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la volonté. Maintenant quelles doivent être ces idées ? C'étoit-là que fe partageoient les Philofophes.

On peut les divifer d'abord en trois claffes. Dans la premiere, chaque homme eft regardé comme une partie de l'Univers, laquelle doit fe conformer & concourir à l'ordre général, & à la perfection du tout. C'étoit l'idée des Stoïciens.

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Dans la feconde, chaque homme eft une partie du genre humain, & doit, à ce titre, contribuer au bonheur général, & en tirer par ce moyen, fon bonheur particulier. C'étoit la pensée de l'École de Platon, qui, fur ce point, comprenoit auffi celle d'Ariftote.

Dans la troifieme, chaque homme en particulier fe fait centre de l'Univers & de la Société: c'est à lui feul qu'il rappelle tout le

refte. C'étoit le fiftême d'Epicure, d'Ariftippe, & de tous ceux qui mettoient le fouverain bien dans les fens & la volupté:

Et mihi res, non me rebus fubjungere conor. Hor.

Ces trois claffes peuvent être réduites à deux, dont la premiere comprend tous ceux quibornoient l'être de l'homme à la vie préfente; la feconde renferme ceux qui efpéroient une autre vie; dont l'état fût lié avec l'état de la vie préfente,

Selon le fiftême de ceux-ci, le bien particulier facrifié au bien public, dans cette vie, devoit être remplacé par un plus grand bien particulier dans la vie future.

Selon le fiftême des Epicuriens, le facrifice du bien particulier au bien public, étoit une fotife pure, fans récompenfe & fans objet. La différence de ces deux Phi

lofophies n'étoit donc pas dans l'une le facrifice de l'intérêt perfonnel, dans l'autre le commerce ou l'ufure de ce même intérêt : l'intérêt particulier étoit dans toutes deux. Mais dans l'une c'étoit l'intérêt d'une vie immortelle & d'un bonheur fans fin; dans l'autre c'étoit l'intérêt & le bien-être d'une vie paffagere.

Le premier intérêt étoit l'amour 'de foi-même qui renonçoit à quelque bien préfent pour un bien à venir infiniment plus grand. L'autre étoit le même amour de foi, qui renonçoit à l'espérance à venir, pour le bien qu'il croyoit préfent. C'étoit donc la différence des idées qui féparoit d'abord les Philofophes; & ceux qui avoient tort étoient coupables d'erreur, avant que de l'être de crime. Faifons encore un pas. Le bien de la vie préfente eft de deux for

tes le bien honnête & le bien

agréable.

Le bien agréable, par opposi tion au bien honnête, eft celui qui parvient à l'ame par les organes des fenfations: c'eft un mouvement qui flatte les fens.

Le bien honnête eft celui qui nous procure l'eftime & la bienveillance des hommes vertueux.

Les Stoïciens avoient embraffé le bien honnête, exclufivement à tout autre bien. C'étoit à eux à concilier les contradictions des principes de leur Métaphysique, avec ceux de leur Morale. Aristip pe & Epicure avoient embraffé le feul bien agréable, y comprenant les vertus mêmes, qui n'étoient bonnes, felon eux, qu'à caufe des agrémens qui les accompagnent même dans cette vie. Nous toucherons encore cette matiere ciaprès. Art. 5.

Tout fe réduit donc à favoir fi l'homme fage, pour fe rendre aussi parfait & auffi heureux qu'il peut l'être, eu égard à fa nature, à fon origine, à fa destination, doit dans cette vie,facrifier les plaisirs à la vertu, ou fubordonner les vertus au plaifir.

Pour difcuter cette queftion dans toute fon étendue, il y avoit deux autres points effentiels à traiter préalablement : la nature de la Divinité & de fes attributs; celle de notre Ame & de fes proprietez, la queftion du bonheur n'étant proprement que le résultat de ces deux autres: Epicure l'avoit fenti. Si nous n'avions point, dit-il, d'inquiétude fur ce qui fe paffe au-deffus de nos têtes, ni fur la » mort & fes fuites, & que nous puffions connoître, fans la Philofophie, où doivent s'arrêter nos plaifirs pour ne point se changer

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