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endroit du même Commentaire, que la N.x raifon pour laquelle le Vendredy-faint on prend le Corps de Notre-Seigneur avec du vin non confacré, c'est qu'il eft de la nature du repas, qu'on y boive & qu'on y mange: Quia Communio,facri convivii rationem habet, ex cibo & potu debet conftare. Nous verrons encore à la page 56. de notre Ouvrage, que le même Auteur rapporte à une raison historique, la pratique de ne donner la communion en forme de viatique, qu'aux malades qui font à l'extrémité.

Enfin il paroît que D. Mabillon employe bien plus dans tous fes Ouvrages (que ce favant Religieux multiplie tous les jours), les raifons hiftoriques des pratiques & des cérémonies de l'Eglife, que non pas celles qu'il regarde luimême N. XXI. comme de foibles raifons, des raisons triviales & ufées, de petites raisons, vulgares & contritas ratiunculas. Feu M. de S. Siran (de Barcos), dans un petit Traité qu'il a compofé de l'Office divin & qui ne fe trouve prefque plus, dir que la raifon pourquoi on récite le Pater tout bas à l'Office & tout haut à la Meffe,c'est que les Catécumenes à qui on tenoit cette priere cachée jufqu'à leur baptême, pouvoient être prefens à l'Office;

mais jamais au Sacrifice (a).Raifon qui eft d'autant plus confidérable dans la bouche de M. de Barcos, que cet Auteur, profond Théologien d'ailleurs & tres-verfé dans la science de l'Eglife, étoit en même temps grand fpirituel & grand myftique, & merveilleufement fecond en raisons de cette nature: témoin ce

qu'il dit dans le même Traité, du rapport des Offices de Tierces, de Sextes & de Nones, avec le Myftere de la tresfainte Trinité. Témoin encore les neuf raifons qu'il allegue de la pratique de fufpendre le faint Sacrement dans nos Eglifes&dont les feptpremieres regardent la fufpenfion en elle même, & les deux autres, la croffe qui tient le faint Sacrement & le pavillon qui le couvre.

Enfin le P. Raphael, furnommé de Heriffon, du lieu de fa naiffance dans le Bourbonnois, Capucin, dans fon Livre

(a) Feu M. de Meaux étoit charmé de cette érudition, & ne ceffoit de la répéter; & en general on ne pouvoit guere faire plus de plaifir à ce grand homme que de lui rapporter de femblables raifons fur les cérémonies de l'Eglife. Les peuples font ravis, auffi qu'on leur rende des raifons hiftoriques. J'ai vu toute une ville de Province, frappée d'avoir entendu dire au Prédicateur, que le Manipule étoit originairement un mouchoir dont le Prêtre fe fervoit à s'effuyer. Quelques-uns de mes amis, tout émerveillez, vinrent auffitôt s'en féliciter avec moi; tant on aime à apprendre & à être folidement inftruit.

intitulé Manuductio Sacerdotis,imprimé à Lyon en 1690. s'attache toujours le plus qu'il lui eft poffible, à donner le fens litteral des cérémonies de la Meffe. Lorfque le Prêtre, par exemple, beniffant quelque chofe de la main droite, porte en même temps la gauche fur l'Autel ; ce Rubricaire vous dit que « c'est que l'action se fait ainfi plus commodement «< & même avec plus de grace. » Tout de même, d'étendre les mains de côté & d'autre en baifant l'Autel; de tenir la patene des deux mains en l'élevant:c'est, dit le P. Raphael, ut geftus fit aptior atque oblatione decentior. Après cela, fi vous lui demandez pourquoy le Prêtre offre & confacre l'Hoftie avant le Calice, il vous répond auffi tout naturellement que » c'est que le manger va avant le boire. Si le Prêtre leve les yeux en offrant l'Hoftie & en difant Sufcipe fanite Pater, c'eft pour joindre l'action à la parole; ut geftus verbis fit conformis. Si le Ĉalice fe met derriere l'Hoftie, c'est pour qu'il ne courre pas tant de rifque d'être renversé, & ainfi d'une infinité d'autres cérémonies que le même Auteur explique toujours d'une maniere fimple & naturelle.

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N'oublions pas icy que le Chapitre

préliminaire du nouveau Cérémonial de Paris ne contient pareillement que des raisons litterales & hiftoriques des principales parties ou cérémonies de la Mesfe, & même des habillemens des Mini(tres de l'Aurel. Dequoy l'on eft redevable en général à l'érudition Liturgique de ceux qui compofent l'affemblée des Rits de cette Eglife; & fur tout au foin & au zele particulier de l'une des premieres dignitez de la même Eglife, distinM.Ameline, gué par fon favoir, comme par fa pieté. J'ajouterai encore qu'il m'a paffé par les mains un Ecrit de M. Varet, Docteur en Theologie de la Faculté de Paris fur les Cérémonies de la Meffe, où il paroît que ce Docteur, tres connu pour être vrai & naturel, ne prépare fur cette matiere,que des véritez litterales & des raifons réelles & hiftoriques.

Mais l'Eglife Romaine elle-même, que dit-elle dans les Rubriques de fon Miffel, fur ce que le Prêtre en fe mettant à genoux après le Flectamus genua, appuye les mains fur l'Autel : elle dit que c'eft pour le foutenir: Manibus fuper Altare extenfis,ut feipfum ad Altare fubftineat. Tout de même de l'elevation de l'Hof tie & du Calice, au ffitôt qu'on a confacré, qui eft cependant regardée par quel

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ques Auteurs myftiques, comme le Sym bole de Jefus Christ élevé à la Croix : les Rubriques fe contentent de marquer que cette exaltation se fait à deffein d'attirer aux facrez Symboles, les adorations & les hommages qui leur font dus. encore fi le Prêtre aux Meffes des Morts obmet de le frapper la poitrine à l'Agnus Dei, c'eft, felon les mêmes Rubriques parce qu'il fubftitue dono eis requiem, au miferere nobis, à quoy cette action a uniquement rapport, comme nous le dirons aux p. 218. & 219. L'Eglife de Bayeux, voulant rendre raifon pourquoy l'Evê que ne met fon manipule qu'après la dalmatique & la tunique, dit dans fon ancien Pontifical, que c'eft qu'il fe pourroit faire que les manches de ces vêtemens se trouveroient trop étroites pour y faire paffer enfuite le manipule & le faire revenir fur le poignet.

L'Eglife ne nous apprend-elle pas encore dans la bénédiction du Cierge Paf cal, que l'usage de ce Cierge eft d'éclairer pendant la nuit : Cereus ifte,in honorem nominis tui confecratus, ad noctis hujus cali. ginem deftruendam (la nuit du Samedy au Dimanche de Pâques); indeficiens perfeve ret. D'où vient qu'il brûloit jusqu'au jour,

Tome I

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