bien les perfonnes qui les occupent en font incommodées, & avec quelle peine elles y confentent.

On peut éviter cet inconvénient, en plaçant dans un endroit convenable, un Ventilateur, qu'on fera joüer par intervalles, pour renouveller de temps en temps, & d'une maniere infenfible, l'air de la Salle, fans ouvrir les Loges.

Un Ventilateur compofé de deux boëtes, de douze pieds de long chacune, fur fix de large, & fur vingt-cinq pouces & demi de haut, mefurées dans ouvre, contiendra 288 pieds cubiques d'air, en ôtant pouce, pour l'épaiffeur du diaphragme, ce qui fait fept tonneaux huit pieds cubiques, en évaluant le tonneau à 40 pieds

cubiques. Mais fuppofons avec M. Hales que, pour les raifons qu'on trouvera déduites dans cet Ouvrage, il s'en perde un dixiéme, il restera environ deux cent cinquante-neuf pieds cubiques d'air, dont la moitié fera chaffée hors du Ventilateur, à chaque mouvement alternatif du lévier: Et fi cela arrive foixante fois dans une minute ce qui fe peut facilement, il en fortira dans cet efpace de temps fept mille fept cent foixante-dix pieds cubiques d'air, ou cent quatre-vingt-quatorzetonneaux; c'est-à-dire onze mille fix cent cinquante-cinqtonneaux par heure.

La Salle de la Comédie Françoife, en la fuppofant formée de deux quarrés inégaux, contiendroit environ trois mille trois cent quarante tonneaux

d'air, de quarante pieds cubiques chacun.Si l'on ôte les deux cinquièmes de cette quantité, pour l'arrondiffement de la Salle, du côté de l'Amphitéâtre ; pour l'efpace qu'occupent les Spectateurs, qui dans des Pieces très fuivies, font au nombre d'environ huit à neuf cent; & pour celui qu'occupent la Charpente, les Bancs, les Décorations, & les autres chofes néceffaires dans la Salle, il reftera deux mille quatre tonneaux d'air, qu'on pourra renouveller par le moyen du Ventilateur cideffus, & d'une maniere infenfible, en dix, ou onze minu res.

On ne fçauroit déterminer précisément, le temps où il conviendra de mettre le Venpilateur en jeu, & combien de

fois il faudra renouveller l'air de la Salle, pendant la durée d'une Piéce fuivie. Cela doit varier, felon que l'air du dehors aura plus ou moins de communication avec celui du dedans; felon que le concours des Spectateurs y fera plus ou moins grand, & felon la conftitution de l'air. Dans les faifons extrêmement chaudes, on ne sçauroit le renouveller trop fouvent, fur-tout fi le temps eft calme ou humide.

On fe fert en Angleterre du Soufflet centrifuge de M. Defaguliers, décrit dans les Tranfactions Philofophiques, No. 437, pour renouveller l'air de la Chambre des Communes; & ce Soufflet ne ceffe de pomper l'air de la Chambre, pendant tout le temps que les Commu

nes reftent assemblées, lorfque le temps eft chaud.

Après le détail, dans lequel je viens d'entrer, au fujet de la Salle de la Comédie Françoise, il fera facile de connoître quel fera l'effet du Ventilateur, ci-deffus décrit, placé dans la Salle de l'Opéra, ou dans celle de la Comédie Italienne. Je remarquerai feulement qu'un pareil Ventilateur feroit utile dans cette derniere, depuis qu'on s'eft avifé d'y tirer des feux d'artifice pour lefquels le Public a montré jufqu'ici beaucoup de goût.. Il ferviroit à entraîner les fumées de la poudre à Canon, du foufre, du camphre, &c. qui ne font ni faines, ni agréables. Il faudroit pour cela que le Ventilateur fût placé au fond du