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me difoit-il,depuis fes premieres années, que m'étant rencontré aux eaux de Forges avec lui en 1699. il ne manquoit jamais tous les matins en venant à la fontaine, d'apporter un long mémoire, écrit de fa main, contenant une infini té de queftions & de difficultez, fur lef quelles il m'obligeoit de lui répondre dans le moment. Depuis ce temps-là, il n'a ceffé de me faire inftance là-dessus, m'affurant qu'il n'y avoit qu'à mettre Meffieurs de S. Lazare fur les voyes du fens litteral & hiftorique (fi toutefois les plus habiles d'entre eux, comme les Superieurs & les Profeffeurs en Théologie, n'y font déja entrez) pour les y faire marcher avec une infinité d'autres dont nous parlerons plus bas. J'ay cru cette petite digreffion neceffaire pour détromper ceux qui le préviennent mal à propos contre les Seminaires, & fe mettent en tête qu'on y a de l'éloignement & même de l'oppofition pour ces fortes de raifons qu'on appelle hiftoriques & d'institution. Bien loin de cela, ajoutoit M. Wateblé, fi je les avois feues ces raifons, il y a longtemps que nos Seminaires en feroient imbus, & que cette maniere d'expliquer les cérémonies, y auroit pris le dellus. Et ce que je dis de

Meffieurs de S. Lazare, il le faut auffi dire des Jefuites, des Peres de l'Oratoire, de Meffieurs de S. Sulpice & de quelques autres Eccléfiaftiques, qui s'ap. pliquent à l'envi à former des jeunes. Clercs dans les Seminaires. C'est dans ces excellentes Ecoles, où après avoir montré pour l'inftruction des Seminariftes, les raifons primitives & fondamentales des cérémonies, on pourroit en venir pour leur édification & pour nourrir & aider en quelque façon leur piété, à d'autres raifons, que j'appelle des raifons fecondaires & fubfidiaires; je veux dire, à des idées fpirituelles & fymboliques & à des pieufes moralitez. C'eft, dis-je, dans ces faintes Congré gations & dans les fréquentes conférences qui s'y font fur les pratiques & fur les ufages de l'Eglife, qu'on pourroit développer l'analogie de tous ces differens fens, & apprendre ainfi à allier l'efprit avec la lettre,& à joindre les explications figurées & allégoriques aux fignifications litterales & hiftoriques.

Cette forte d'alliance fe trouve dans l'excellent Catechifme de Montpellier, où l'illuftre Prelat qui l'a donné à fon Diocese, a compris que redevable aux Croifty. fages & aux fimples, aux favans & aux

M. Charles Joachim, Colbert de

ignorans, aux anciens & aux nouveaux Catholiques, il étoit obligé d'apprendre aux uns les vraies raifons & comme l'hiftoire des pratiques & des cérémonies de l'Eglife, & de nourrir les autres de penfées pieufes & morales; ceux-cy n'ayant befoin que de lait, tandis que ceux-là demandent encore une autre forte de viande. Et c'est ce que M. de Montpellier fait admirablement bien dans fes Inftructions,où il fe fait tout à tous, & donne à chacun la nourriture proportionnée à la capacité.

Mais pour revenir aux raifons purement littérales & hiftoriques, & appuyer ce fyftême d'exemples & d'autoritez nous voyons que toujours & dans tous les temps on a interpreté les pratiques & les ufages dont il s'agit, dans leur fens propre, primitif & néceffaire ; & qu'on en a rendu, au moins autant qu'on a pu pénétrer, des raisons fimples & naturelles, par préference à celles qu'on appelle myftiques & figurées, & quelquefois même à leur préjudice & à leur exclufion. Enforte qu'il le peut dire que mon projet n'eft ni nouveau ni fingulier, & que je ne fais en cela que fuivre & imiter prefque tout ce qu'il y a d'Auteurs qui ont écrit jufqu'icy fur ces fortes de matieres.

faint Jerôme, par exemple, pouvoit re garder,ainsi que beaucoup d'autres, dans les Religieufes d'Egypte & de Syrie, la pratique de fe faire couper les cheveux, comme une marque du retranchement & du dépouillement des chofes temporelles & fuperflues, aufquelles ces Vierges renonçoient; mais au lieu d'employer cette raison morale il va précifément à la raison physique, & attribue cette tonfure à netteté & à propreté (a). C'est ainsi que les favans de ce temps-cy, entre autres, le P. Thomaffin de l'Oratoire & M. l'Abbé Fleury, rapportent la tonfure des Clercs & des Moines à la coutume qu'avoient les Romains de porter les cheveux courts. II en eft de même de l'habit long, que les mêmes Auteurs démontrent avoir été longtemps commun aux Clercs, aux Moines & aux Laïques. Bien davantage, felon ces favans hommes , appuyez en cela & autorifez du fuffrage de Hugue de S. Victor & de Walafride Strabon, Abbé de Richenau, les habits facrez n'étoient point non plus d'abord des vê

(a) Vel quia lavacrum non adeunt, vel quia oleum nec capite nec ore norunt, ne à parvis animalibus, qua inter cutem crinem gigni folent, & concretis fordibus opprimantur. Epift. ad Sabinian.

mixtione

confecran

temens particuliers aux Miniftres de l'Autel. Voilà ce qui s'appelle traiter folidement & hiftoriquement les matieres. Le Concile d'Orange I. Can. 17. apportant la raifon du mêlange qui fe fait du Corps de Notre-Seigneur dans le Calice, dit fimplement que « c'est pour confacrer le Calice; c'eft-à-dire, pour Calix adbenir fimplement & fanctifier le vin qu'on Euchariftiae verfoit au Calice ( le mot de confacrer ne das. fignifiant icy autre chose), à deffein de remplacer le fecond fymbole, qui quel. quefois, à cause du trop grand nombre de communians, venoit à manquer ; ce qui eft encore une raifon tres-réelle & tres-litterale. Saint Auguftin veut dans Lettre 149 fa Lettre à S. Paulin, que l'Hoftie fe par- a 6. tage à la Meffe, pour la diftribuer aux fideles, ad diftribuendum comminuitur.Voilà encore une raison bien fimple & bien naturelle de la fraction de l'Hoftie; & bien differente, comme l'on voit, des raifons allégoriques, aufquelles les Protestans nous reprochent d'être reduits dans l'explication de cette pratique. Feu M. de Meaux & Geoffroy Bouffard Docteur en Théologie de la Faculté de Paris, employent pareillement la même raifon. Le même S. Auguftin, dans fa Lettte à Janvier, allegue auffi pour fon la 118.

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Lettre 54.

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