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taillez en pieces. Les Comtes de Flandres, de Bou- GUERIN logne, de Salisbery, Eustache de Hainault, Hof- MONTAIGU pitalier de faint Jean, Hugues Manges chef du Confeil de l'Empereur, & trente Seigneurs Bannerets furent faits prifonniers. Othon méprifé des Allemands abdiqua depuis fa dignité. Le Roi d'Angleterre odieux à fes fujets, paffa le refte de fes jours dans une guerre civile, & la victoire de Bovines en comblant Philippe de gloire, rétablit la paix & la tranquillité dans toute l'Europe.

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1215.

Le Pape, pour profiter de ce calme, & pour engager les Princes d'Occident dans une ligue génerale contre les Infideles, convoqua un Concile géneral à Rome & dans l'Eglise de Latran. Ce fut le douzième œcumenique, & le quatriéme de Mat. Paris. Latran. Il s'y trouva quatre cens douze Evêques, ad ann. 1213. Abb.Viper. en comptant deux Patriarches, & foixante- onze Primats, ou métropolitains; on y vit des Ambaf fadeurs de Frederic II. Roi de Sicile, élû Empereur d'Allemagne, de Henry Empereur de Conftantinople, ceux des Rois de France, d'Angleterre, de Hongrie, de Jerufalem, de Chypre & d'Arragon. Le Pape fit l'ouverture du Concile par un difcours trés-touchant fur la perte de la Terre Sainte, & für les obligations qu'avoient tous les Chrétiens de travailler à la délivrer du joug des Infideles: » Cette Terre, dit-il, arrofée du fang de "notre divin Sauveur, eft prophanée, & l'endroit » où le fils unique de Dieu étoit adoré eft devenu le Temple du Demon; quelle honte & quel opprobre que le fils d'Agar tienne la mere de tous les » Fideles dans les fers? Il faut les rompre, mes

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GUERIN

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MONTAIGU

4. Sermo

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très-chers Freres; me voilà tout prêt de me met»tre à votre tête : je me livre tout entier à vous, je fuis prêt, fi vous le jugez à propos, d'aller Conc. Lat. »en perfonne chez les Rois, les Princes & les peuples pour éprouver fi par la force de mes cris, je pourrai les exciter à prendre les armes, & à venger les injures faites au Sauveur des hommes, qui eft chaffé aujourd'hui de cette Terre qu'il a acquife par fon Sang, & où il a accompli les » Mifteres de notre Redemption.

primo.

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Son difcours tira des larmes de toute l'affemblée; les Princes & les Seigneurs qui s'y trouverent, convinrent unaniment de prendre la Croix, & le Peres du Concile firent un Decret particulier, par lequel ils assignoient le rendez-vous des Croifez au premier Juin de l'année 1217. Alors, dit le Concile, ceux qui voudront prendre le chemin de la mer, s'affembleront à Meffine où à Brindes, & les armées de terre se mettront en marche le même jour.

Les Evêques, après s'être feparez, prêcherent la Croifade dans leurs Diocèfes avec beaucoup de zele & de succès. L'Empereur Frederic, André Roi d'Hongrie, Leopold Duc d'Autriche, Louis Duc de Baviere & un nombre infini de Princes & de Prélats, François, Allemands, Hongrois, Hollandois, Frisons, Novergiens prirent la Croix. Mais chacun fe en prenant cette marque de fon engagement, réservoit le droit de fixer le tems de fon départ & de fon fejour à la Terre Sainte, qu'il regloit felon ce qu'éxigeoit l'état de fa fanté, ou la conjoncture de ses affaires. C'est ainsi que l'Empereur,

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qu'on croyoit devoir fe mettre à la tête des pre- GUERIN miers Croisez, en fut empêché par les troubles MONTAIGU d'Italie, outre qu'il n'avoit pas encore pris à Rome la Couronne de l'Empire: cérémonie à laquelle les Papes de ces tems-lå avoient assujetti les Princes qui avoient été élûs Empereurs.

Ce fut André Roi de Hongrie qui à la tête d'une 1216. armée compofée de differentes Nations partit le premier pour le fecours de la Terre Sainte, c'étoit un Prince recommandable par des sentimens de pieté, & fur-tout par un zele extraordinaire pour l'administration de la Juftice. Il conduifit l'armée par terre jusqu'à Venise où il s'embarqua pour se rendre à Conftantinople. Ce Prince avant que de quitter fes Etats, reçut une Lettre du Pape Honoré III. qui depuis deux ans avoit fuccedé à Innocent III. Ce Pontife l'exhortoit à ne rien entreprendre dans la guerre contre les Infideles fans la participation & les confeils du Grand-Maître des Hofpitaliers. Le Roi lui répondit qu'il étoit fi perfuadé de fa valeur & de fa capacité, qu'il lui avoit déja écrit en conformité des intentions de fa Sainteté, & pour le prier de fe rendre vers la Notre-Dame de Septembre dans l'Ifle de Chypre, tant pour conferer ensemble fur les operations de la campagne, qu'afin de pouvoir fe rendre plus fûrement à la faveur de fon Escadre dans le port de faint Jean d'Acre. Nous apprenons ces circonstances du Bref même que ce Pontife adressa au Grand-Maître, & à tout l'Ordre des Hofpitaliers, qu'il exhorte dans les termes les plus preffans à donner au Roi de Hongrie, au Duc d'Antioche, & à tous les

GUERIN Chefs de l'armée, les Confeils & le fecours dont MONTAIGU ils auront befoin.

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Le Roi d'Hongrie avant que de paffer le Bofphore, fut obligé de refter quelque tems à Conftantinople pour attendre les Italiens croisez, qui devoient arriver de jour en jour. Pendant le féjour qu'il fit dans cette grande ville, il arriva dans fes Etats & dans fa maison un accident bien funefte, & qui fut caufe que ce Prince refta moins en Orient, & fut peu utile aux Chrétiens latins de la Palestine. Ce Prince étant prêt de quitter fes Etats en laiffa la régence au Palatin du Royaume appellé Bancbannus, & dont depuis long-tems il avoit éprouvé le zele & la fidelité: il lui recommanda en partant d'entretenir la paix avec les Princes voifins,& fur-tout d'adminiftrer une exacte justice à tous ses sujets, fans égard pour la nailfance ou la dignité de qui que ce fût. Ce Seigneur pendant l'abfence du Roi, n'oublia rien pour répondre dignement à la confiance dont il l'avoit honoré, & pendant qu'il donnoit tous fes foins aux affaires d'Etat, fa femme Dame d'une rare beauté, tâchoit par fon affiduité auprès de la Reine, d'adoucir le chagrin que lui caufoit l'abfence du Roi fon mari.

Tel étoit l'état de la Cour de Hongrie, lorf qu'on y vit arriver le Comte de Moravie frere de la Reine, & que cette Princeffe aimoit tendrement; ce ne furent d'abord que fêtes, & que plaifirs, mais dans la fuite le poifon dangereux de l'amour fe gliffa parmi ces jeux innocens : le Comte de Moravie devint éperdûement amoureux de la

femme

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femme du Régent, il ofa lui déclarer fa paffion; GUERIN mais cette Dame encore plus vertueufe qu'elle MONTAIGU n'étoit belle, ne lui répondit que par la severité de fes regards: la résistance fit son effet ordinaire, les defirs criminels du Comte n'en furent que plus violens. Sa paffion qui augmentoit tous les jours, le jetta dans une fombre mélancolie; il n'étoit plus queftion de jeux, de fpectacles & de tous ces vains amusemens dont les Grands occupent fi férieusement leur oifiveté, le Comte ne cherchoit plus que la folitude, mais la Reine par une complaifance naturelle aux femmes pour cette espece de malheur, & pour retirer fon frere d'un genre de vie fi trifte, fous differens prétextes retenoit auprès d'elle la femme du Régent, ou l'envoyoit chercher auffi -tôt qu'elle s'éloignoit du Palais. Cette Dame pénétra fans peine les motifs indignes de ces empreffemens, & pour éviter l'entretien du Comte, elle feignit quelque tems d'être malade; mais ayant ufé ce prétexte, & fa naissance & le rang que tenoit fon mari ne lui permettant pas de s'abfenter plus long-tems de la Cour, elle revint au Palais. Le Comte de peur de l'aigrir, dif fimula fes fentimens, & des manieres refpectueuses succederent en apparence à l'éclat & à l'emportement de sa passion.

La femme du Régent raffurée par cette conduite Bonfin. Dec. pleine de difcretion, continuoit de paroître à la 2 p.279. Cour, lorsque la Reine, fous prétexte de l'entretenir en particulier, la conduifit dans un endroit écarté de fon appartement, où après l'avoir enfermée, elle l'abandonna aux defirs criminels de fon

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