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de, humide ou féche. Mais il faudroit que l'air extérieur fût d'une température bien extraordinaire & bien mauvaise, pour être plus à craindre en quelque temps que ce foit, que l'air renfermé & malfain d'un Vaiffeau; d'où je conclus qu'il eft peu de cas où le renouvellement de l'air ne foit néceffaire.

54. On n'ignore pas que les vapeurs qui s'exhalent des hommes vivans, font extrémement corruptibles. C'est par cette caufe que l'air des Prifons cause fouvent des maladies mortelles. A l'égard des Vaiffeaux où l'air eft beaucoup plus mauvais que dans les Prifons, à raifon du grand nombre de perfonnes qui s'y trouvent, il n'est pas douteux qu'un air de cette nature ne tende auffi à altérer la fanté de ceux qui font exposés à fon impreffion, & qu'il ne les mette hors d'état de foutenir l'intempérie de l'air, qu'on ne fçauroit éviter en paffant d'un pays froid dans

un pays chaud. C'eft, à ce qu'on m'a affuré, ce qui est arrivé plus d'une fois, furtout dans les Vaiffeaux où il fe trouvoit un trop grand nombre de personnes pendant le voyage.

55. L'air qui fort des poumons dans l'expiration, eft chargé d'une fi grande quantité de vapeurs, que j'ai trouvé par mes expériences qu'il fort plus d'une livre d'humidité par la respiration en vingtquatre heures de temps; & que l'air que j'avois infpiré & expiré pendant deux minutes & demie, & dont le volume étoit à peu de chofe près, égal à environ huit pintes de liqueur, en étoit fi furchargé, que j'aurois eu de la peine à le refpirer plus long-temps. Voyez mes Effais Statiques dans l'Appendice, Exp. VI. pag. 371. de la iraduction de M. de Buffon.

Il faut obferver de plus, qu'un air renfermé, dans lequel fe trouvent plufieurs perfonnes, n'eft pas feulement chargé des vapeurs

qu'il entraîne avec lui en fortant des poumons, mais encore de la matiere qui tranfpire de tous ces corps; & que ce qui fe perd par l'une & l'autre de ces voies, eft égal à la moitié des alimens tant folides que liquides que nous prenons tous les jours; ce qui en Angleterre fe monte à environ trenteneuf onces, & eft beaucoup plus confidérable dans les pays chauds. Si donc ce qui fort du corps d'un homme, tant par la refpiration, que par la voie de la tranfpiration fe monte dans l'espace de vingt-quatre heures à trente- neuf onces, les exhalaifons qui fortiront des corps de cent hommes, fe monteront dans un pareil espace de temps, à deux cent quarante-trois livres, & celles de cinq cent hommes à mille deux cent quinze li

vres.

Je ne prétends pas que l'air renfermé dans un grand Vaiffeau puiffe contenir à la fois toute cette quantité de vapeurs: ni qu'un animal vivant puiffe refpirer dans

un air qui en feroit furchargé à ce point: mais ce calcul fait toujours voir jufqu'à quel point un tel air doit être mal-fain, & propre nonfeulement à gêner la refpiration, mais encore à retarder la tranfpiration; ce qui eft très-pernicieux.

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Le Dr. Hoadley, dans fes ingénieux Mémoires fur la Refpiration, remarque » Que l'air joue » lui-même un fi grand rôle dans la refpiration, & qu'il eft fi néceffaire pour la fanté & la force du corps, qu'il ne fçauroit y avoir aucune altération remar»quable, fans que nous n'en foyons fenfiblement affectés. Par conféquent, lorfque nous refpirons un air chargé de vapeurs qui le rendent trop chaud, ou qui détruifent fon élasticité, il de vient peu propre pour la refpiration, & s'oppofe à cette fonc>tion fi néceffaire. « Il observe de plus Qu'à moins que le chyle qui a paffé dans le fang, ne foit porté aux poumons dans la quantité & avec les qualités réquifes;

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» que

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que la filtration qui fe fait à tra- « vers les parois des véficules << des poumons ne foit réguliere & « louable; & qu'il n'entre dans le« fang une jufte quantité de parti- « cules aériennes, pour lui fournir « les principes actifs qui lui font fi néceffaires pour l'entretien de fa chaleur, & pour favorifer l'adhé-a rence de les parties; le fang doit devenir par degrés de moins en « moins propre pour la vie; dec forte qu'il parviendra infenfible-∞ ment à ce point d'altération & ∞ de diffolution, que lorsqu'il aura « befoin du fecours des poumons, « il y arrivera dans un état qui le « rendra plus propre à en engor-α ger & furcharger les véficules & & les arteres capillaires, qu'à « profiter des avantages qu'il de-a vroit recevoir en traverfant cet organe. Il n'est donc pas fur-a prenant lorfque nous refpirons un air chargé de vapeurs, qu'un tel air foit propre à caufer ce qu'on appelle maladies de prifon. Or on peut beaucoup remédier à cet in

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