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qui fignifie, Troye la neuve, il ajoute enfuite,

Urbs eft Latins, cités eft Romans,

en parlant de Wincheftre, dont le circuit fut marqué avec une couroie; on peut, dit-il, le nommer Château de Couroie;

Si peut l'on nommer autrement,
Chastel de Coiroie, en Romans.

Rapportant après les noms, qui ont été donnés aux Rochers Fabuleux transportés par Merlin,

Stanheng ont non en Anglois,
Pierres pendues en François.

ailleurs il dit, qu'Engellande en Anglois est Angleterre en François.

Tant dit Angleterre en François,
Comme Engellande en Anglois, &c,

Gaffe, au Livre du Rou, appelle de même notre Langue, Romanfe ou Francoife; lorfqu'il donne l'étimologie & la fignification du mot Normand; Man, dit-il, en Langue du Nort & Angloife, eft un Homme en François.

Mant en Engleiz & en Norrois,

Senefie home en Franchois, &c.

Si donc on a continué encore quelques fiécles à donner à notre Langue le nom de Romans, cette dénomination ne s'eft maintenue fi long-tems, que par la force de l'habitude.

La Langue, que nous parlons à préfent, eft fi reffemblante à celle d'Euftache, qu'on ne peut mettre en doute que de tous les Jargons Provinciaux qui ont eu cours en France, c'eft-là l'unique & la véritable Langue que l'on parloit à Paris au dixième & onziéme fiécles.

Le Poëte François, que l'on fait fuccéder à Euftache, fuivant le rang d'ancienneté, eft Waffe ou Gaffe, Auteur du Rou des Normands. Ce Livre (a) pourroit-être regardé comme une continuation de celui des Bretons : l'un contient l'Hiftoire du premier Age de PAngleterre; Gaffe y a ajoûté celle du fecond Age, qu'il a commencée aux Ducs Normands, dont étoient defcen

(a) Manufcrit Roy. n. 7567.

dus ceux, qui conquirent l'Angleterre. L'Auteur dit dans fon Prologue, que pour composer l'Hiftoire, il faut lire & étudier les faits & les moeurs, que l'on trouve écrits dans les faftes.

Pour remembrer des Anceffours,
Les fez, & les diz, & les mours,
Doit-on les livres & les geftes,
Et les eftoires lire as feftes, &c.

Il montre enfuite les avantages de l'Hiftoire, pour garantir de l'oubli les noms & la mémoire des hommes, qui fans fon fecours périroient comme les autres chofes de la nature.

Toute rien se tourne en declin,

Tout chiet, tout meurt, tout met à fin,
Homs meurt, fer use, fuft pourrist,
Tour font, mur chiet, rofe flaitrit, &c.

L'homme, fi l'on ne parloit point de lui, après qu'il a paffé dans la nuit éternelle, auroit un pareil fort.

Gaffe, pour entrer en matiere, commence par faire le récit des avantures d'Hafting, qui amena en France les Nor

mands. Il parle des premieres courfes de ces Peuples, & paffe enfuite à l'Hiftoire de Rou, ou Raoul, premier Duc de Normandie; là il expofe le fujet qu'il veut traiter, il représente fon entreprise comme longue & pénible.

A Rou fomes venu, & de Rou nous diron
Là comence l'Hiftoire, qué nos dire devon,
Mes por l'euvre efploitier, les vers abrigeron,
La voie eft longue & grief,& le travail crémon,&c.

Il poursuit fon Hiftoire jufqu'à Guillaume II. Roy d'Angleterre, au tems de la prise de Jerufalem, c'est-à-dire, jusqu'à l'an 1099.

En icel tems, dit-il, j'os bien monftrer
Fut la grante meut d'Outre-mer,

Quant Antioche fut conquife,

Et la Cité de Meques prise,

Et que Jerufalem fut pris, &c.

Son Livre eft nommé le Rou, du nom de Rou ou Raoul, premier Duc; ou bien du furnom de Roux, qui fut donné à Guillaume II. qu'il appelle toujours le

Roux.

I. Partie.

Ce Poëte etoit de l'ifle de Gerfai

dont il parle en ces termes :

Gerfié eft preuf de Costentin,
Là où Normandie prent fin
En mer eft devers Occident,
Au fieu de Normandie apent, &c:

Il fut amené dès fon enfance à Caen, & devint dans la fuite Chanoine (a) de Baieux, Clerc de la Chapelle d'Henri II. Roy d'Angleterre, à qui, fuivant quelques Ecrivains, il avoit dédié fon Livre: mais cette Dédicace ne fe trouve point dans l'Ouvrage même.

La verfification de Gaffe n'eft pas uniforme on a vû que les Vers d'Eustache ne font que de huit fillabes, & que la rime change prefque toujours de deux Vers en deux Vers. Gaffe a fuivi au commencement la même mefure, & le même mélange de rimes; mais dans le Livre, où il parle de Raoul I. les Vers font de douze, & la même rime continue vingt & trente Vers de fuite; les Livres qui viennent après celui-là, reprennent la premiere mesure.

(a) Menage, Hift. de Sablé, liv. I. p. 4.

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