zoo.ogique, géologique et aussi d'imagination, il prendrà le premier rang dans la poésie descriptive, témoin le portrait renommé du cheval qu'on trouvera ci-après et qui rappelle quelquefois heureusement celui de Virgile (Géorgiq. III, 75 sqq.). DIEU DANS SES ŒUVRES O Pere 1, done moy 2 que d'une vois faconde - sa Vois 5, son Conseil eternel, De qui l'étre est égal à l'étre paternel. De ces deux proceda leur commune Puissance, Subsiste heureusement dés toute éternité Et fet des trois ensemble une essence triple-une". Ce Caribde glouton, ce Capharé rocher 8, Où mainte nef, suivant la raison pour son Ourse, 1. Dieu. Ce vers est le septième du poème. 2. Ce tour latin est fréquent chez Ronsard. 3. On remarquera cette substitution, ordinaire à Du Bartas, de l'e à l'at, nessance, sésons, três (traits), parfets, fet, clers, éclers, mêtre, vesseau. 4. Sic., pour temps. Le p est supprimé aussi dans cors pour corps. 5. Verbum, le verbe. 6. On trouvera infra de beaux vers de Saint-Amand, de Chapelain et de Voltaire sur la trinité; on pourra apprécier le progrès que, de Du Bartas à ces poètes, a fait en netteté, en grandeur et en harmonie, la langue poétique. 7. On sait l'emploi éloquent et tragique que Corneille a fait de cette locution, familière dans son origine. (Voir infra, dans les notes sur Corneille.) 8. Voilà de ces étrangetés plus que bizarres qui arrêtent le lecteur à chaque page dans la lecture des passages de Du Bartas, où le ton est le plus élevé, comme il l'est dans tout ce début. Cil qui veut seurement par ce goufre ramer, le Enseigne (La Sepmaine ou Création du monde, ler jour.. Qui voudra... Cf. p. 6, n. 6; p. 127, n. 3. 3. Virtus, puissance. 4. Sous les sens lourds des hommes. (LUCRECE, I, 71,) 5. Petits enfants. LA FONTAINE a employé ce mot, inusité aujourd'hui. 6. Cf. RONSARD, p. 53. Le sens est d'ailleurs different. - François Colletet, poète crotté de Boileau, raconte, nous dit Sainte-Beuve (Tableau de la poésie française au XVIe siècle), à la suite de la vie de Du Bartas par son pere Guillaume Colletet, que Ronsard, dans un Jeu de Paume qu'il fréquentait, reçut un jour, et lut avec admiration, oubliant sa raquette, le début de la Sepmaine, et s'écria: «Oh! que n'ai-je fait ce poème! Il est temps que LE DÉLUGE Dans l'obscure grote Du mutin Roy des vents le Tout-Puissant garrote Les torrens écumeus, les fleuves, les ruisseaus Ja la terre se perd, ja Nerée est sans marge, Ronsard descende du Parnasse et cède sa place à Du Bartas. » Mais la renommée du nouveau poète ne tarda pas à l'inquiéter. « Comme son propos courait, qu'on lui prêtait même encore d'avoir envoyé à son rival uue plume d'or en s'avouant vaincu, et d'avoir dit que Du Bartas avait plus fait en une semaine que Ronsard en toute sa vie, il lança un sonnet plein de fierté pour y répondre. » (SAINTE-BEUVE ) Voici ce sonnet: A Jean D'Aurat. Ils ont menty, D'Aurat, ceux qui le veulent dire, Ils ont menti, D'Aurat! si bas je ne respire; Ils ont menty, D'Aurat! c'est une invention Francus en rougiroit, et les neuf belles sœurs (Les Sonnets divers, 72.) - Tome V, p. 348). 1. Garrot a signifié 1° trait d'arbalète, 2° morceau de bois court que l'on passe dans une corde pour la serrer en tordant. D'où garroter, atiacher comme avec un garrot; en espagnol, garrotar, étrangler. Ce mode de strangulation est encore le supplice usité en Espagne. — Étym.: l'espagnol garrote (origine inconnue). 2. Du Bartas a fait, plus que Ronsard, abus de ces mots composés : le ciel porte-flambeau (ier vers du poème). Le feu donne-clarté, porte-chaud, jette-flamme, (IIe jour). 3. Abaissée, abattue; les Latins disent immissis habenis, laxis, bride lâchée. Étym.: Aval (de val, vallée), la pente de la vallée, le bas du courant, par oppos tion à Amont (a valle, a monte, du côté du val, du mont). D'où avaler la nourriture, là faire descendre. Eus-méme sont la mer; tant d'oceans divers N'est rien qu'un grand etang qui veut joindre son onde Du superbe ocean navigoit asseurée, Bien que sans mât, saus rame, et loin, loin de tout port, Ses paturons sont courts, ni trop droicts, ni lunez"; Large croupe, grand corps, flancs unis, double eschine, 1. Cependant l'Arche. Cf. « sur le dos de la plaine liquide. » (RACINE, Phèdre, V, 6.) 2. Dévasta. Gater, vient de vastare, rendre désert, désoler, ravager, comme gué de vadum. 3. Gagner au pied, s'enfuir, s'avancer vers (petere) du (à) pied. Je vais gagner au pied. (MOLIÈRE, Préc., X.) 4. Nous ne donnons ces vers, dont l'harmonie a d'ailleurs un mouvement remarquable, que pour signaler, particulièrement dans la première partie du morceau, un curieux abus de l'imaginatien mythologique en un sujet qui devait puiser à une toute autre source son inspiration. (Voyez le Déluge d'Alfred de Vigny.) Nous faisons grâce, par des coupures, des moins pardonnables imitations des fautes de goût reprochées à Ovide (Metam. I.), par exemple : L'estourgeon côtoiant les cimes de châteaus Cela prépare les « poissons ébahis » de Saint-Amand. Il avait l'imagination plus heureuse quand il définissait la maladie, Poison à mille noms, ministre du trépas, Qui s'en vient au galop et s'en retourne au pas. 5. C'est le premier cheval dompté par l'homme, par Caïn. 6. Partie inférieure de la jambe du cheval, voisine de la corne (sabot). Étym.: Pâture, 10 pâturage; 20 corde liée au bas de la jambe de l'animal mis au pâturage. 7. En forme de croissant. Un coutelas luné en façon de serpe. (BAIF.) 133053B Col mollement vousté comme un arc my tendu, Sur qui flotte un long poil crespement espandu, (Seconde sepmaine, Ir journée.) VAUQUELIN DE LA FRESNAIE 1536-1607 JEAN VAUQUELIN, nè à la Fresnaie-au-Sauvage, près de Falaise, fut un enfant de cette verte et grasse Normandie, qui, aux xvie et XVII siècles, a donné nombre de poètes et d'amis de la nature. Jeune il étudia le droit à Paris et à Poitiers, et en même temps s'enrôla avec passion dans la « brigade » de Ronsard. Plus âgé il fut magistrat à Caen et gentilhomme campagnard, et resta poète. 1. Collectumque fremens volvit sub n ribus ignem. (VIRGILE, G., III. 85.) 2. Employé comme adverbe. On dit de même parler haut, parler franc, trancher net, etc. 3. Ellipse de de se rendre. On dit sommer et attaquer une ville. 4. Destrapper, dégager, dénouer, passer au travers; grapper, cueillir, détacher, semer et laisser derrière soi. Cf. carpere iter, legere littus. 5. De poussière. C'est le pulverulenta putrem... de Virgile. 6. VIRGILE (G. II, 105) dit du laboureur Cumulosque ruit male pinguis arenæ. - Bluetans, étincelants. Bluette, petite étincelle (beluette, patois normand). Etym.: Ber, préfixe péjoratif, et lucere. 7. Cette description vaut par plus d'un trait précis et expressif, et non par le puéril effet d'harmonie imitative du vers: « Le champ plat... », qui l'a rendue célèbre. |