Comme toutes les vertus les études, tous les efforts, tou tes les entreprises de l'homme, le bonheur de l'homme même; avec cette feule différence, que fous fon empire la nature eft guidée par une fagefle qui ne trompe point tandis que les autres moyens, em→ ployez fouvent par un faux amour propre, ou par les vûës détournées de quelque paffion trompeuse menent l'homme à un fantôme de bonheur, plûtôt qu'à une felicité réelle.

Les Philofophes payens avoient faifi cette premiere verité: Que l'a mour de foi-même eft le principe de toutes les actions de l'homme, & que fi cet amour étoit bien reglé, il feroit auffi la vraie regle de l'hu manité.

- Il falloit donc le regler cet a mour, c'eft-à-dire, lui montrer fon véritable objet, enfuite la vraie

C

route qui conduit à cet objet; enfin lui fournir les forces, ou les mo tifs néceffaires pour le porter juf qu'à cet objet. C'est ce qu'ils ont cru réfervé à la Philofophie, c'eft à-dire,à la Raifon inftruite par elle même des devoirs de l'homme, & pourvûe, auffi par elle-même, des moyens fuffifans pour les rem plir. Nous ferons fages, ont-ils dit, & heureux par la Philofophie, quand elle nous aura donné des idées nettes & claires fur les points d'où dépend notre bonheur, & qu'elle nous aura procuré l'habitude d'agir en conféquence.

Or voici comment ils procé doient dans leurs recherches & leurs raifonnemens fur cette ma

Here.

Le premier fentiment de l'hom me eft le defir de fa propre confervation & de celle de fon état. Tout animal en naiffant eft res

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commandé à lui-même par la na

ture.

L'homme ouvrant les yeux fur foi, examine de quelles parties fon être eft compofé: il y trouve un corps & une ame.

Il doit donc s'occuper de la con servation de fon corps & de fon ame, & de ce qui peut contribuer à les rendre plus complets, & plus utiles pour fon bien-être, c'està-dire, plus parfaits. Et quand il aura obtenu la perfection poffible de ces deux parties de fon être, fera auffi,lui-même, parfait, autant qu'il peut l'être, eu égard à fa nature; & par confequent il fera heu

reux.

il

Le corps eft parfait, quand il eft fain & vigoureux, & que la fanté préfente femble répondre de la fanté à venir.

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L'ame eft parfaite, quand la ver tu y regne pleinement, c'est-à

dire, quand l'efprit ayant des idées juftes, & en nombre fuffifant, le cœur s'y conforme conftamment & fans efforts.

Par confequent l'homme heureux eft celui qui porte dans un corps fain & agile, un efprit éclairé, avec un cœur droit, accoutumé à fuivre les idées de l'efprit.

Cet homme heureux eft auffi un fage: mais s'il a toujours le même cœur & le même efprit dans un corps foible & fouffrant; alors c'eft un héros, c'eft prefque un Dieu.

Ainfi parloient Socrate, Platon, Ariftote, Xénocrate, Dicéarque, & tous ceux qui ont philofophé de bonne foi fur cette matiere, la feule vraiement phi lofophique.

Toute la perfection de l'homme dépend donc des idées de l'efprit, puifque ce font elles qui reglent

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