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la voie des fouterrains. » Oui, ditil, oui; il y a des Dieux: l'évidence des idées nous le prou»ve» (a); c'eft-à-dire, la vûe claire & diftincte de ces phantômes gigantefques qui fe peignent à notre imagination lorfque nous rêvons.

Mais quels font ces Dieux ? Quelle eft leur nature? C'étoit-là le point effentiel pour fon objet (b). L'exiftence des Dieux confiderée en elle-même, ne fut jamais ce qui bleffa ceux qui l'ont attaquée. Qu'importoit à Diagoras qu'il y eût dans quelque coin de l'Univers quelque nature plus parfaite que lui, jouiffant d'un plus grand bonheur que le fien? Que lui importoit même que ces êtres fuffent fpectateurs de fa conduite

(a) Lettre à Méné | tre à Ménécée, II. cée, n. I. Part. num. 1. dans la

(5) Voyez la Let-note.

& de fes pensées, pourvû qu'ils n'euffent aucune forte d'influence fur fon bien-être ? Eût-il laiffé mettre fa tête à prix, pour une queftion toute fpéculative, qui n'auroit eue aucune espece de rapport avec fon exiftence? Il s'agiffoit d'une Providence univerfelle, qui, , ayant arrangé toutes chofes, eût fait des loix morales pour les êtres qui feroient capables de s'y conformer.

Epicure a donc pris la question dans le point intéreffant, quand, laiffant aux Dieux l'exiftence, il leur a ôté les armes,

Eripuitque Jovi fulmen, virefque tonanti.

Man. I.

Athènes qui vouloit conferver fes Dieux, mais qui rougiffoit encore d'avoir ôté la vie au plus fage de fes Philofophes, parut fe contenter du mot qu'on lui laiffoit, & n'ofa fe plaindre qu'on lui eût ôté la chofe.

Dieu, a dit Epicure, eft un Etre heureux & immortel (a): deux attributs que toutes les Philofophies renferment dans la notion de Dieu; mais qu'Epicure emploie par préférence à d'autres, pour des raifons effentielles à son systême; les voici :

Tout Etre qui a ces deux qualitez, n'eft, felon lui, capable ni de haine, ni d'amour, fentimens qui fuppofent la foibleffe. Par confequent on ne le touche point par les bienfaits, ni on ne l'offense par les injures. Tranquille & renfermé en lui-même, il n'empêche ni ne trouble la tranquillité de qui que ce foit (b). C'est donc mal-à-propos que les hommes prêtent à la Divinité leurs idées d'amour & de haine, de récompense

(4) Voyez la Lettre à Ménécée, II. Partie, Art. 1. n. I.

(6) Voyez II. Part art. 2, Max. 1.

& de punition, & qu'ils lui refufent le repos parfait, parce qu'ils n'en trouvent pas le modele en eux-mêmes (a).

Epicure (qu'il foit permis de l'obferver ici en paffant) ne s'apperçoit pas qu'il tombe lui-même dans la faute qu'il reproche au vul gaire. Quand il ne peut concevoir le repos & le bonheur parfait de la Divinité, fans lui fuppofer une inaction univerfelle; n'eft - ce point parce qu'il ne peut concevoir un homme gouvernant un grand empire, fans prendre beaucoup de foins & beaucoup de peines? C'eft donc par la nature de l'homme, qu'il juge de la nature de Dieu. Mais fuivons-le dans le developpement de fes principes.

Les Dieux font heureux, parce qu'ils font parfaitement oififs; rien

(a) Lettre à Mén. II. Part. Art, 14.

n'agit fur eux; ils n'agiffent fur rien (a). On peut en juger par les lieux mêmes où ils font placez. Qu'on fe repréfente une infinité de mondes qui s'agitent & fe meuvent chacun dans leur tourbillon particulier: il n'eft pas poffible que leurs configurations, rondes ou approchantes de la rondeur, ne laiffent quelques intervalles entre eux. Ces intervalles s'appellent intermondes. C'eft-là que les Dieux tranquilles, loin des hommes, regnent,& jouiffent d'eux-mêmes, fans action, fans foins, fans volonté. S'ils fe fuffent trouvez engagez dans les mondes, ils auroient eu trop d'embarras & trop de peines. Il auroit fallu fuivre le mouvement des fphères : quelle fatigue ou le régler : quels efforts! cela ne peut fe concilier

(a) Voyez l'Extrait | II. Part. art. 5. n. de la Let. à Hérod. 18.

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