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il avoit fait un progrès qui étonnoit ceux mêmes qui les avoient le plus cultivées.

Il avoit une trop grande idée de cette science en général, pour la confondre avec une liberté préfompteufe, qui fans étude, fans principes, fans autre maître que l'amour-propre, se croit én droit de tout détruire & de tout conftruire à fon gré, & rejettant toute vérité, ne raffemble que des chimeres.

Le véritable Philofophe s'éleve par un bon usage de la raison, à des notions simples & indubitables, d'où il defcend par degrés à des conféquences certaines, loin de vouloir enlever à notre Intelligence jufqu'à ces premieres notions, & renverfer avec elles toute science, & la Philofophie elle-même. Il fçait qu'il y a une lumiere qui éclaire tous les Efprits, une voix qui *Effai fur le parle à tous lesc œurs, des * Loix primitives, reconnues même par ceux qui y font rebelles que l'Auteur de la nature & de la raifon dicte également à tous les hommes, & qu'il a gravées dans le fonds de notre Etre. C'eft-là qu'il puife la connoiffance des devoirs de l'homme, loin

Droit Public.

de flatter fes erreurs, en faifant naître la Société de l'orgueil & de l'intérêt, qui font les fources. des divifions entre les Particuliers & entre les Peuples. Il regarde les Paffions comme un trouble de l'ame, non comme le reffort qui doit la mouvoir; comme des maladies qu'elle éprouve, non comme fon état naturel. Il fuit ce qui pourroit exciter leurs agitations, pour vivre fous l'empire paifible de la Raifon. Dans un calme profond, il goûte cette fatisfaction pure, cette douce joie, que la vue de la Vérité peut feule produire, qui lui paroît un bien au-deffus de tous les biens extérieurs, & véritablement digne d'un Etre raisonnable. Tels furent autrefois ces Sages, qui après avoir fait l'honneur de leur fiécle, ont fait l'admiration des fiécles fuivans; & tel a été de nos jours M. le Chancelier d'Agueffeau,

Plus heureux & plus inftruit que ces anciens Sages qui connurent l'Etre fuprême, & ne lui rendirent pas l'hommage qu'ils lui devoient, & qui chercherent envain, dans eux-mêmes, leur force, leur gloire & leur bonheur; il étoit intimement convaincu qu'il n'y a que la Religion

* Ire Inftruc

tion, p. 260..

qui puiffe apprendrè à l'homme ce qu'il a été, ce qu'il eft, ce qui peut le rendre tel qu'il doit 1 Inc être ; que * « les préceptes qu'elle renferme font » la route affurée pour parvenir à ce souverain » Bien que les anciens Philofophes ont tant cher» ché, & qu'elle feule peut nous faire trouver ». *IV Inftr. Que c'eft elle* « qui doit animer tous nos tra»vaux, qui en adoucit la peine, & qui peut

page derniere.

page 289.

Inftruct. page

P.

IIe Inftruct.

288 & fuiv.

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feule les rendre véritablement utiles ». Il en avoit tiré cette conféquence que la Religion eft *11 Inftr. la vraie Philofophie *. Les Lecteurs trouveront dans plufieurs endroits des Ouvrages con*Voyez I tenus dans ce Recueil*, ce que penfoit für une 260 & fuiv. matiere fi importante un Magiftrat qui s'est acquis à tant de titres la réputation de Sçavant, Droit Public, d'homme d'Esprit & de grand Philofophe. De-là, cette Philofophie Morale, auffi conforme à la Raison, mais plus parfaite que celle des Dialogues de Platon, & des Offices de Ciceron, qui rendit M. d'Aguesseau respectable dès fa jeuneffe. C'eft cette Philofophie dont il * Difc. donne une fi noble idée, en disant que * « l'hom» me n'eft jamais plus libre que lorfqu'il affujet

page 7.

tit fes Paffions à la Raifon, & fa raifon à la » Justice ». Il parloit ainfi dans fa premiere Harangue, à l'âge de vingt-cinq ans ; & l'on peut dire que l'occupation de toute fa vie a été de réprimer les Paffions dans lui-même & dans les autres, de remonter aux premieres idées de la Justice, pour les faire goûter aux autres, après s'en être rempli lui-même.

C'est à ces deux objets principaux que l'on peut rapporter ses Difcours, par lefquels nous avons cru que le Recueil de fes Ouvrages devoit commencer, & qui en feront le premier Volume. Il fera fuivi d'autres Tomes, à mesure que nos recherches pourront nous en fournir la matiere, & nous mettre en état de répondre aux defirs du Public. On y verra l'ufage qu'il a' fait fucceffivement dans les fonctions importantes dont il a été chargé, de l'Art de la parole, & de la Science du raifonnement.

LE PLAN qui nous a paru le plus naturel, a été de placer ensemble les Difcours qui font du même genre, en obfervant entre eux l'ordre de

leurs dates, dont nous nous fommes informés le plus exactement qu'il nous a été poffible..

Ce Volume fera donc partagé en quatre Parties, qui contiendront quatre différentes efpeces de Difcours.

1o. Ceux qui ont été prononcés à l'ouverture des Audiences du Parlement.

2o. Les Mercuriales.

3o. Les Réquifitoires faits au Parlement en différentes occafions, auxquels nous joindrons un Discours prononcé à la Chambre de Justice en 1717.

4o. Des Instructions fur les Etudes propres à former un Magiftrat, & un Essai fur le Droit Public, qui concerne un des principaux objets de ces Etudes.

La premiere Partie fera la moins étendue. On fçait que les Difcours qui s'adressent aux Avocats, à l'ouverture des Audiences, fe font par les trois Avocats Généraux, chacun à leur tour. M. d'Agueffeau n'ayant exercé la Charge d'Avocat-Général que pendant dix ans, n'en a prononcé que trois. Mais ils pourroient former

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